Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Observer humblement :

« Toujours au contact de ses semblables, le routard réussit-il à aller vraiment – objectif mainte fois servi – à la rencontre de l’autre ? Que peut-il comprendre de pays qu’il traverse comme un décor ?
Certains font l’effort du contact authentique. Je croise ainsi un jeune Français enthousiaste qui souhaite devenir consultant et pense qu’apprendre le chinois va l’aider dans son futur métier. Il a fait le choix de s’immerger totalement dans la population. Il a réussi plusieurs fois à passer quelques jours ici ou là, invité chez l’habitant. Il raconte avec enthousiasme comment chaque étape a été l’occasion de vivre à la chinoise et de goûter la cuisine locale. Il avoue qu’il lui est arrivé de faiblir au moins une fois face à un plat de crabe pourri qui pourtant semblait à son hôte d’un soir un mets fort délicat.
À l’opposé, mon approche du voyage a été celle de l’observation d’un monde que je ne comprenais pas toujours, mais sur lequel je refusais de me faire des illusions de proximité. J’avais malgré moi conscience d’une distance fondamentale. Je tentais souvent de parler aux gens dans leur propre langue, ne sachant jamais si quelques mots appris sur le tas étaient ridicules ou perçus comme un effort louable. Au fond, je savais que je ne faisais que croiser fugitivement ces gens. Je revendique cette position d’observateur, la seule qui soit à mon sens suffisamment porteuse d’humilité.
Il faut du temps pour comprendre les codes et les mentalités d’une contrée. Les pionniers de l’ethnologie voulaient même que le préalable à toute étude sérieuse fût de rester suffisamment longtemps parmi des étrangers pour se mettre à rêver dans leur langue. Le voyageur n’a pas la possibilité de cet investissement. Il n’est pas non plus un humanitaire. S’il peut compatir à la difficulté de vivre qu’il rencontre, il se doit de rester en retrait. Personne ne lui a demandé de venir sauver qui que ce soit. Partout sur terre il doit s’attendre à trouver aussi bien l’opulence que la pauvreté, la beauté que la laideur, la sérénité que le malaise. Tout cela fait partie du vaste spectacle du monde qu’il cherche à embrasser, et toute intervention de sa part serait vaine.
Il est difficile d’assumer la neutralité d’un voyageur. C’est une ligne de crête entre l’émerveillement permanent et la conscience aiguë de la souffrance. Réussir à suspendre son jugement, à admettre que certaines choses nous échappent, est presque impossible. Pourtant, il faut apprendre à reconnaître notre ignorance, à assumer que nous ne serons finalement que les spectateurs d’une comédie humaine qui se déploie sous nos yeux sans que nous en saisissions vraiment toute la profondeur. À trop vouloir comprendre, nous risquons de perdre pied. »
(p. 54-56)

Rencontres inattendues (p. 61-63)
Ennui et réjouissance du voyage (p. 83-86)
Extrait court
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