Le tour de l’Europe de l’Ouest à pied



François Aubineau et Florent Mercier ont découvert l’Europe de l’Ouest à pied.


1. Auvergne


Notre arrivée en Auvergne célèbre 500 kilomètres de marche pour seulement 300 à vol d’oiseau. Nous avons emprunté la vallée de la Loire, où les champs de maïs et les vignes emplissaient le paysage, puis les vallées de la Vienne et de l’Indre composées de vastes champs de céréales, blé surtout mais aussi orge et avoine, ainsi que de champs de colza souvent déjà moissonnés. Depuis une semaine, nous commençons à apprécier les reliefs du Massif central : nous avons quitté la Creuse pour entrer dans le Puy-de-Dôme. Nous avançons à une vitesse inférieure à celle que nous avions prévue. Le rodage physique n’est toujours pas achevé tant nos pieds nous font souffrir. Florent cumule les ampoules et François les semelles (les dernières achetées, plus amortissantes, devraient être les bonnes !). Il y a aussi les sacs à dos dont le poids de 18 kg – avec eau et vivres – était un souci au début. Nous avons réussi à les alléger de 2 kg chacun, et ça se sent !
Le vendredi 29 juin, nous faisons halte dans la ferme d’un ami de Florent : la famille Jeuland nous ouvre ses portes et son cœur, et nous l’en remercions. Les haltes familiales et amicales sont presque finies, aussi commençons-nous à découvrir les aléas de l’accueil en France. Pour l’instant, il est nettement meilleur à la campagne que dans les villes et les villages – avec une exception pour la famille Brûlon à Tranzault. Nous le testons souvent par temps de pluie. Nous préférons en effet faire sécher nos vêtements après une journée de marche sous l’eau. Nous en profitons pour prendre une douche et, la plupart du temps, partageons le repas de nos hôtes, ce qui est fort appréciable. L’accueil spontané et chaleureux est bien plus rare que l’accueil timide et fruste. Nous avons été une fois appelés sur le chemin par une romancière, qui se trouvait dans son jardin et nous conviait à boire quelque chose de frais. C’était la première fois que l’on nous invitait sans que nous n’ayons eu à demander quoi que ce fût.
Nous avons essentiellement marché sous la canicule, ce n’était pas agréable non plus. Alors nous essayons de marcher tôt le matin (lorsque le réveil remplit son office) et en fin d’après-midi. Nous empruntons en majorité les sentiers de grande randonnée (GR 3, GR 48, GR 46 et GR 41), qui ne sont pas toujours bien balisés et nous égarent souvent. De plus, ils nous font faire de nombreux détours. Soit nous les acceptons et, dans ce cas, faisons une bonne étape en distance parcourue mais pas à vol d’oiseau sur la carte, soit nous prenons les routes ou les voies de chemin de fer désaffectées pour couper. Toutefois, marcher alors sur le goudron sous le soleil, avec des voitures qui filent à toute allure, n’est pas une partie de plaisir.
Depuis un peu plus d’une semaine, nous avons droit à de vrais sentiers de randonnée, peut-être avons-nous cette impression parce que nous avons changé de décor en entrant dans la Creuse puis dans le Puy-de-Dôme. Nous sommes donc au pied du Massif central, où alternent vallées et collines verdoyantes. Après un mois, nous prenons enfin conscience de ce que nous avons laissé derrière nous et de la place que prenait dans notre vie le confort : nous sommes « en cure de désintoxication ».

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