Collection « Visions »

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Couverture
La côte Est :

« Me préparant à accoster, je remarque un étrange rocher non loin de la proue. Un rocher isolé et particulièrement poli par la mer… Lentement, la roche se dresse. Elle a deux crocs énormes et deux petits yeux noirs qui me fixent. Je fonce sur la plage, m’extrais du kayak, puis saisis la pagaie et frappe la surface pour faire reculer la bête ! Elle ne recule pas, au contraire, sûre de sa masse elle fait front. Abandonnant mon arme, je m’avance dans l’eau presque à portée de crocs, attrape un débris de glace flottante et le lance devant sa gueule ! Le morse grogne, essaie encore d’impressionner, puis se retourne et sombre dans la mer. J’utilise ce répit pour vider le kayak et le hisser de plusieurs mètres sur l’estran. Précaution d’autant plus inutile qu’elle me place en plus mauvaise posture : dans une cuvette sablonneuse juste derrière la plage, surpris, endormis, inquiets ou vindicatifs, ils sont une quarantaine à se vautrer, serrés en un seul bloc ! Quelque chose dans cet amas de corps obèses, leur rusticité et leurs attitudes étonnamment humaines, provoque la sympathie. Assis à côté d’eux, je constate qu’à chacun de mes gestes une sentinelle me remarque et réveille ses voisins ; tous alors me regardent, intrigués, se bousculent pour refaire leur place puis se rendorment. Une fois habitué à l’odeur, aux ronflements, aux flatulences, aux coups de dents entre mauvais coucheurs, je me suis réellement attaché à leur compagnie, envieux, je crois, de la chaleur de leurs corps et de leur convivialité.
À l’opposé de la côte ouest où les nuages s’amassent contre les montagnes déchiquetées, se compriment, se révulsent, poussés ou écartelés par le vent, la côte est apporte un certain repos. D’un relief modéré, cette région est moins froide qu’on pourrait le craindre, moins spectaculaire qu’on a pu la décrire ; elle est le territoire du morse et de l’ours blanc. Cette grande faune est la hantise du randonneur qui est arrivé jusque-là. Ce dernier, dans son kayak, veillera à ne pas s’approcher des morses, mais ne les empêchera pas de plonger à sa rencontre et de tenter de renverser son embarcation d’un coup de tête. Quant à l’ours, il peut se trouver absolument partout, au milieu d’un chenal, derrière un rocher ou au sommet d’une colline. Il aime dormir dans les endroits les plus insolites, et arpente chaque recoin du littoral. Pour qui bivouaque en groupe, les tours de garde sont nécessaires. Seul, il faut un dispositif d’alarme, pas toujours efficace. Il ne se passe pas cinq minutes que l’on ne pense à lui, que l’on n’inspecte l’horizon et les éboulis pour y déceler une tache claire. L’ours est d’autant plus inquiétant qu’on n’en trouve que l’empreinte. Le fusil qu’il faut porter en toutes circonstances rappelle qu’aucune paix n’est totalement acquise, et que le silence peut être trompeur. De prédateur on se sent proie. L’ours semble là pour obliger l’homme à la vigilance et lui faire retrouver les instincts de précaution de la bête. Aussi donne-t-il à ses entreprises la dimension du mythe. »
(p. 110-113)

Le Spitzberg (archipel du Svalbard) (p. 8-9)
Kongsfjord et Smeerenburg (p. 82-85)
Extrait court
Extraits d’articles
Morses au Spitzberg
Ours blanc
Phoques au Spitzberg
Renne au Spitzberg
L’exploration du Spitzberg
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