Le sanctuaire caché :
« Après une nuit agitée due, je suppose, au fait que c’était notre première nuit de l’année à cette altitude, à 2 heures du matin nous étions tous les deux pleinement éveillés, même si nous ne pensions pas partir avant qu’il ne fasse jour. Les petits ruisseaux qui couraient à proximité étaient tous gelés et il nous fallut un certain temps pour faire fondre suffisamment de glace pour ce que nous savions être notre dernière boisson avant de longues heures. Peu après 3 heures 30, nous quittâmes le bivouac, à peine quinze minutes avant les premières lueurs de l’aube. Encore un peu engourdis, il nous fallut franchir une zone de blocs instables. Après avoir pris pied sur la glace proprement dite, nous avons adopté l’allure lente et régulière propice à la marche matinale en haute altitude. Étant à moitié assoupis, notre progression s’est effectuée en silence pendant une heure et demie, les sens éveillés seulement de temps à autre par quelque large crevasse nécessitant un détour. La glace dure a cédé la place à de la neige gelée, et l’un de nous a suggéré qu’il était peut-être temps de s’encorder. Il faisait maintenant grand jour et, derrière nous, la Nanda Devi baignait déjà dans la splendeur du soleil levant. L’enthousiasme a secoué notre léthargie. L’avance devenait plus délicate et plusieurs crevasses nous donnèrent du grain à moudre avant de trouver comment les franchir. À 6 heures 40, nous étions au pied d’une pente raide qui donnait accès, 150 mètres plus haut, au col. Raccourcissant la corde, l’ascension a débuté, pour découvrir que la pente se composait d’une couche de neige dure posée perfidement sur de la glace vive. Aussi longtemps que la neige garderait sa consistance, elle était suffisamment sûre pour pouvoir se contenter d’y creuser des marches en frappant énergiquement avec les pieds, mais aux premiers rayons du soleil frappant directement le col, la neige fondrait et formerait un dangereux piège à avalanche. Plus tard en journée, en creusant d’abord des marches dans la neige, puis en taillant de larges baignoires dans la glace, la pente pourrait sans doute se négocier mais au prix d’un travail laborieux voire dangereux, car elle était continuellement raide et n’offrait aucun moyen de s’assurer. En outre, tailler un escalier aussi long allait prendre presque toute la journée. Cependant, Tilman, du point le plus haut atteint la veille, avait pu se rendre compte qu’en gravissant l’un des sommets proches du col il serait possible de trouver un autre itinéraire pour redescendre à notre point de départ. Après une rapide discussion, il semblait judicieux de continuer à monter en se fiant uniquement à la couche de neige.
Celle-ci s’est faite de plus en plus fine au fur et à mesure de la progression, nous contraignant à tailler des marches pas à pas pour atteindre, juste sous le col, les rochers couverts de glace. Eux aussi ont dû être négociés avec prudence, avant de pouvoir enfin nous dresser sur l’arête en lame de rasoir formant la crête orientale du bassin. Il était 9 heures. À l’aide du baromètre, notre altitude a été évaluée à 6 200 mètres. »
Le sanctuaire caché (p. 66-68)
La seconde expédition au pied de la Nanda Devi (p. 275-276)
Extrait court
« Après une nuit agitée due, je suppose, au fait que c’était notre première nuit de l’année à cette altitude, à 2 heures du matin nous étions tous les deux pleinement éveillés, même si nous ne pensions pas partir avant qu’il ne fasse jour. Les petits ruisseaux qui couraient à proximité étaient tous gelés et il nous fallut un certain temps pour faire fondre suffisamment de glace pour ce que nous savions être notre dernière boisson avant de longues heures. Peu après 3 heures 30, nous quittâmes le bivouac, à peine quinze minutes avant les premières lueurs de l’aube. Encore un peu engourdis, il nous fallut franchir une zone de blocs instables. Après avoir pris pied sur la glace proprement dite, nous avons adopté l’allure lente et régulière propice à la marche matinale en haute altitude. Étant à moitié assoupis, notre progression s’est effectuée en silence pendant une heure et demie, les sens éveillés seulement de temps à autre par quelque large crevasse nécessitant un détour. La glace dure a cédé la place à de la neige gelée, et l’un de nous a suggéré qu’il était peut-être temps de s’encorder. Il faisait maintenant grand jour et, derrière nous, la Nanda Devi baignait déjà dans la splendeur du soleil levant. L’enthousiasme a secoué notre léthargie. L’avance devenait plus délicate et plusieurs crevasses nous donnèrent du grain à moudre avant de trouver comment les franchir. À 6 heures 40, nous étions au pied d’une pente raide qui donnait accès, 150 mètres plus haut, au col. Raccourcissant la corde, l’ascension a débuté, pour découvrir que la pente se composait d’une couche de neige dure posée perfidement sur de la glace vive. Aussi longtemps que la neige garderait sa consistance, elle était suffisamment sûre pour pouvoir se contenter d’y creuser des marches en frappant énergiquement avec les pieds, mais aux premiers rayons du soleil frappant directement le col, la neige fondrait et formerait un dangereux piège à avalanche. Plus tard en journée, en creusant d’abord des marches dans la neige, puis en taillant de larges baignoires dans la glace, la pente pourrait sans doute se négocier mais au prix d’un travail laborieux voire dangereux, car elle était continuellement raide et n’offrait aucun moyen de s’assurer. En outre, tailler un escalier aussi long allait prendre presque toute la journée. Cependant, Tilman, du point le plus haut atteint la veille, avait pu se rendre compte qu’en gravissant l’un des sommets proches du col il serait possible de trouver un autre itinéraire pour redescendre à notre point de départ. Après une rapide discussion, il semblait judicieux de continuer à monter en se fiant uniquement à la couche de neige.
Celle-ci s’est faite de plus en plus fine au fur et à mesure de la progression, nous contraignant à tailler des marches pas à pas pour atteindre, juste sous le col, les rochers couverts de glace. Eux aussi ont dû être négociés avec prudence, avant de pouvoir enfin nous dresser sur l’arête en lame de rasoir formant la crête orientale du bassin. Il était 9 heures. À l’aide du baromètre, notre altitude a été évaluée à 6 200 mètres. »
(p. 156-158)
Le sanctuaire caché (p. 66-68)
La seconde expédition au pied de la Nanda Devi (p. 275-276)
Extrait court