Un autre temps des cerises :
« Loin de la rhĂ©torique de la chanson française, Sakura Sakura s’ancre dans l’expĂ©rience sensorielle : pas d’histoire, pas de monologue argumentatif, mais deux couplets de sept vers chacun, qui expriment les impressions que suscitent l’arrivĂ©e du printemps et la transformation qu’elle imprime au paysage. Que les mots n’aient pas la mĂŞme valeur symbolique se voit particulièrement bien si l’on compare cette chanson avec l’un des plus cĂ©lèbres airs du patrimoine français, Le Temps des cerises. Chez nous, le fruit n’est pas, comme au Japon, l’occasion de cĂ©lĂ©brer la beautĂ© de la nature, mais prĂ©texte à effusion sentimentale et allusion politique à la Commune de Paris, pourtant postĂ©rieure à l’Ă©criture de la chanson par Jean-Baptiste ClĂ©ment, mais qui y est associĂ©e en raison de la sympathie de son auteur pour son mouvement et de l’interprĂ©tation symbolique possible des paroles, qui peuvent Ă©voquer la “semaine sanglante” de mai 1871, Ă©poque de floraison des cerisiers? Dans la chanson française, le temps des cerises, c’est celui du printemps, de la jeunesse, mais aussi celui de l’amour sans condition. Le jus de la cerise n’Ă©voque pas le sang du samouraĂŻ intrĂ©pide, mais celui d’un amoureux dont la blessure est incurable. Autre culture, autre imaginaire. »
Ça danse à la Mouffe (p. 34-38)
Au Lapin agile (p. 64-67)
Un vaste patrimoine (p. 78-81)
« Loin de la rhĂ©torique de la chanson française, Sakura Sakura s’ancre dans l’expĂ©rience sensorielle : pas d’histoire, pas de monologue argumentatif, mais deux couplets de sept vers chacun, qui expriment les impressions que suscitent l’arrivĂ©e du printemps et la transformation qu’elle imprime au paysage. Que les mots n’aient pas la mĂŞme valeur symbolique se voit particulièrement bien si l’on compare cette chanson avec l’un des plus cĂ©lèbres airs du patrimoine français, Le Temps des cerises. Chez nous, le fruit n’est pas, comme au Japon, l’occasion de cĂ©lĂ©brer la beautĂ© de la nature, mais prĂ©texte à effusion sentimentale et allusion politique à la Commune de Paris, pourtant postĂ©rieure à l’Ă©criture de la chanson par Jean-Baptiste ClĂ©ment, mais qui y est associĂ©e en raison de la sympathie de son auteur pour son mouvement et de l’interprĂ©tation symbolique possible des paroles, qui peuvent Ă©voquer la “semaine sanglante” de mai 1871, Ă©poque de floraison des cerisiers? Dans la chanson française, le temps des cerises, c’est celui du printemps, de la jeunesse, mais aussi celui de l’amour sans condition. Le jus de la cerise n’Ă©voque pas le sang du samouraĂŻ intrĂ©pide, mais celui d’un amoureux dont la blessure est incurable. Autre culture, autre imaginaire. »
(p. 70-73)
Ça danse à la Mouffe (p. 34-38)
Au Lapin agile (p. 64-67)
Un vaste patrimoine (p. 78-81)