Des déserts aux prisons d’Orient
Donald Campbell
En 1781, Donald Campbell, quinzième laird de Barbreck et officier de cavalerie écossais, quitte l’Angleterre pour les Indes, afin de rétablir sa fortune et d’exorciser par le voyage tous les malheurs qui l’accablent en Europe.
L’aventure ne sera pas de tout repos. Après avoir renoncé à franchir l’isthme de Suez en raison de l’épidémie de peste qui sévit en Égypte, Campbell se lance dans une traversée spectaculaire du Moyen-Orient arabe, par un itinéraire jamais emprunté par aucun Européen avant lui. Alep, Diyarbakir, Mossoul, Bagdad, Bassora sont les principales étapes de son voyage.
Les Indes se rapprochent, mais une tempête en mer d’Arabie menace de le détourner à jamais de son objectif.
Naufragé sur la côte de Malabar, Campbell tombe alors dans les griffes d’Hyder Ali, le redoutable sultan du Mysore, en guerre contre la Compagnie britannique des Indes orientales. Plongé au cœur d’un conflit qui trouve son origine dans la rivalité entre la France et le Royaume-Uni pour la domination de l’Inde, il devient acteur d’une nouvelle et étonnante histoire qui transformera une entreprise au départ personnelle en véritable mission militaire et diplomatique.
Récit de voyage, roman picaresque, conte moral, l’histoire de Donald Campbell connut un immense succès au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Traduite et adaptée en plusieurs langues, elle évoque avec brio deux grands moments, classiques à l’époque, de la littérature d’aventure : naufrage et captivité, qui mettent à l’épreuve le courage des hommes. Elle rappelle enfin les exploits d’autres figures de l’exploration, telles que Richard Francis Burton ou Lawrence d’Arabie, comme seul le Royaume-Uni est capable d’en fournir.
Traduit de l’anglais par : le citoyen Chamin
Avec une introduction par : François Lantz
« L’histoire contée dans ce volume est celle de Donald Campbell de Barbreck, officier de cavalerie et voyageur écossais, fait prisonnier en Inde par les hommes d’Hyder Ali, le sultan du Mysore, et qui, pendant la deuxième guerre du Mysore (1780-1784), joua un rôle déterminant dans la prise par les forces britanniques du fort de Bednore, où il se trouvait retenu. Son initiative permit à la Compagnie britannique des Indes orientales de reprendre un temps l’avantage sur cet État et d’éviter peut-être d’avoir à négocier une paix moins favorable à ses intérêts que celle conclue en 1784.
Naufrage et captivité
L’épisode de la prise du fort de Bednore est parfaitement documenté sur le plan historique. Le général de brigade Richard Mathews, à qui ordre fut donné de s’en emparer, rapporte les faits suivants dans une lettre adressée aux directeurs de la Compagnie : dans la nuit du 25 au 26 janvier 1783, “le capitaine Donald Campbell, fils du colonel Charles Campbell, vint me trouver. Il avait été jeté sur la côte [de Malabar] suite au naufrage du navire sur lequel il voyageait, capturé et mis aux fers jusqu’à ce que la progression de notre armée incitât le jemadar à le libérer pour faire appel à ses bons offices.” Le rapport d’un autre officier ayant participé aux opérations, le colonel Macleod, précise que “le capitaine Campbell, qui avait été fait prisonnier quelque temps auparavant, arriva dans la nuit au camp du général [Mathews] avec une proposition de reddition”.
D’autres échanges avec les administrateurs de la Compagnie confirment la participation de Campbell à cette affaire. Il y est fait allusion à la fin du récit, lorsque l’auteur est obligé de se rendre à Calcutta pour négocier le pot-de-vin convenu avec le gouverneur de Bednore pour la remise du fort.
Ces éléments appartiennent sans doute à la petite histoire : l’intervention d’un homme seul, se trouvant là par hasard, dans un conflit dont l’évolution lui échappait largement depuis sa prison ; mais ils existent comme le témoignage de ce qu’il y a de plus intéressant en histoire : l’appréciation des causes qui déterminent la tournure de tel ou tel événement. Ici, la mort d’un sultan ; là, les caprices de la mer qui firent se croiser une nuit de janvier 1783 le destin d’un voyageur écossais et celui d’un corps d’armée.
La prise du fort de Bednore grâce à la médiation de Donald Campbell est bien établie. Il s’agit d’un moment d’histoire méconnu qui s’intègre dans un conflit plus vaste, la deuxième guerre du Mysore, dont les racines plongent à la fois dans la résistance d’un sultan hostile à l’expansion de la Compagnie britannique des Indes orientales, et dans la rivalité entre la France et la Grande-Bretagne pour la domination de l’Inde – puisque Hyder Ali était allié à Louis XVI durant cette campagne.
Les aventures de Donald Campbell ne sauraient toutefois se résumer à ce moment d’histoire. Elles figurent bien sûr parmi les textes analysés par Linda Colley dans une étude consacrée aux sujets britanniques faits prisonniers par des souverains locaux entre le XVIIe et le milieu du XIXe siècle. Mais on les retrouve aussi dans le travail de Margarette Lincoln sur les récits de naufrage du XVIIIe au début du XIXe siècle. Car c’est un furieux coup de vent en mer d’Arabie qui éprouva le navire sur lequel Donald Campbell s’était embarqué le 18 mai 1782 et qui jeta notre voyageur sur une portion de côte appartenant aux États d’Hyder Ali. L’histoire de Donald Campbell est donc aussi celle d’un naufrage et, dès sa parution à Londres en 1795, A Journey over land to India? by Donald Campbell of Barbreck (le titre original de l’œuvre) fut sous-titré Comprehending his Shipwreck and Imprisonment? – “comprenant son naufrage et sa captivité”.
À cette époque, les récits de naufrage étaient un genre très apprécié en Europe. Réels ou fictifs, ils suscitaient toujours un fort engouement en raison de la mise à l’épreuve qu’ils présentaient : mise à l’épreuve des navires et de l’habileté du capitaine d’une part – donc mise à l’épreuve de la modernité – et mise à l’épreuve des hommes et des conventions sociales d’autre part, dans un moment où l’égoïsme et la lâcheté peuvent l’emporter sur les vertus traditionnellement enseignées. Il n’est donc pas étonnant que, cinq ans après la parution de A Journey over land to India?, une nouvelle édition centrée exclusivement sur le naufrage au large du Mysore et la captivité dans le fort de Bednore fût publiée.
Récit de voyage?
Naufrage et captivité, tels sont les deux grands moments, classiques pour un roman d’aventures au XVIIIe siècle, que l’on retrouve dans le récit de Campbell. Ce dernier y apparaît à la fois comme un nouveau Robinson Crusoé, mais aussi et toujours comme un homme des Lumières, soucieux d’instruire et de renseigner ses contemporains sur les pays qu’il traverse durant son voyage.
Les aventures de Campbell sont, en effet, avant tout un immense récit de voyage, effectué par un esprit ouvert et humaniste, non spécialiste mais curieux de tout ce qui l’entoure. À ce titre, elles s’adressent à “deux grandes catégories de lecteurs : ceux qui recherchent d’abord l’‘amusement’, c’est-à-dire les curiosités naturelles et les ‘merveilles’, les coutumes étranges, les aventures ‘piquantes’, voire les catastrophes (le XVIIIe siècle est friand de tempêtes, de naufrages, de corsaires). [Et] à côté de ce ‘grand public’, les ‘spécialistes’, historiens, moralistes, géographes, naturalistes, etc., qui attendent du voyageur moins le récit de ses aventures que des informations nouvelles, des connaissances précises pouvant enrichir les sciences.” Là encore, le titre complet de la première traduction française (1798) que nous rééditons ici est évocateur : Aventures de Donald Campbell dans un voyage aux Indes par terre, et anecdotes piquantes sur l’originalité de son guide Hassan Artas.
La dimension “récit de voyage” apparaît nettement dans la première partie du livre, qui précède le naufrage de 1782 et se déroule en Europe et au Moyen-Orient. En 1781, Donald Campbell décida de quitter l’Angleterre pour se rendre en Inde afin d’y redresser ses affaires. Il traversa l’Europe au cours du printemps, s’appliquant à contourner la France engagée depuis 1778 contre la Grande-Bretagne dans la guerre d’indépendance américaine, prit le bateau à Trieste pour gagner Alexandrie et, de là – espérait-il –, rejoindre la mer Rouge et faire voile jusqu’à Madras. La peste qui sévissait alors en Égypte l’empêcha de continuer sa route. Il se résolut alors à suivre un autre itinéraire et à rejoindre le golfe Persique par voie de terre, depuis Alep en passant par Diyarbakir, Mossoul, Bagdad et Bassora, à travers le désert. Selon le consul de Grande-Bretagne à Alep, il serait ainsi “le premier, [à avoir] pénétré en Inde par une route qu’aucun Européen n’avait parcourue avant [lui]”. L’affirmation est contestable, mais il est certain qu’un tel voyage était peu commun au XVIIIe siècle, seuls les diplomates en poste dans ces dernières villes se risquant, semble-t-il, à tenter parfois l’aventure.
Le Moyen-Orient traversé par Campbell au printemps 1782 était donc un vrai sujet d’intérêt, et si les péripéties sont nombreuses durant la traversée d’Alep à Bassora sous la conduite d’Hassan Artas, le voyage fournit au lecteur des éléments d’histoire et de géographie destinés à ordonner ou compléter la connaissance que les Européens avaient de la région.
Ou roman d’aventures ?
Compte tenu des éléments qui les caractérisent, les aventures de Donald Campbell forment un récit total dont le succès ne s’est pas fait attendre. La première édition anglaise fut épuisée en moins d’un an. Il fallut procéder à un deuxième tirage en 1796. Dans le même temps paraissait à New York la première édition américaine ; d’après Mohammed Reza Pirbhai, qui rédigea en 2013 un article sur le voyage de Campbell, quatre éditions se succédèrent aux États-Unis de 1796 à 1807. Le texte reste toujours le même, mais le titre change à partir de la deuxième édition américaine (1799) : A Journey over land to India? devient A Narrative of the Extraordinary Adventures, and Sufferings by Shipwreck and Imprisonment, of Donald Campbell, Esq. of Barbreck?, l’éditeur jouant sur la fibre romanesque pour s’assurer du succès du livre. Petit à petit, le récit de voyage destiné à instruire ou à faire connaître le monde, dont le XIXe siècle offre tant d’exemples, cède le pas au roman d’aventures. On lit Donald Campbell pour s’émerveiller et trembler, rire des manières de son guide et souffrir les mauvais traitements de ses geôliers.
Suivant un mouvement contraire à celui qui se développait à la fin du XVIIIe siècle dans le monde académique à l’égard des récits de voyage, consistant à compiler les textes en retranchant “toutes les superfluités, toutes les circonstances indifférentes, toutes les aventures vulgaires”, en somme “tout ce qui charmait les lecteurs de la première moitié du siècle?”, les éditions ultérieures, notamment étrangères, des aventures de Donald Campbell ont cherché à mettre en avant le caractère sensationnel du récit. Ainsi, en France, paraissait en 1798 une première version du voyage clairement tournée vers l’aventure. Dans cette édition, qui est celle que nous proposons au lecteur, soin a été pris de ne jamais interrompre la trame narrative par des développements scientifiques trop longs. L’objectif est de chevaucher avec le héros à travers le désert, d’essuyer une tempête en mer d’Arabie et de connaître les affres de la captivité dans un pays lointain, aux mains du plus cruel des tyrans. La version française des aventures de Donald Campbell est donc plus courte que l’édition originale anglaise. “Allégée” des passages historiques et géographiques les plus éloignés du temps vécu par le narrateur, elle transforme le statut du livre, qui passe d’un récit de voyage à un vrai roman d’aventures. Pour arriver à un tel résultat, la forme épistolaire du texte anglais (l’histoire de Donald Campbell était présentée initialement en soixante-trois lettres que l’auteur écrivit à son fils Frederick William Campbell) a été remplacée par une structure plus classique en douze chapitres correspondant à ceux d’une première version abrégée publiée dès 1796, chez Vernor and Hood, en Grande-Bretagne. Le texte français s’appuie très largement sur cette version mais conserve de l’originale une écriture au style direct qui donne plus de vie au récit.
En 1827, fort du succès des précédentes éditions, aussi bien en France qu’à l’étranger, les aventures de Donald Campbell furent adaptées, aux côtés des voyages de Vasco de Gama, de Cook et d’autres explorateurs, dans un recueil de récits de voyage destiné à la jeunesse, sous le titre “Voyage dans l’Inde et aventures extraordinaires de Donald Campbell”. Cette ultime reconnaissance permet de boucler l’histoire du texte dont l’écriture répondit, si l’on en croit la préface de l’auteur dans l’édition anglaise de 1795, au souhait de ses enfants et de ses amis qu’il révélât au plus grand nombre ses quatre années de tribulations.
Donald Campbell et les guerres du Mysore
Les raisons du départ de Campbell en Inde sont données dès le premier chapitre du livre : “Par une suite d’événements aussi malheureux qu’extraordinaires, je m’étais vu privé tout à coup de la plus grande partie de ma fortune ; le rang que ma famille tenait dans le monde et mes liaisons m’entraînaient dans des dépenses auxquelles il ne m’était plus possible de pourvoir. Je tirais mon principal revenu de l’Inde où j’avais commandé un régiment de cavalerie au service du nabab d’Arcate. Les communications se trouvant interceptées par la guerre qui avait éclaté dans ce pays, ce revenu ne me parvenait plus. Mon père avait dérangé ses affaires par une prodigalité sans bornes et ne me payait plus la pension qu’il m’avait assignée. Pour comble de malheur, la mort venait de m’enlever deux de mes enfants.” L’ensemble de ces éléments paraît former un écheveau très embrouillé, mais un simple coup d’œil à l’arbre généalogique et aux archives patrimoniales des Campbell suffit à remettre de l’ordre dans cette série de malheurs.
Donald Campbell (1751-1804) était le premier fils de Charles Campbell, colonel britannique au service de la Compagnie des Indes orientales et quinzième laird de Barbreck. Si le domaine de Barbreck, dans le comté d’Argyll, assurait à la famille un certain revenu, il apparaît que plusieurs opérations foncières, sous la gestion de Charles, réduisirent la fortune des Campbell. Par ailleurs, on apprend que John Calland, le beau-frère de Charles Campbell, lui prêta de l’argent, creusant ainsi une dette dont Donald Campbell hérita à la mort de son père. C’est dans ce contexte difficile que Donald Campbell entreprit son voyage en Inde où, une décennie auparavant, après avoir commandé un régiment de cipayes assigné par la Compagnie au nabab d’Arcate, il avait acquis quelques biens.
En 1781, l’année de son départ, Campbell venait en outre de perdre une fille, après que son premier fils fut décédé en 1780 à l’âge d’un an. Frederick William, le troisième enfant de Donald Campbell, à qui celui-ci adressa les lettres qui forment la première version de ses aventures, naquit le 4 janvier 1782, alors que son père se trouvait à Alep.
Les informations brièvement fournies par Campbell sur les raisons de son départ en Inde sont attestées. En revanche, il est difficile de suivre sa trace entre le mois de mai 1781 et le mois de janvier 1783, lorsque le général de brigade Mathews s’empara, dans les circonstances que l’on sait, du fort de Bednore. S’il ne fait aucun doute que Campbell était retenu prisonnier par les hommes d’Hyder Ali pendant la deuxième guerre du Mysore, nous ne pouvons nous appuyer que sur sa parole pour établir l’itinéraire qu’il a suivi jusqu’en Inde et les événements qui ont marqué son voyage.
À plusieurs reprises, Campbell insiste sur sa sincérité. La forme romanesque donnée au livre, qui correspond si étroitement aux canons du genre, permet toutefois d’imaginer que certains passages ont été arrangés. Récit de voyage authentique ou fiction ? c’est la question qu’il faudrait réussir à trancher. D’ores et déjà, nous pouvons confirmer l’authenticité des événements auxquels Campbell participa pendant la deuxième guerre du Mysore, du 25 janvier 1783, jour de sa libération, à son retour en Angleterre en 1785, où d’autres affaires, judiciaires notamment, l’attendaient. De nombreux documents d’archives impliquant des personnages haut placés dans la hiérarchie administrative et militaire en Inde font état de ses allées et venues au cours de cette période.
Pour mieux situer l’action du récit et en apprécier le déroulement, il convient, avant de conclure, de dire un mot des guerres du Mysore.
Les guerres du Mysore sont une série de conflits qui opposèrent la Compagnie britannique des Indes orientales au royaume de Mysore, dans le sud de l’Inde, de 1767 à 1799. La deuxième guerre du Mysore eut pour origine l’attaque par les Britanniques du comptoir français de Mahé, sur la côte de Malabar ; attaque décidée en représailles à l’engagement de la France aux côtés des insurgés américains en 1778. Allié de la France en Inde, le sultan du Mysore, Hyder Ali, s’opposa au coup de main des Britanniques, ce qui précipita la guerre dans laquelle Donald Campbell fut happé. Au nombre de quatre, les guerres du Mysore recouvrent ainsi une double opposition entre la Compagnie britannique des Indes orientales et le Mysore d’une part, et entre la Grande-Bretagne et la France d’autre part.
L’ombre d’Hyder Ali, sultan habile et redoutable, plane sur tout le récit de Campbell. Celle de Tipu Sahib, son fils aîné, surnommé le Tigre du Mysore, qui lui succéda au mois de décembre 1782, est aussi prégnante. Aujourd’hui considérés comme deux grandes figures de la résistance indienne à la colonisation britannique, ils apparaissent dans les aventures de Campbell sous les traits les plus classiques du despote oriental : perfides, cruels et dénués de toutes les vertus attribuées aux bons souverains.
Un conte moral
Le voyage de Campbell est ainsi non seulement un récit d’aventures destiné à distraire et instruire ses contemporains, mais aussi un conte moral, adressé à son fils, dans lequel les situations permettent à l’auteur de disserter sur tous les sujets débattus dans l’Europe des Lumières : le bonheur, l’égalité, la liberté, les passions et, bien sûr, l’amour de la patrie.
Récit de voyage, roman d’aventures, conte moral, la richesse de l’ouvrage explique son immense succès au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, avant que chacun de ces genres ne se sépare pour former des catégories distinctes.
Peut-on, dès lors, malgré les questions non résolues, ne pas être attentif aujourd’hui aux aventures de Donald Campbell ou simplement curieux d’elles ?
Le texte est ancien et présente des faiblesses qui apparaîtront sans doute au lecteur, mais il témoigne à la fois d’un épisode authentique et méconnu de l’histoire du XVIIIe siècle, dans lequel un individu s’est illustré au cours d’une opération militaire d’envergure, et de toutes les attentes d’un public désireux de s’évader en feuilletant les pages d’un récit de voyage. À ce titre, il nous a paru légitime et heureux de remettre à la disposition du public cet étonnant ouvrage. Laissant la porte ouverte à la fiction, il raconte quatre années et cinq jours de la vie d’un homme dont l’existence, les difficultés et certaines actions ne font aucun doute ; quatre années et cinq jours d’aventures qui ne sont pas sans rappeler celles d’un autre héros (légendaire cette fois) des Indes britanniques, Daniel Dravot, dépeint par Kipling dans l’une de ses nouvelles les plus remarquables, L’homme qui voulut être roi.
Enfin, au regard de toutes les figures extraordinaires de l’histoire et de l’exploration que la Grande-Bretagne a vu naître, de Richard Francis Burton à Lawrence d’Arabie, en passant par David Livingstone, il semble évident que, si les aventures racontées dans ce livre sont véridiques, elles ne pouvaient avoir été vécues que par un Britannique. »
Établissement du texte par : François Lantz
Rédaction des notes par : François Lantz