Collection « Sillages »

  • Népal
  • La 2CV vagabonde
  • Ísland
  • Habiter l’Antarctique
  • Cavalières
  • Damien autour du monde
  • À l’ombre de l’Ararat
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • Carpates
  • Âme du Gange (L’)
  • Pèlerin de Shikoku (Le)
  • Ivre de steppes
  • Tu seras un homme
  • Arctic Dream
  • Road Angels
  • L’ours est mon maître
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Cavalier des steppes
  • Odyssée amérindienne (L’)
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborigènes
  • Diagonale eurasienne
  • Brasil
  • Route du thé (La)
  • Dans les pas de l’Ours
  • Kamtchatka
  • Coureur des bois
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Siberia
  • Sur la route again
  • À l’écoute de l’Inde
  • Seule sur le Transsibérien
  • Rivages de l’Est
  • Solitudes australes
  • Espíritu Pampa
  • À l’auberge de l’Orient
  • Sans escale
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Errance amérindienne
  • Sibériennes
  • Unghalak
  • Nomade du Grand Nord
  • Sous l’aile du Grand Corbeau
  • Au cœur de l’Inde
  • Pèlerin d’Orient
  • Pèlerin d’Occident
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Au vent des Kerguelen
  • Volta (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Atalaya
  • Voie des glaces (La)
  • Grand Hiver (Le)
  • Maelström
  • Au gré du Yukon
Couverture
Le délire amazonien – La misère au soleil :

« Début novembre, nous quittions donc Belém et ses buildings dont les fondations, paraît-il, reposent sur les bénéfices de la contrebande. Après ces semaines amazoniennes exaltantes, je n’étais plus très sûr qu’il existât encore un monde qui ne fût pas l’Amazonie : le fleuve géant avait pu dévorer le reste du monde, répandre son eau boueuse sur tout l’univers… Rien n’aurait vraiment été une surprise.
Mais non. La mer était là. Elle s’offrait à mon regard amoureux en un doux miroir ondulé, témoin de ces retrouvailles émouvantes, très verte, très pure, et mon ébahissement sous le chaud soleil équatorial provenait de cette constance, de cette fidélité dans l’attente. Jérôme débordait de punch ; j’exultais de bonheur. Notre nouveau salut au vieil océan chantait comme une noce qui voit les époux si beaux que le soleil se sent presque honteux de ne pas savoir briller plus fort pour eux. L’étrave de Damien semblait ravie et nettoyait le bout de son nez dans le léger clapot du courant qui nous entraînait hors des Bouches du grand fleuve. Notre bateau folâtrait comme un jeune chien avide qui retrouve son vrai domaine, se roule dans son herbe favorite, jouit de chaque caresse, se redresse pour un souffle passager, museau pointé, en arrêt, et, rassuré, reprend ses ébats.
Nous savions que les journées qui allaient suivre ne seraient pas amusantes : vent contraire, courant contraire. Douze ou quinze jours de près serré pour remonter les alizés du sud-est, douze ou quinze jours de chahutage pour gagner des milles contre le courant chaud du Brésil qui, au niveau du cap São Roque, la pointe la plus orientale de l’Amérique du Sud, se sépare en deux courants de direction sud-est et nord-ouest. Pas de perspective de coup de vent, bien sûr, mais une mer qui pouvait être hachée, désagréable pour l’estomac et la tête. Lorsque vingt-quatre heures sur vingt-quatre on subit les à-coups de son bateau qui cogne sur chaque vague, s’arrête, se bloque, repart, reprend de l’élan, saute une vague mais n’échappe pas à la suivante, lorsqu’on sait qu’il en sera ainsi jusqu’à l’escale, on se met presque à maudire ces régions où sous un ciel éternellement bleu, les vents et les courants sont éternels.
Mais je râlais à peine. De longues heures durant je restais dehors, une main sur le pataras, un pied sur un coffre arrière, l’autre appuyé contre le pavois, à aimer cette mer, à aimer cette vie. Les embruns les plus fouettants étaient encore les plus doux et nous étions comme des gamins apprentis dans les manœuvres de voile, nous avions tout oublié ! »
(p. 209-210)

Damien tête en bas – Survivre (p. 286-287)
Le retour – Damien est revenu ! (p. 595-597)
Extrait court
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