« Hors collection »

  • Dersou Ouzala
  • Tamir aux eaux limpides (La)
  • Julien, la communion du berger
  • Lettres aux arbres
  • 100 Vues du Japon (Les)
  • Légende des Pôles (La)
  • 100 Objets du Japon (Les)
  • Chemins de Halage
  • Vivre branchée
  • Solidream
  • Cap-Vert
  • Voyage en Italique
  • Esprit du chemin (L’)
  • Testament des glaces (Le)
  • Un rêve éveillé
  • Pouyak
  • Œuvres autobiographiques
  • Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701)
Couverture
Pouyak rencontre le gnome Ikaderssouak :

« Soudain, Pouyak leva la tête, inquiète. Elle avait entendu quelque chose dans le long couloir tout noir. Elle prêta l’oreille. Elle distingua un bruit de pas. Quelqu’un se faufilait prudemment dans l’entrée. Elle eut peur, s’aperçut que la lampe était presque éteinte, que les dalles sur lesquelles elle était assise étaient humides, qu’il y avait un drôle de petit “venticoulis” qui lui soufflait en plein visage.
Pouyak se pencha en avant pour mieux voir qui pouvait ainsi venir à pareille heure. Soudain, elle vit devant elle un drôle de bonhomme qui lui faisait signe.
Il était tout petit, à peine plus haut qu’un chien. Il était habillé, depuis les cheveux jusqu’au bout des pieds, d’une sorte de camisole imperméable en peau de phoque sans poils. C’était comme si l’anorak, le pantalon et les kamiks étaient cousus ensemble. Il y avait juste une ouverture pour le visage et une, au bout de chaque manche, pour les mains. La courroie qui serrait le bord du capuchon était ornée de petits os tout blancs. Et la camisole entière était d’une drôle de couleur verte.
Mais ce qu’il y avait de vraiment drôle, c’était le visage du gnome : il avait des narines si grandes qu’elles lui remontaient jusqu’entre les deux yeux, et sa bouche était tordue de haut en bas, de sorte que ses dents de dessus et sa lèvre supérieure lui cachaient presque entièrement le menton.

Et le gnome si laid souriait à Pouyak et lui faisait signe.
Mais elle n’était qu’à moitié rassurée par le sourire. Alors l’inconnu lui dit, d’une petite voix de fausset :
— Je suis Ikaderssouak, le-grand-Ikadek. Prends tes poupées et viens avec moi.
Pouyak se sentit aussitôt en confiance grâce à cette voix si pointue si pointue, et elle répondit dans un murmure :
— Je ne peux pas venir avec toi car je n’ai pas de kamiks.
— Tu n’as qu’à prendre celles de ta mère, dit Ikaderssouak, comme si c’était tout naturel.

Alors Pouyak posa sa poupée sur les dalles branlantes et se leva. La lampe était presque éteinte, mais on y voyait encore un peu. Sans faire de bruit, elle monta sur la plate-forme pour prendre les kamiks qui pendaient du séchoir. Mais, en descendant, elle renversa une écuelle qui tomba par terre en faisant “taktok”.
Pouyak eut terriblement peur car Aniwiak sa mère se retourna en sifflant, et Nakiwiak son père en fit autant en chuintant. Heureusement que tous les ronflements de la hutte couvraient ce tintamarre.

Elle enfila les bottes qui lui montaient jusqu’au ventre et s’engagea dans le couloir tout noir avec Ikaderssouak.
— Et ta poupée ? lui demanda-t-il de sa voix de fausset.
— Ah oui, c’est vrai, dit Pouyak, et elle retourna prendre la poupée oubliée sur les dalles.
— Tu n’en as pas d’autres ?
— Si ! répondit Pouyak dans un souffle.
— Alors va les prendre !
— Il fait trop noir !
— Qu’est-ce que c’est que cette petite-fille-de-rien-du-tout ? cria Ikaderssouak, et sa voix se fit encore plus pointue.

Pouyak craignit qu’il ne réveillât quelqu’un. Elle retourna donc chercher toutes ses poupées : la grande, la petite, la grosse, la maigre, la ronde, la longue, la large, la tordue, celle qui avait un chignon et celle qui n’en avait pas, et revint les bras pleins vers le gnome. La lampe de sa mère était éteinte. Il faisait tout à fait noir dans la hutte. »
(p. 22-31)

Passent les saisons (p. 43-49)
Pouyak retrouve enfin les siens (p. 53-60)
Extrait court
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