Collection « Visions »

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Couverture

Asie centrale, Visions d’un familier des steppes
René Cagnat


Les espaces qui courent de l’Aral exsangue aux monts Célestes, au cœur du Turkestan chinois, ne peuvent laisser indifférent : aussi est-ce l’enthousiasme qui caractérise le témoignage de ce familier des steppes. Attachement passionné et sautes d’humeur, récits et anecdotes jaillissent au fil de ses nombreux voyages. Du mahalla – le quartier clos des sédentaires ouzbeks – au djaïloo – le campement des nomades kirghizes –, ce parcours invite à découvrir les ethnies restées dans le berceau des grandes invasions, au long des routes ancestrales de la soie et des pistes contemporaines de l’opium.

Avec une préface par : René Létolle

« Un soir d’été accablant dans le désert du Kyzylkoum, près de la ville minière de Zaravchan, la responsable de notre mission géologique était désespérée par les aléas qui accablaient notre expédition, le laisser-aller de collègues ouzbeks peu coutumiers des habitudes occidentales de travail. Le 4 x 4 de René Cagnat apparut au loin : dans cet espace immense, et à cette heure, ce ne pouvait être que lui, envoyé en renfort par des amis de Tachkent. René ramena immédiatement l’ordre dans la troupe : quelques coups de gueule rendirent nos vacanciers aux devoirs que la science leur imposait. La passion commune que nous nous découvrîmes pour l’Asie centrale nous rendit rapidement amis. Un simple coup d’œil sur l’immense carte de son bureau de Tachkent, zébrée de gros traits noirs retraçant ses itinéraires, témoignait que le désert et la montagne l’attiraient dans leurs recoins les plus cachés. Il m’a mené ainsi des tombes sarmates du plateau de l’Oustiourt, à l’est de la Caspienne, jusqu’au fin fond du Xinjiang, dans ce désert du Taklamakan dont “on ne revenait jamais”.
C’est ainsi que très loin des circuits rebattus des voyagistes, René Cagnat guide en des contrées perdues, qu’il visite parfois lui-même pour la première fois. Il se montre alors extrêmement prudent, redoutant les dangers qu’il a connus à plusieurs reprises, agressions, accidents, inondations consécutives à des orages soudains. Inversement, il a des crises de témérité, le besoin d’affronter des difficultés que tout autre considérerait comme contournables. Sa passion du cheval, qui ne le cède en rien à celle qu’il a des hommes, l’amène à considérer son 4 x 4 comme le tarpan des Kazakhs ou l’alezan des Turkmènes. La machine n’a pas toujours la souplesse de l’animal et renâcle. Je me souviens de la poursuite d’une jolie saïga qui paissait sur le plateau de l’Oustiourt, menée à toute allure au bord du Tchink, la falaise qui domine la mer d’Aral. René était à la fois conscient du danger et ivre du plaisir de cette chasse à courre peu commune. La bête forcée tomba haletante. Il lui donna à boire. La saïga se releva et reprit sa route. Nous aussi, qui avions eu l’une des plus grosses frayeurs de notre vie !
Prudent et téméraire. Méticuleux mais fantasque. Rugueux – on l’a vu dans l’épisode de Zaravchan – ou amical, selon les cas : si René Cagnat aime les grands espaces, il aime aussi, sans doute plus encore, connaître les gens qui y vivent. Une passion innée pour la sociologie le fait s’arrêter dans chaque hameau perdu, s’enfoncer dans leurs ruelles misérables, y chercher le contact avec les habitants. Pas facile ! Mais René y parvient toujours, et il est bien rare que la conversation n’aboutisse pas à la visite de la maison, suivie du thé traditionnel. Et il adore, traduction faite, expliquer telle ou telle particularité des vêtements et des visages, reconstruisant en quelques mots une possible parenté ethnique. Cette passion pour les paysages grandioses et leurs habitants apparaissait dans son premier récit, La Rumeur des steppes. On la trouvait déjà chez nombre de voyageurs français du XIXe siècle, tel Gabriel Bonvalot qui, à plusieurs reprises, explora ces régions de la Transoxiane au Xinjiang, et même jusqu’aux portes de Lhassa. René paraît son digne successeur, aussi bien dans sa curiosité à l’égard des populations que dans sa faculté à affronter le terrain pour les y découvrir dans leur superbe isolement. »

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