Pierre-Antoine Guillotel

  • David_Adjemian
  • Marc_Alaux
  • Lodewijk_Allaert
  • Joël_Allano
  • Stéphane_Allix
  • Christophe_Apprill
  • Françoise_Ardillier-Carras
  • Jacques_Arnould
  • Vladimir_Arseniev
  • Tchinguiz_Aïtmatov
  • Pierre-Marie_Aubertel
  • Siméon_Baldit_de_Barral
  • Noël_Balen
  • Jamel_Balhi
  • Frédérique_Bardon
  • Jean-Yves_Barnagaud
  • Fabien_Bastide
  • Julie_Baudin
  • Jacques_Baujard
  • Sylvain_Bazin
  • Emmanuel_Béjanin

Dans le massif d’Helgrindur – péninsule de Snæfellsnes (Islande)
Année 2020
© Pierre-Antoine Guillotel
Chercheur en économie. A traversé l’Islande à pied.

Hornstrandir : sauvage et sacrée :


« Nos agissements dans le monde sauvage constituent souvent une perturbation. Nous ne sommes pas maîtres des lieux, mais des intrus. Alors pourquoi créer inutilement du désordre ? Pourquoi empiéter et déranger le territoire de la faune qui vit à côté de nous ? Pourquoi altérer les rouages de la mécanique du vivant si notre intervention, si légère soit-elle, conduit à une forme de destruction ? Comment susciter l’envie de préserver toute cette beauté sans la perturber ?
L’équilibre est à trouver dans une compréhension discrète de la faune et de la flore, autour d’un double désir de connaissance et de protection. Pour protéger, il faut aimer ; pour aimer, il faut connaître ; pour connaître, il faut rencontrer “sensuellement” le beau. L’équilibre réside dans la forme que prend cette rencontre. Une rencontre ou, plutôt, une approche semblable à un affût, pour rester toujours dissimulé, invisible et respectueux du vivant. Mais qui cultiverait l’humilité et ferait preuve de réserve quand notre volonté de voir, de toucher, de sentir nous enjoint au pas de trop ? Ce pas disgracieux qui met à mal la sérénité d’un lieu. Ce pas lourd qui, en faisant craquer l’herbe sèche, alerte toute la biocénose. Ce pas qui précède la panique générale d’une vie secrète. Peut-être faut-il avoir la sagesse de garder une distance suffisante entre nos yeux et ce qu’ils chérissent ? Peut-être faut-il apprendre à renoncer à certains de nos désirs et comprendre que l’observation lointaine et sereine d’un cerf en forêt a plus de valeur qu’une approche dont l’objectif serait la plus grande proximité possible avec l’animal ? Déranger un animal est une forme de pollution. Préserver la beauté du vivant mériterait une collaboration équilibrée avec la nature, car rien de ce qui est offert à nos sens n’a besoin de nous pour exister. »


Extrait de :

Ísland, L’appel du 66° Nord
(p. 32-33, Transboréal, « Sillages », 2024)

© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.