« Hors collection »

  • Dersou Ouzala
  • Tamir aux eaux limpides (La)
  • Julien, la communion du berger
  • Lettres aux arbres
  • 100 Vues du Japon (Les)
  • Légende des Pôles (La)
  • 100 Objets du Japon (Les)
  • Chemins de Halage
  • Vivre branchée
  • Solidream
  • Cap-Vert
  • Voyage en Italique
  • Esprit du chemin (L’)
  • Testament des glaces (Le)
  • Un rêve éveillé
  • Pouyak
  • Œuvres autobiographiques
  • Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701)
Couverture
012. Kakunodate :

« Sur des pages usées, les croquis des tendons d’une main voisinent les représentations méticuleuses d’une oreille et de globes oculaires. Les légendes sont en kanji, les idéogrammes japonais ; elles révèlent la complexité de l’anatomie humaine, exposée dans un bâtiment ancien au milieu du jardin épais de la principale demeure de samouraï de Kakunodate. Celle-ci fut bâtie par le clan Aoyagi, une lignée de guerriers du XVIe siècle qui s’établit ici en 1620, avec le seigneur Ashina Yoshikatsu. Lui-même venait d’Ibaraki et suivait son frère contraint à l’exil pour avoir combattu du mauvais côté pendant la bataille de Sekigahara, en 1600. En s’installant à Kaku nodate, Yoshikatsu décida de construire un château, dont il ne reste plus trace aujourd’hui, et de remodeler totalement la ville. Les murs noirs de la maison Aoyagi sont au cœur d’Uchimachi, ce quartier du XVIIe siècle, créé pour accueillir les familles de quatre-vingts samouraïs.
Dans le quadrillage des larges allées sombres aux arbres centenaires, dont la majesté offre une ombre bienvenue, cinq autres anciennes demeures de guerrier sont à visiter. Les pousse-pousse touristiques arpentent désormais le quartier, aménageant des pauses photo sous les cerisiers pleureurs, des shidare-zakura importés de Kyoto qui font la réputation de la ville au printemps. Le long de la rivière Hinokinai voisine, ce sont des cerisiers somei-yoshino qui sont alignés.
En plus de batailler pour obtenir dans leurs jardins les plus belles floraisons, les samouraïs de Kakunodate ont eu l’occasion de développer d’autres talents au cours d’un XVIIIe siècle apaisé. Ainsi Odano Naotake, parent éloigné du clan Aoyagi, est-il resté célèbre pour avoir importé au Japon la science anatomique européenne. L’exposition lui est dédiée.
Des estampes de style ukiyo-e y côtoient les illustrations du Kaitai Shinsho, littéralement le “Nouveau traité d’anatomie”, la première traduction japonaise d’un livre médical de l’Ouest lointain, en 1771. Elles sont l’œuvre de Naotake. Envoyé à Edo dans sa jeunesse pour parfaire son éducation artistique, le samouraï en rapporta aussi le style chinois de l’école de Nanpin, alors en vogue dans la capitale. Grâce à ce mélange d’influences, Kakunodate devint à la fin du XVIIIe siècle le cœur d’un nouveau courant de peinture : Akita ranga, représentant des thèmes japonais avec des techniques occidentales, sous l’égide du seigneur local, Satake Shozan, un descendant du guerrier puni.
Dans une ville inondée de pétales roses à chaque printemps, les samouraïs ne furent pas les seuls à se reconvertir. Les guerriers de second rang, à la suite de Fujimura Hikoroku, développèrent de leur côté un nouvel artisanat, le travail de l’écorce de cerisier, appelé kabazaiku, qui fait aujourd’hui la fierté de Kakunodate. Dans les boutiques aménagées à l’intérieur des anciennes résidences, on trouve ainsi quantité d’objets raffinés, héritage d’un passé plus créatif que guerrier. »
(p. 39-40)

001. Banquise d’Okhotsk (p. 10-11)
100. Île de Taketomi (p. 278-279)
Extrait court
© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.