La taïga d’Alaska



La forêt boréale, ou taïga, d’un terme russe qui désigne les aiguilles des conifères, est un écosystème qui couvre 15 millions de km2 et représente le tiers des forêts de la planète. La Russie et la Fenno-Scandie en abritent près des deux tiers, le Canada et l’Alaska le restant. Elle couvre 428 000 km2 en Alaska, soit le quart de la superficie de l’État, du versant méridional de la chaîne de Brooks, au nord, à la péninsule de Kenai, au sud, et du bas Yukon, à l’ouest, à la frontière canadienne, à l’est. La forêt boréale d’Alaska, comme la taïga en général, est plutôt pauvre en essences végétales. Dans les zones exposées au sud et moins sujettes au pergélisol, elle se caractérise par des colonies de peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), de bouleau blanc dit « à canots » (Betula papyrifera) et d’épicéa du Canada (Picea glauca) ; en altitude et dans les zones exposées au nord et au pergélisol se trouvent des peuplements d’épinette noire (Picea mariana). Les zones inondables au moment de la débâcle sont encombrées de peupliers baumiers (Populus balsamifera), de saules et d’aulnes, tandis que les épicéas prolifèrent dans les zones alluvionnaires de formation récente. Moins que l’amplitude thermique annuelle, de – 50 °C à 35 °C, le gel continu du sol, l’altitude et l’exposition au vent déterminent le développement de la forêt boréale : elle est absente au nord du cercle polaire, au-dessus de 800 mètres dans la chaîne de l’Alaska et enfin de la plupart des zones littorales de la mer de Béring et de la chaîne Aléoutienne.
La pollution atmosphérique et l’exploitation abusive des ressources de la taïga concernent respectivement davantage la Fenno-Scandie et la Sibérie que l’Alaska. Alors que l’exploitation de la rainy forest, aux essences plus rentables, est intensive dans le Sud-Est côtier, un cinquième seulement de la forêt boréale a une valeur commerciale et pourrait être utilisé si toutefois les zones d’abattage étaient accessibles : à l’heure actuelle, seule la Tanana Valley State Forest fait l’objet d’une véritable exploitation et va connaître le triplement des 4 km2 coupés par an depuis 1990. Par ailleurs, le morcellement de la propriété entre l’État et les agences fédérales d’une part, les compagnies autochtones (issues de l’ANCSA), les municipalités et les particuliers d’autre part, entrave sérieusement la multiplication des coupes. Depuis l’origine, la principale menace est l’incendie, qui détruit la forêt tous les cent à cent trente ans et en a détruit 3 000 km2 par an entre 1991 et 2000 (et quatre fois plus en 1990 !). Enfin, les inondations liées à la débâcle et le changement de cours des fleuves contribuent également à l’altération mais aussi au renouvellement de la taïga d’Alaska. Sanctuaire pour les orignaux, les castors, les martres, les ours et les loups, elle est un lieu de nidification pour les huarts et les cygnes, et une étape dans la migration des grues, des eiders et des bernaches.

Par Émeric Fisset
Texte extrait du livre : Alaska, Visions d’un pèlerin de la Grande Terre
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