Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
L’infinie variété des roches :

« Sitôt passés les premiers instants de la découverte d’un nouveau site, je m’approche, impatient, et j’aime observer, analyser. Hauteur et continuité des lignes, compacité de la roche, présence de reliefs évocateurs et séduisants, qualité de l’équipement : les critères sont nombreux et variés pour juger si l’escalade sera belle ou non ; avec l’expérience, il est possible de le deviner rapidement. Au pied de la falaise, j’observe encore pendant quelques minutes l’immense tableau qui occupe tout le ciel. Avec un peu d’imagination, les traînées gris-bleu tracent les contours d’un dragon dans un dévers ocre jaune. Examinant les draperies rouges suspendues aux surplombs fauves, ou les circonvolutions abstraites des reliefs incrustés dans la pierre, je me dis qu’elles seraient considérées comme des œuvres d’art si elles étaient exposées dans un musée. Mais souvent, je ne regarde pas très longtemps le rocher, je m’approche encore, je veux toucher.
Les yeux fermés, mes doigts se promènent sur les bombements les plus attirants. Ils cherchent, courent, caressent, le désir monte et ils s’arrêtent. Immobiles, ils jouissent du contact avec la roche. Il m’a fallu de nombreuses années pour comprendre que le grimpeur peut développer une culture du rocher qui ressemble à celle du géologue – à la différence près que ce n’est pas la composition de la roche qui l’intéresse, mais son grain et les types de reliefs qui y sont sculptés. La roche est la matière naturelle qui présente la plus grande variété de textures : la sensation au toucher est différente à chaque fois. Son grain est comme le pore de la peau ; c’est lui qui rend le rocher adhérent, presque vivant, au contraire de la plupart des matières lisses et artificielles, verre ou métal. L’adepte le caresse parfois avec le même plaisir que s’il s’agissait de l’être aimé, ses doigts l’effleurent et, quand le désir devient irrésistible, il commence enfin à grimper. À chaque mouvement de main, il a le privilège de découvrir un relief unique. Réglette, baquet, graton, cupule, mono-doigt, bi-doigt, pincette, arrondi, inversée, aplat, goutte d’eau ; les mots utilisés pour désigner les types de prises ne donnent qu’une faible idée de l’immense diversité de l’anatomie de la roche : ses formes sont aussi variées que les nuages. En les explorant, le grimpeur ressent probablement la même jubilation qu’un aveugle qui visiterait avec les mains la production infinie d’un sculpteur.
Le grain très fin des roches sédimentaires leur donne la sensualité de la peau nue. Le calcaire en particulier, parce que sa composition fait qu’il peut être sculpté par l’eau, est la roche qui présente la plus grande variété d’aspects. Parfois les prises semblent y avoir été façonnées avec l’unique dessein d’accueillir des mains humaines. À Céüse, comme à Kalymnos en Grèce, Siurana en Espagne, Taghia au Maroc ou à la Serra do Cipó au Brésil, qu’il soit gris, bleu, rose, noir ou orange, il procure au grimpeur des expériences inoubliables. Le granit, le gneiss et les autres roches cristallines ont d’ordinaire une texture rugueuse, parfois aussi abrasive qu’une râpe à fromage ou au contraire très lisse une fois polies par le passage d’un ancien glacier. Ces roches sont très résistantes à l’érosion et présentent souvent des lignes d’une pureté presque géométrique. Au Yosemite, il n’est pas rare de gravir une même fissure rectiligne pendant plusieurs dizaines voire centaines de mètres. Dans le massif du Mont-Blanc, la protogine a une chaleureuse teinte rouge qui contraste avec les glaciers alentour. »
(p. 30-33)

L’escalade, pour elle-même (p. 11-13)
Le meilleur grimpeur du monde (p. 87-89)
Extrait court
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