Collection « Sillages »

  • Népal
  • La 2CV vagabonde
  • Ísland
  • Habiter l’Antarctique
  • Cavalières
  • Damien autour du monde
  • À l’ombre de l’Ararat
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • Carpates
  • Âme du Gange (L’)
  • Pèlerin de Shikoku (Le)
  • Ivre de steppes
  • Tu seras un homme
  • Arctic Dream
  • Road Angels
  • L’ours est mon maître
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Cavalier des steppes
  • Odyssée amérindienne (L’)
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborigènes
  • Diagonale eurasienne
  • Brasil
  • Route du thé (La)
  • Dans les pas de l’Ours
  • Kamtchatka
  • Coureur des bois
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Siberia
  • Sur la route again
  • À l’écoute de l’Inde
  • Seule sur le Transsibérien
  • Rivages de l’Est
  • Solitudes australes
  • Espíritu Pampa
  • À l’auberge de l’Orient
  • Sans escale
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Errance amérindienne
  • Sibériennes
  • Unghalak
  • Nomade du Grand Nord
  • Sous l’aile du Grand Corbeau
  • Au cœur de l’Inde
  • Pèlerin d’Orient
  • Pèlerin d’Occident
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Au vent des Kerguelen
  • Volta (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Atalaya
  • Voie des glaces (La)
  • Grand Hiver (Le)
  • Maelström
  • Au gré du Yukon
Couverture
Damien tête en bas – Survivre :

« Déjeuner copieux : jus de pamplemousse, une boîte de pâté, des patates sautées, confiture, café, whisky. Nous faisons route sur la baie Cumberland, au fond de laquelle se niche la station. Mais le temps est complètement bouché et nous souhaitons ne pas nous être trompés. Avec une voilure normale, nous serions à Grytviken en deux ou trois heures ! Nous sommes crevés, perclus de rhumatismes très douloureux. Il y a déjà une semaine que nous nous traînons. Bof, après tout nous avons choisi notre vie et sans doute est-ce une manière de payer le cap Horn ? À 18 heures, il devient évident que nous faisons fausse route, que derrière chaque pointe qui devait être l’ultime, il y en a une autre, que ce cap n’en était pas un, que nous marchons cap au sud, vent portant, alors que la baie Cumberland est maintenant vraisemblablement plein nord. Tous les repères dans ce brouillard étaient des pièges. Il faut virer, regagner au près tous les milles perdus. L’écœurement de la désillusion se joint à la lassitude. C’est injuste ; tout était tellement évident, simple. Je passe ma rage à démolir une caisse qui fera un peu de bois de chauffage. Jérôme souffre de sa brûlure au bras mais il n’est pas question de la panser, ses vêtements étant collés au bras.
Nous nous efforçons de plaisanter. En débutant les notes d’aujourd’hui, j’ai dit à haute voix : “Trois avril 1971. Le calvaire continue…” Le ton, paraît-il, y était, et on s’est marrés tous les deux. Insuffisamment pour ne plus songer aux pieds froids. Jérôme espère arriver demain. Je suis plus pessimiste après la déconvenue d’hier. De toute façon, si nous n’y sommes pas dans deux jours, en route pour Capetown. Nous en avons notre claque de ces bords carrés, de la dérive incroyable, de cette lutte. Il reste 3 litres d’eau douce (mais ce n’est pas un problème), une boîte d’allumettes (la lampe marche toute la journée pour conserver le feu), plus de sucre et de vivres frais ; mais nous avons de quoi tenir sans restrictions héroïques.
Ce matin, alerte à l’eau. Nous pompions avec la pompe Henderson à gros débit, mais nous arrivions à peine à étaler. L’eau ruisselait sur une lisse. Nous coulions à nouveau. Nous voilà à chercher la fuite, le trou. “As-tu vérifié l’évier ?” Ouf ! Une simple jonction déplacée ; l’eau que nous évacuions par l’évier redescendait dans les fonds ; ajoutée à celle qui rentre normalement (un peu moins de 20 litres par heure actuellement), ça commençait à menacer le niveau des planchers.
Pour la première fois, nous parlons des chavirages, échangeons nos impressions techniques et sentimentales. Elles sont peu différentes. Jérôme pense qu’en multipliant les coefficients de résistance de chaque élément, et en prévoyant espars et gréement de fortune en cas de rencontre de cette supertempête (et elle ne se déchaîne quand même pas tous les jours), on doit pouvoir passer. Moins optimiste, je pense que le pouvoir destructeur d’un gros temps qui veut votre peau est sans limite. Durant plus d’une heure, Jérôme essaie de gréer l’un ou l’autre de nos tourmentins. Mais aucun rendement à cette allure du près serré. Je suis désolé pour mon copain qui a travaillé dans le froid, la neige et les embruns glacés. La mer creuse ou hachée n’arrangeait rien. »
(p. 286-287)

Le délire amazonien – La misère au soleil (p. 209-210)
Le retour – Damien est revenu ! (p. 595-597)
Extrait court
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