Sur les traces arméniennes

Julien Demenois et Anne Heurtaux cherchent, du Liban à l’Inde, trace des vestiges et des peuplements arméniens.


Les protagonistes


Parcourir les routes de la soie, du Liban à l’Inde, via l’Asie centrale, en quête des vestiges et des peuplements arméniens.

Julien Demenois
Né en 1977, Julien Demenois est originaire de Fontainebleau. Dès son plus jeune âge, il est bercé par les voyages que font ses parents, tout à la joie du camping-car ou des nuits à la belle étoile. Comme il poursuit des études d’ingénieur en agronomie puis en foresterie tropicale, sa formation professionnelle ne fait qu’accentuer cet attrait pour le voyage et l’étranger. Toutes les occasions sont mises à profit pour assouvir cette curiosité, du week-end en France aux stages hors de nos frontières. Les débuts, pourtant modestes, sont parfois difficiles : son tour du massif forestier de Fontainebleau s’achève prématurément, pour cause d’ampoules ; son séjour, seul, au Mexique, est écourté pour cause de nostalgie du pays. Il faut en passer par là avant de voler de ses propres ailes, mais à deux. Un galop d’essai a lieu en Inde en 2000 en compagnie d’Anne Heurtaux. C’est la découverte du paisible Ladakh puis du tumulte de Delhi. Très vite, les sorties s’enchaînent : en Guyane, au Cameroun et surtout en Inde lors de l’année scolaire 2000-2001. Ce séjour de six mois dans le Sud est celui qui finit de lui inoculer le virus des pérégrinations. Affecté en Guyane comme ingénieur forestier à l’Office national des forêts, Julien Demenois découvre la forêt amazonienne, ses habitants et de nouveaux modes de transport (pirogue, kayak, VTT). Toujours à l’affût d’un cours d’eau à remonter ou d’une belle sortie nature à réaliser, il enfourche en 2004, avec un ami, son VTT pour parcourir plus de 300 kilomètres en pleine forêt amazonienne, pour relier Saül, village de chercheurs d’or niché au milieu de la Guyane, à sa maison à Cayenne. De 2004 à 2006, il participe avec Anne Heurtaux à des remontées de fleuves et de rivières, en pirogue, de plusieurs semaines.
À la fin 2006, en quittant ce département d’outre-mer auquel ils restent l’un et l’autre attachés, ils décident de prendre plus de temps pour eux. Le voyage qu’ils réalisent depuis janvier 2006 les mène du Liban à l’Inde, sur les routes de la soie, à la recherche des traces arméniennes passées et présentes. Julien Demenois est petit-fils d’immigrés arméniens ; aussi ce projet constitue-t-il une recherche de ses racines qui a d’ores et déjà débuté avec l’apprentissage de la langue.

Anne Heurtaux
Née en 1976 en Provence où elle a passé ses vingt premières années, Anne Heurtaux aime la rocaille, les ciels sillonnés de vols stridents d’hirondelles, l’odeur forte de la terre mouillée, les jeux de l’ombre et de la lumière, les ruelles étroites et tortueuses, la sécheresse qui fait crisser l’air, les horizons ouverts. Elle a très peu voyagé avant de « prendre son envol », mais des rêves de paysages lointains l’ont tenue éveillée, rêves qu’elle réalise peu à peu. Les pays méditerranéens, ainsi que les pays de culture orientale et la rudesse de l’Asie centrale l’attirent particulièrement.
Son premier vrai voyage la mène en Turquie ; elle garde de celui-ci le souvenir marquant de la steppe anatolienne, découverte au petit matin, sous un ciel encore rouge, depuis la fenêtre du train de nuit d’Istanbul à Ankara. Cet attrait pour les paysages rudes et dépouillés la pousse ensuite au Ladakh avec Julien Demenois, pour leur premier voyage ensemble. Celui-ci sera par moments difficile, laissant comme un arrière-goût amer qui lui donne envie de retourner en Inde pour en avoir une approche plus sereine, ne pas rester sur cette image dure. Dès 2001, tous deux s’y rendent de nouveau, tout au sud cette fois, et dans un cadre préprofessionnel qui leur permet d’aborder le pays de façon plus enrichissante. Elle éprouve alors un véritable émerveillement pour cette culture tellement différente de la nôtre, le foisonnement de son histoire, la beauté éclatante des couleurs, des gens et de leurs gestes quotidiens, leur ténacité, leurs ressources parfois invraisemblables.
La vie professionnelle commence ensuite, un peu par hasard, en Guyane. Lieu mal connu, la Guyane est incroyablement paradoxale et – bien qu’elle soit tout le contraire d’une contrée sèche, rocailleuse et aux paysages ouverts ! – Anne Heurtaux s’y attache profondément. Son travail lui permet d’aller dans les villages de l’intérieur, où bien des choses sont encore à construire et à faire, où les difficultés parfois révoltantes liées à l’affrontement de valeurs très différentes sont réelles, mais où la persistance d’un mode de vie encore en partie traditionnel rassure toutefois. La Guyane lui a donné le goût des lieux peu connus, peu « courus », ceux qui cachent des trésors derrière l’image souvent réductrice qui en est donnée.
Le voyage qu’elle effectue à présent avec Julien Demenois constitue une forme de concrétisation de cet attrait, et un retour à ses premières aspirations ; prendre le temps (et elle trouve que seize mois, c’est encore trop court…) de divaguer dans les campagnes, de se perdre dans les ruelles, d’aller là où il semble qu’« il n’y ait rien à faire », de rencontrer des gens qui parlent de leur pays et de leurs origines. Le but ultime de ce voyage, l’Inde, cette grande dame, brille comme une lumière au bout du chemin.

© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.