Ă‚me de la chanson (L’), Petite esthĂ©tique des refrains populaires
David Adjemian
Qu’y a-t-il d’universel dans chaque chanson, des complaintes et ritournelles des trouvères et troubadours jusqu’aux ? tubes » des artistes de variĂ©tĂ© ? Pourquoi, qu’elle cĂ©lèbre les cerisiers en fleur du Japon, l’amour dans les quartiers pauvres de Naples, les racines de la diaspora armĂ©nienne ou la fameuse saudade dans les tavernes de fado à Lisbonne, demeure-t-elle un mode privilĂ©giĂ© de l’expression populaire et un vĂ©ritable support pour sa mĂ©moire ? Au-delà de la richesse des textes de France et d’ailleurs, cet art, souvent trop peu considĂ©rĂ©, s’affirme comme la nourriture spirituelle des peuples, un rĂ©vĂ©lateur de leur âme et un vecteur de partage et de fraternitĂ©. La cĂ©lĂ©britĂ© de Bob Dylan, les grandioses funĂ©railles de Vladimir Vyssotski à Moscou, la ferveur sur la tombe d’Édith Piaf ou de Jim Morrison au Père-Lachaise ou sur celle de Brassens à Sète attestent l’attachement profond que suscitent les auteurs-compositeurs-interprètes, et la place que leurs refrains conservent dans l’imaginaire contemporain.