Collection « Visions »

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Couverture

Andes, Visions d’un peintre itinérant
Rémy Rasse




Depuis son premier voyage en 1989, Rémy Rasse exerce ses talents d’artiste sur les sentiers de la cordillère des Andes. Parti à la rencontre de la culture amérindienne, ce peintre itinérant a choisi tantôt le cheval, l’âne, le train ou la marche pour visiter les pays de l’Équateur au Chili. De ce vaste atelier à ciel ouvert, Rémy Rasse a rapporté une œuvre inspirée qui contribue à faire connaître la culture andine et témoigne des liens qu’il a su nouer avec les populations – Quechuas, Mapuches, Collas – dont il a partagé la vie quotidienne et les rites immémoriaux.
Cette découverte de l’Altiplano conjugue une approche photographique et une recherche picturale à l’aquarelle, à l’huile, à la gouache ou au pastel. Qu’il s’agisse des rives du lac Titicaca ou des terrasses du Machu Picchu, de la pampa argentine ou du littoral du Pacifique, les points de vue se répondent pour offrir une vision intimiste des réalités andines. Plusieurs autres aspects sont en outre évoqués : marchés, ferias, carnavals et processions. Dans les paysages et les coutumes qu’il aborde, Rémy Rasse exprime la sensibilité des Amérindiens à la nature et sa propre perception des éléments.

Avec des photographies de : Analía Rondón
Avec une préface par : Gérard Mendel

« À quelques kilomètres à peine de Vence, un village de l’arrière-pays a su, mieux que d’autres alentour, garder ses habitants, ses fêtes traditionnelles, faisant qu’on aime à y vivre et à y travailler. Il se tient droit sous son baou et est entouré d’oliviers et de pins, de vignes aussi, car nous sommes à Saint-Jeannet dont Prévert a chanté le vignoble. Au centre du village, face à l’église trois fois centenaire, s’élève haut “la maison neuve sur la place”, dont François Cali a raconté l’histoire. Au-dessus de la place du Verger, et presque au bout du chemin le plus escarpé que je connaisse, a longtemps vécu et créé le poète dadaïste Georges Ribemont-Dessaignes. À l’est du village, enfin, Rémy Rasse a installé son atelier sous le toit d’une ancienne demeure. C’est un lieu magique, avec la Méditerranée bleue qui emplit l’horizon. Quand on se tourne vers l’intérieur de la pièce, on change de continent ; les Andes sont partout sur les murs et, même sur le plancher, se mêlent de grands paysages peints à l’huile, des marchés indiens colorés au pastel, des étoffes aux teintes vives, des masques et des céramiques.
On ne comprendrait pas bien Rémy Rasse si on ne le savait pas enraciné dans un village qui a gardé une âme. Un double enracinement, puisque sa famille, grande famille à l’antique, mais ouverte sur le monde – les parents, les treize frères et sœurs, les vingt-sept petits-enfants – constitue à elle seule une seconde communauté, tout entière tournée vers la vigne qu’elle cultive depuis plusieurs générations. Pourtant Rémy Rasse aspire à davantage, à ce monde perdu dont chacun rêve. Comme Gauguin, il est parti très loin à sa recherche et, lui aussi, il l’a trouvé de l’autre côté des mers. Son Océanie, ce sont les Andes, dont il parcourt infatigablement à pied les solitudes six mois par an avec un cheval qui porte vivres, couchage et boîte à peintures. Car, comme Cézanne, un autre maître qu’il admire, il peint sur le motif. Mais sa montagne Sainte-Victoire s’appelle le lac Titicaca ou la vallée de la Lune.
Il faut certainement de l’audace aujourd’hui pour oser, en peinture, le grand sujet d’autrefois, le paysage. Rémy Rasse assume cette audace dans des toiles à la fois expressionnistes et inspirées, qui pourraient faire penser à un Franz Marc ou au grand Caspar David Friedrich et à ses paysages très spiritualisés. L’artiste s’imprègne des cultures locales quand il peint les lacs, les vallées, les montagnes. Dans ses toiles, la Pachamama, la grande déesse-mère des Indiens, est souvent présente, et plusieurs soleils brillent parfois magiquement dans le ciel de l’Altiplano. Son épouse Analía, native de la région argentine de Jujuy, à la frontière de la Bolivie, cinéaste de métier, l’a aidé à connaître de l’intérieur cette civilisation. Ensemble, ils ont produit et filmé plusieurs documentaires sur la vie des peuples andins, dont les coutumes et les traditions ont su résister à la conquête espagnole et à la modernité. La fascination qu’on peut éprouver devant les paysages de Rémy Rasse tient à l’union harmonieuse d’une source d’inspiration qui remonte avec nostalgie si loin dans le temps, et d’une connaissance sûre de la peinture moderne. Mais il y a aussi, là présent, un œil qui, grâce au cinéma et à la photographie, a appris à voir différemment le paysage, ouvrant ainsi une dimension nouvelle et plus large, à la mesure du grand-angle photographique. »

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