Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Au rythme insulaire :

« Le temps prend une mesure particulière sur l’île, qui vit au rythme des bateaux qui la desservent. Le claquement des anneaux d’amarrage sur le quai est plus éloquent que le carillon des cloches de l’église. On peut tout autant le ressentir à l’Île-aux-Moines dans le golfe du Morbihan, où le passeur fait, même au cœur de l’hiver, toutes les demi-heures la liaison avec le continent, qu’aux îles Kerguelen, au sud de l’océan Indien, que le bateau ne dessert que quatre ou cinq fois par an. J’ai séjourné près de trois mois et demi dans ces dernières, précisément entre deux rotations. Et j’ai vécu plusieurs années sur la première. Ce qui peut paraître étrange, c’est que, malgré la bonne vingtaine de liaisons quotidiennes du bateau dans l’île bretonne, je n’allais que très rarement sur le continent. Mais le seul moment où j’ai couru pour rattraper le temps, c’était à l’Île-aux-Moines, lorsque, à quelques dizaines de mètres de l’embarcadère, j’apercevais le passeur qui m’attendait pour partir. Il tenait l’aussière, prêt à la larguer. Le temps se comptait en secondes, d’impatience pour lui, qui me maudissait gentiment d’avoir du retard. De rage pour moi, qui ne me souciais pas vraiment de l’heure et aurais bien pris le bateau suivant. À Kerguelen, qui est aux antipodes, le Marion-Dufresne m’avait déposée au mois de mars. Je ne savais pas exactement quand il repasserait. Il était parti pour une mission scientifique dans le Grand Sud, à la limite du pack antarctique. Mais peu importait : je pensais repartir quand il s’en reviendrait. Au fil des semaines, je souhaitais seulement qu’il le fasse le plus tard possible. Mais à la différence du passeur de l’Île-aux-Moines, il ne m’attendrait pas. Il est venu en juin.
Cette apesanteur du temps participe très certainement du bonheur que l’on éprouve sur une île, où les instants les plus intenses sont ceux qui précèdent le premier bateau du matin et ceux qui suivent le dernier bateau du soir. Alors, la mer semble endormie, le silence est magique, et l’impression d’être coupé du monde à son zénith. Cette ponctuation du temps par le bateau, voire par la marée qui n’est jamais à la même heure ni à la même hauteur d’eau, pourrait n’agréer que le vacancier. Eh bien non. Même lorsque l’île ne vit qu’avec ses seuls habitants, il en va ainsi. Et cela se remarque davantage. Le temps se compte soit en périodes de silence et d’intimité extrêmes, soit en périodes de vacances, d’affluence et de flux touristiques. Il est ponctué par la naissance des oiseaux dans les falaises, plus ou moins précoce selon les années et les conditions météorologiques, par les tempêtes, celles qu’on oublie, celles qui restent gravées dans la mémoire insulaire, par les naufrages, les cyclones et les ouragans… »
(p. 28-31)

Mille formes d’habitat (p. 46-51)
L’inspiration du large (p. 65-69)
Extrait court
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