Interviews


Terre de Feu (Chili)
Année 1998
© Thierry Debyser

Bruno d’Halluin – Magie magellanique
propos recueillis par Anna-Katharina Lauer

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Qu’est-ce qui peut bien motiver un informaticien à écrire des romans sur l’histoire maritime ?
Je suis passionné depuis l’enfance par la géographie. Ensuite m’est venu le goût de l’histoire, plus particulièrement l’histoire maritime puisque j’ai un lien fort avec la mer, notamment par la pratique de la navigation à voile. Je suis venu à l’écriture par le voyage en mer : mon premier livre est un récit de mon périple en voilier vers la Patagonie et le cap Horn. En préparant une seconde navigation au grand large, cette fois vers l’Islande, donc plus courte, je me suis dit que je n’aurais pas forcément matière à en faire un récit, d’où l’idée du roman. Ç’a été une belle expérience car les deux projets, de voyage et d’écriture, se sont nourris l’un l’autre : lors du parcours, je me suis non seulement attaché à visiter des lieux où je voulais situer des passages ou chapitres du futur roman, ce qui permet à la fois de s’imprégner de l’ambiance et de se documenter, mais j’ai aussi découvert d’autres lieux qui m’ont inspiré et invité à y faire évoluer mon héros.

Pourquoi raconter l’histoire de Stefan Bihan et de Richard Deffaudis, deux marins français inconnus ?
Le simple fait que les deux premiers Français autour du monde soient de quasi-inconnus donne envie de les sortir de l’ombre. Je ne désespère pas qu’ils aient un jour leur plaque, voire leur statue, au Croisic et à Évreux, leurs lieux d’origine ! Par ailleurs, cela faisait longtemps que je voulais écrire sur l’extraordinaire voyage de Magellan, et ces deux hommes m’offraient un angle original pour aborder le sujet. En outre, cela m’a donné l’occasion d’écrire sur la Bretagne, une région avec laquelle j’ai de fortes affinités, et sur la Normandie, pour laquelle j’ai trouvé beaucoup d’intérêt.

Quelles sont les différences entre l’expérience nautique de vos deux héros et celle que vous avez connue dans le détroit de Magellan à près de cinq siècles d’intervalle ?
Magellan a mis près de quarante jours à franchir le détroit qui porte son nom. Nul doute que, s’il avait eu des cartes marines du SHOM ou de l’Admiralty, et les prévisions du Servicio Meteorológico de la Armada de Chile, il aurait mis beaucoup moins de temps ! Pour ma part, mon coéquipier et moi-même n’avons parcouru que la moitié orientale du détroit, ce qui nous pris deux à trois jours de navigation.

Comment instaurer une tension romanesque à partir de recherches historiques ?
Lors de l’écriture de mes romans historiques, je m’attache, sans être ni historien ni à l’abri d’erreurs, à ne pas entrer en contradiction avec l’histoire connue. C’est un parti pris, celui qui me correspond, certes au risque pour le romancier d’être contraint par le canevas de l’histoire. Cependant je m’efforce, j’espère avec habileté sinon avec attention, de tisser une relation bienveillante avec ce canevas, pour en faire non pas un carcan mais une source d’inspiration romanesque.

Un récit a-t-il inspiré l’une de vos navigations ? Un roman l’une de vos œuvres de fiction ?
Mes navigations au grand large ont été en partie inspirées par la lecture des grands classiques du voyage en voilier, écrits notamment par Bernard Moitessier, Gérard Janichon ou Patrick Van God. Toute une époque ! Je ne peux pas dire qu’un roman ait pu directement influer sur mon œuvre de fiction. Néanmoins, certains auteurs m’ont porté, je pense notamment à Francisco Coloane ou Halldór Laxness, ainsi qu’à Luis Sepúlveda, Jørn Riel ou Mika Waltari.
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