Un grand tour à vélo





4. Mûrs pour le mur


Finalement, tout arrive… Après deux mois de convalescence, les mâchoires de Matthieu ont repris forme humaine. Le retour de nos deux forçats de la route.
Plus de douleur, plus de plaies, plus de bosses : retour à la bécane ! Cette période de remise en forme n’a finalement pas été de tout repos. Il y eut, bien sûr, les douleurs physiques, morales aussi, de devoir laisser pour un temps le projet qui occupait nos pensées et rêves depuis des années ; il a surtout fallu un peu festoyer (avec une paille) et travailler pour garder des caisses à peu près pleines, quoique toujours aux trois quarts vides.
Matthieu, une fois la cinquantaine de points dans la bouche ou ses environs enlevés, s’est entiché d’un étal d’olives chez Carrefour dont il s’est appliqué à écouler le stock pendant que Paco, montagnard invétéré, arpentait les sommets qui entourent sa maison gapençaise. Un mois de décembre studieux en somme, conclu par un passage vers une année nouvelle sous de meilleurs auspices, au domaine d’Yves et Loïc de Suremain à Mercurey, en côte châlonnaise. Là où, pour nous, tout a commencé.
Le mois de janvier fut employé à profiter de nos proches, fignoler notre équipement, alléger ici, alourdir là, réfléchir à un itinéraire plus précis et observer de loin, mais de manière attentive, la situation politique en Tunisie, où nous ne manquerons pas de passer début mars, si tout va bien.
Re-départ donc dimanche, de Lyon. Vers 13 h, nous mettrons nos deux vélos dans le train qui nous mènera jusqu’à Avignon (ou en Avignon, on peut dire les deux). Suivront Narbonne, Perpignan et enfin Argelès-sur-mer où notre amie Claire Lièvremont nous fait l’honneur de nous accueillir pour la nuit. Le lendemain, nous reprendrons le train jusqu’au fameux lieu dit de Cerbère. Nous gravirons les 500 mètres qui séparent la gare du lieu de l’accident. Et puis, comme selon Alfred de Vigny, « tout homme a vu le mur qui borne son esprit », Matthieu ira jeter un œil au sien, de mur, pour voir si rien n’a bougé. A priori, il n’y a pas de raison… Sans doute ferons-nous une complainte à son endroit, peut-être lui adresserons-nous nos meilleurs vœux et glisserons-nous, dans ses failles, une petite intention de prière car après tout, c’est un peu notre mur des lamentations.
La tête pleine des souvenirs de cette chute, sans doute, nous redescendrons tranquillement vers l’Espagne qui nous attend depuis deux mois, à 4 km de là… Ensuite ? Nous verrons bien !


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