Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Réinventer le village :

« Toutes ces transformations peuvent interroger, désoler ou inquiéter. Il n’y a toutefois pas lieu de s’en lamenter, même si elles peuvent être perçues comme une perte. Un test dit “test du village” est apparu en psychologie dans les années 1950 et continue d’être exploité pour déterminer la structuration mentale d’un individu. Il consiste à donner à une personne un ensemble de pièces en bois et à lui demander de les placer sur un tapis de jeu d’une vaste superficie : église, mairie, statue, maisons, arbres, chemins, rivière, etc. L’observation de la façon dont la personne va organiser son village est, paraît-il, riche d’enseignements sur son imaginaire. Construira-t-elle un village rue, en croix, en étoile ? Dans quel ordre et à quelle place disposera-t-elle les éléments ? Ce que nous dit l’existence de ce test, c’est que le village n’est pas mort, qu’il continue de hanter notre imaginaire. Ce que nous suggère aussi ce test, c’est que le village de demain reste à inventer. La vision idyllique du village comme communauté unie est un leurre. Le village a toujours connu les luttes de clans, les jalousies entre familles, les différences sociales, même au sein du monde paysan d’autrefois. Le village a toujours été un monde fermé, hostile aux nouveaux arrivants. Relisons Pagnol, le village n’est pas une île paradisiaque au milieu d’un océan de bruit et de fureur. Il n’est pas plus le lieu de la bienveillance béate que ne l’est la ville. Si apparemment les villages d’aujourd’hui peuvent sembler constituer des communautés en déclin ou sans avenir commun, rien ne les condamne à le rester. Les autorités municipales ont des cartes à jouer. Elles peuvent être d’ordre financier, comme ce qu’a imaginé le maire du village d’alpage suisse d’Arbignon, qui propose, pour lutter contre l’exode qui frappe sa commune, d’offrir la coquette somme de 25 000 francs suisses par adulte et de 10 000 francs par enfant à toute famille qui déciderait de s’y installer. Il n’est pas rare de voir une mairie rénover des locaux et consentir des conditions de location très avantageuses, dans la perspective de retrouver un boulanger ou un commerce de proximité. D’autres pistes existent. Chorales, harmonies municipales, amicales seniors, troupes de théâtre, clubs de pratiques sportives ou de loisirs, cercles de lecture, bibliothèques, opérations de nettoyage, de fleurissement, braderies, marchés aux puces sont autant d’actions mises en place depuis des années, souvent par des associations, et destinées à développer les relations sociales. L’engouement pour le concept récent de “fête des voisins” est un signe de cet appétit de lien. Au-delà de nos écrans, tablettes, télés, réseaux sociaux, au-delà de nos émissions people, où la virtualité nous plonge dans une nouvelle solitude, nous avons tous besoin d’une sociabilité et d’une action en commun inscrites dans le réel. Des initiatives peuvent être lancées à grande échelle dans les politiques municipales, comme c’est le cas à Ungersheim, dans le Haut-Rhin, “village en transition”, où les objectifs en matière énergétique et alimentaire, avec des jardins partagés, créent des circuits courts et solidaires, ainsi que du lien social. D’autres modes de gouvernance peuvent être imaginés, comme à Saillans, une commune de 1 250 habitants dans la Drôme, où l’opposition de la population à un projet de supermarché a renversé le maire en 2014 et a fait accéder aux commandes un collectif qui a instauré une démocratie participative. Le magazine trimestriel indépendant Village, animé par une équipe de journalistes ruraux, ou les bien connus “Carnets de campagne” de Philippe Bertrand, sur France Inter, se font l’écho d’initiatives d’associations ou de citoyens installés en milieu rural, dans la perspective de montrer que la campagne est un lieu de création et d’innovation. À l’échelle individuelle, un ami récemment installé dans un coin perdu des Vosges me racontait avec émotion et passion les courses qu’il fait deux fois par semaine pour sa voisine âgée, qui n’a pas de véhicule, et le projet qu’il partage avec une autre famille de créer une aire de jeux pour les enfants, sur leurs propres deniers. La campagne bouge, se transforme, se réinvente. Avec Internet, les programmes en VOD, les films et les concerts disponibles à tout moment sans se déplacer de chez soi, les atouts habituels de la ville ont perdu de leur exclusivité. Le développement de la fibre optique offre de nouvelles possibilités de rester chez soi pour y pratiquer le télétravail. Les déplacements pendulaires quotidiens, qui sont le lot de la plupart des familles installées aujourd’hui à la campagne, ne seront peut-être plus une fatalité dans les décennies à venir. Il y a là une nouvelle donne. Le “village global” permettra peut-être de réinventer le village traditionnel, à la fois parce qu’il rend la ville moins indispensable et le lien social plus nécessaire, tout en le facilitant. »
(p. 83-87)

La poésie du clocher (p. 17-20)
Éloge du potager (p. 42-45)
Extrait court
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