Les Kayan, dites « femmes girafes »
En désuétude, la spirale de laiton que portent les Padaung fait encore leur notoriété de « femmes girafes » de l’État kayah, en Birmanie, à la région de Mae Hong Son, en Thaïlande.
Le surnom de « femmes girafes » fut attribué aux femmes de l’ethnie kayan par l’explorateur polonais Vitold de Golish dans les années 1950, en raison des spirales de laiton qu’elles portent en permanence autour du cou. Dans la même région, Golish a rencontré les femmes de l’ethnie kayah, qu’il a surnommées « femmes éléphants » en raison des fibres végétales qui entourent leurs genoux afin de protéger leur âme dont le siège se situe derrière eux, ce qui leur donne une démarche « pachydermique ». De même, on peut penser que les spirales de laiton des « femmes girafes » sont censées protéger l’âme qui se tient dans le cou, mais aussi l’âme de l’ensemble du peuple kayan. Bien des légendes ont circulé les concernant, mais l’origine d’une telle pratique trouve sans doute aussi sa racine dans la volonté de protéger les femmes kayan contre les rapts et viols perpétrés par les peuples dominants des plaines et plateaux. Le port de ces spirales rend en effet ces femmes moins attrayantes. D’autres peuples procèdent de même avec des pratiques différentes, comme des tatouages sur le visage, par exemple chez les Chin. Les femmes kayan, que les Birmans appellent Padaung, ce qui signifie « long cou », portent également des spirales de laiton autour des mollets, pratique que l’on retrouve chez d’autres ethnies, tels les Taungyo et les Naga. Autour du cou, il s’agit d’une spirale unique et non de colliers que l’on empile année après année, tous les six mois environ. Cela signifie que, quand on veut l’allonger, il faut enlever la spirale précédente et en mettre une nouvelle, le tout accompagné d’onguents et de massages car les muscles du cou se sont atrophiés. Au moment du mariage, sa hauteur peut atteindre 25 cm et un poids de 10 kg. Tous les matins, les femmes doivent la laver soigneusement et la lustrer. Les Kayan, tout comme d’autres ethnies de l’État kayah, sont désignés collectivement sous le terme de « Karenni », c’est-à -dire « Karen rouges ». Leur langue est apparentée à celle de leurs cousins ethniques karen. Les conflits armés qui continuent de sévir entre plusieurs groupes rebelles et la junte militaire birmane au sein de l’État kayah ont obligé de nombreux villageois kayah, kayaw, bwe mais aussi kayan à fuir vers la Thaïlande, où ils ont trouvé refuge dans cinq camps de la région de Mae Hong Son. Les femmes kayan réfugiées s’y trouvent ainsi livrées en pâture à des individus peu scrupuleux, thaïlandais, karen ou autres, qui les exploitent touristiquement en organisant de véritables zoos humains.
Par Jérôme Kotry
Texte extrait du livre : Birmanie, Visions d’un amoureux de la Terre d’or
En savoir davantage sur : Jérôme Kotry
Le surnom de « femmes girafes » fut attribué aux femmes de l’ethnie kayan par l’explorateur polonais Vitold de Golish dans les années 1950, en raison des spirales de laiton qu’elles portent en permanence autour du cou. Dans la même région, Golish a rencontré les femmes de l’ethnie kayah, qu’il a surnommées « femmes éléphants » en raison des fibres végétales qui entourent leurs genoux afin de protéger leur âme dont le siège se situe derrière eux, ce qui leur donne une démarche « pachydermique ». De même, on peut penser que les spirales de laiton des « femmes girafes » sont censées protéger l’âme qui se tient dans le cou, mais aussi l’âme de l’ensemble du peuple kayan. Bien des légendes ont circulé les concernant, mais l’origine d’une telle pratique trouve sans doute aussi sa racine dans la volonté de protéger les femmes kayan contre les rapts et viols perpétrés par les peuples dominants des plaines et plateaux. Le port de ces spirales rend en effet ces femmes moins attrayantes. D’autres peuples procèdent de même avec des pratiques différentes, comme des tatouages sur le visage, par exemple chez les Chin. Les femmes kayan, que les Birmans appellent Padaung, ce qui signifie « long cou », portent également des spirales de laiton autour des mollets, pratique que l’on retrouve chez d’autres ethnies, tels les Taungyo et les Naga. Autour du cou, il s’agit d’une spirale unique et non de colliers que l’on empile année après année, tous les six mois environ. Cela signifie que, quand on veut l’allonger, il faut enlever la spirale précédente et en mettre une nouvelle, le tout accompagné d’onguents et de massages car les muscles du cou se sont atrophiés. Au moment du mariage, sa hauteur peut atteindre 25 cm et un poids de 10 kg. Tous les matins, les femmes doivent la laver soigneusement et la lustrer. Les Kayan, tout comme d’autres ethnies de l’État kayah, sont désignés collectivement sous le terme de « Karenni », c’est-à -dire « Karen rouges ». Leur langue est apparentée à celle de leurs cousins ethniques karen. Les conflits armés qui continuent de sévir entre plusieurs groupes rebelles et la junte militaire birmane au sein de l’État kayah ont obligé de nombreux villageois kayah, kayaw, bwe mais aussi kayan à fuir vers la Thaïlande, où ils ont trouvé refuge dans cinq camps de la région de Mae Hong Son. Les femmes kayan réfugiées s’y trouvent ainsi livrées en pâture à des individus peu scrupuleux, thaïlandais, karen ou autres, qui les exploitent touristiquement en organisant de véritables zoos humains.
Par Jérôme Kotry
Texte extrait du livre : Birmanie, Visions d’un amoureux de la Terre d’or
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