Les Naga, anciens « chasseurs de têtes »
Sur la frontière entre la Birmanie et le Nagaland indien, les anciens « chasseurs de têtes », de langue tibéto-birmane, comptent 3 millions de membres qui relèvent d’une trentaine de clans guerriers.
Le nom de Naga évoque les chasseurs de têtes qui, il y a encore trente à quarante ans, étaient craints dans les montagnes limitrophes de l’Inde et de la Birmanie. Il est vrai que les hommes naga aiment montrer leur bravoure et leurs prouesses de chasseurs. Ils n’étaient pourtant pas particulièrement belliqueux, mais ils pensaient ne pouvoir résister aux épidémies et aux caprices d’une nature hostile qu’en renforçant leur énergie vitale. Ils le faisaient en coupant la tête de leurs ennemis, car pour eux l’âme est un fertilisant qui réside dans la tête. Les crânes des ennemis de chaque clan trônaient à l’entrée des maisons ou des villages sur des étagères. Cette forte tradition clanique les a protégés au fil des siècles des invasions provenant de Birmanie ou d’Inde. Lors des fêtes et des célébrations, les hommes portent leurs beaux costumes de parade guerrière, avec d’étonnantes coiffes faites de rotin, de fourrures de singe, de plumes d’oiseau, de défenses de sanglier des montagnes, et un collier de mâchoires de tigre. Ils montrent leur prouesse guerrière et leur habileté de chasseurs par des danses. Au sein des villages naga se trouvent les morung, dortoirs pour les célibataires, lieux de rencontres et d’échanges. Les Naga sont près de 3 millions au total, mais 100 000 à 200 000 seulement vivent sur le territoire birman. Ils parlent des dialectes de type tibéto-birman, qui varient parfois énormément d’un clan à l’autre. On dénombre une trentaine de grands clans naga en Inde, mais en Birmanie on rencontre surtout les Konyak, Khamniungan, Tangkhul, Ponyo et Haime. Bien que les langues naga soient manifestement d’origine tibéto-birmane, les types physiques des différentes tribus varient beaucoup, certains faisant plutôt penser à des Indonésiens, d’autres à des Mongols ou à des Chinois, d’autres enfin ayant la peau plus foncée. Bref, le peuplement naga semble être issu d’un vrai métissage, et il se peut très bien que le fil de leurs migrations les ait conduits vers l’Insulinde avant de les mener là où ils habitent actuellement. Leur pratique de la chasse aux têtes est en effet similaire à celle des populations dayak de Bornéo et des populations montagnardes de l’extrême nord des Philippines, telles que les Kalinga. Avant les premiers contacts avec les colonisateurs anglais, il existait chez les Naga des sortes de républiques villageoises, mais aussi des chefs autocratiques et autoritaires, surtout chez les Konyak. De nombreux Naga de Birmanie sont restés animistes alors que, du côté indien, la majorité a été christianisée par des missionnaires baptistes. De nos jours, les groupes naga en rébellion contre les gouvernements birman et surtout indien réclament plus d’autonomie, voire la création d’un État indépendant, le Nagalim.
Par Jérôme Kotry
Texte extrait du livre : Birmanie, Visions d’un amoureux de la Terre d’or
En savoir davantage sur : Jérôme Kotry
Le nom de Naga évoque les chasseurs de têtes qui, il y a encore trente à quarante ans, étaient craints dans les montagnes limitrophes de l’Inde et de la Birmanie. Il est vrai que les hommes naga aiment montrer leur bravoure et leurs prouesses de chasseurs. Ils n’étaient pourtant pas particulièrement belliqueux, mais ils pensaient ne pouvoir résister aux épidémies et aux caprices d’une nature hostile qu’en renforçant leur énergie vitale. Ils le faisaient en coupant la tête de leurs ennemis, car pour eux l’âme est un fertilisant qui réside dans la tête. Les crânes des ennemis de chaque clan trônaient à l’entrée des maisons ou des villages sur des étagères. Cette forte tradition clanique les a protégés au fil des siècles des invasions provenant de Birmanie ou d’Inde. Lors des fêtes et des célébrations, les hommes portent leurs beaux costumes de parade guerrière, avec d’étonnantes coiffes faites de rotin, de fourrures de singe, de plumes d’oiseau, de défenses de sanglier des montagnes, et un collier de mâchoires de tigre. Ils montrent leur prouesse guerrière et leur habileté de chasseurs par des danses. Au sein des villages naga se trouvent les morung, dortoirs pour les célibataires, lieux de rencontres et d’échanges. Les Naga sont près de 3 millions au total, mais 100 000 à 200 000 seulement vivent sur le territoire birman. Ils parlent des dialectes de type tibéto-birman, qui varient parfois énormément d’un clan à l’autre. On dénombre une trentaine de grands clans naga en Inde, mais en Birmanie on rencontre surtout les Konyak, Khamniungan, Tangkhul, Ponyo et Haime. Bien que les langues naga soient manifestement d’origine tibéto-birmane, les types physiques des différentes tribus varient beaucoup, certains faisant plutôt penser à des Indonésiens, d’autres à des Mongols ou à des Chinois, d’autres enfin ayant la peau plus foncée. Bref, le peuplement naga semble être issu d’un vrai métissage, et il se peut très bien que le fil de leurs migrations les ait conduits vers l’Insulinde avant de les mener là où ils habitent actuellement. Leur pratique de la chasse aux têtes est en effet similaire à celle des populations dayak de Bornéo et des populations montagnardes de l’extrême nord des Philippines, telles que les Kalinga. Avant les premiers contacts avec les colonisateurs anglais, il existait chez les Naga des sortes de républiques villageoises, mais aussi des chefs autocratiques et autoritaires, surtout chez les Konyak. De nombreux Naga de Birmanie sont restés animistes alors que, du côté indien, la majorité a été christianisée par des missionnaires baptistes. De nos jours, les groupes naga en rébellion contre les gouvernements birman et surtout indien réclament plus d’autonomie, voire la création d’un État indépendant, le Nagalim.
Par Jérôme Kotry
Texte extrait du livre : Birmanie, Visions d’un amoureux de la Terre d’or
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