Hindu Kush – Pamir :
« Convaincus que la suite du parcours sera semée d’embûches et de difficultés, nous nous accordons trois jours de repos et de flânerie à Gilgit. Sur les hauteurs de la ville se dispute une partie de polo. On entend de très loin les galops furieux. Un nuage de poussière recouvre le terrain. La balle, frappée par les maillets, passe d’un camp à l’autre en sifflant, poursuivie par les cavaliers, cinglant l’air orageux de moulinets rageurs. Vitesse, vent, violence? au Pakistan, on joue au polo à la hussarde. Plus haut, au pied des falaises, nous visitons la grotte qui abrite un bouddha sculpté dans la roche au temps où l’influence tibétaine s’étendait jusqu’à l’ouest de l’Afghanistan. Dominant la vallée, la statue, yeux plissés, semble sourire aux caprices de l’histoire. Puis, dans un marché de la ville, un tailleur du Hunza nous confectionne des sarwal sur mesure pour affronter l’hiver. Enfin, nous dénichons une carte de l’Hindu Kush au 1/500 000 indiquant, à une semaine de marche, une porte d’entrée en Afghanistan : le col de Baroghil, à 3 777 mètres. Il fut approché en 1878 par un membre de la Royal Geographic Society de Londres : George Hayward, qui comptait découvrir les sources de l’Oxus. Mais son exploration s’arrêta à Darkot sous les balles du chef de la région – le mir – imperméable aux passions aventurières. Nous décidons d’honorer la mémoire du gentleman aventurier, buveur de thé et écumeur de pistes comme seul le XIXe siècle victorien savait en produire, et quittons Gilgit au matin pour ce col. Si nous nous étions tenus à la définition formelle de l’Himalaya, notre périple à travers la chaîne aurait dû s’achever à Gilgit, à l’endroit où l’Indus, décrivant un ample méandre vers le sud, traverse le Karakoram et contourne le Nanga Parbat. C’est en ces lieux que les géographes fixent les limites occidentales de l’Himalaya. Mais nous ne voyageons pas depuis des mois pour la seule satisfaction de nous conformer aux délimitations académiques. Comment s’arrêter à Gilgit alors qu’à l’ouest, les cols et les cimes du Pamir et de l’Hindu Kush, s’étendant sur des centaines de kilomètres, nous appelaient à de nouvelles foulées ? Nous partons donc vers les rivages de l’Asie centrale, vers les ultimes versants montagneux qui s’échouent dans la steppe, là où Marco Polo situait les “parapets du monde”. »
Bhoutan – Sikkim – Est népalais (p. 26-27)
Dolpo (p. 62-63)
Extrait court
Extraits d’articles
L’élevage du yack
Éléments d’hydrographie himalayenne
La mousson
La conquête de l’Everest
« Convaincus que la suite du parcours sera semée d’embûches et de difficultés, nous nous accordons trois jours de repos et de flânerie à Gilgit. Sur les hauteurs de la ville se dispute une partie de polo. On entend de très loin les galops furieux. Un nuage de poussière recouvre le terrain. La balle, frappée par les maillets, passe d’un camp à l’autre en sifflant, poursuivie par les cavaliers, cinglant l’air orageux de moulinets rageurs. Vitesse, vent, violence? au Pakistan, on joue au polo à la hussarde. Plus haut, au pied des falaises, nous visitons la grotte qui abrite un bouddha sculpté dans la roche au temps où l’influence tibétaine s’étendait jusqu’à l’ouest de l’Afghanistan. Dominant la vallée, la statue, yeux plissés, semble sourire aux caprices de l’histoire. Puis, dans un marché de la ville, un tailleur du Hunza nous confectionne des sarwal sur mesure pour affronter l’hiver. Enfin, nous dénichons une carte de l’Hindu Kush au 1/500 000 indiquant, à une semaine de marche, une porte d’entrée en Afghanistan : le col de Baroghil, à 3 777 mètres. Il fut approché en 1878 par un membre de la Royal Geographic Society de Londres : George Hayward, qui comptait découvrir les sources de l’Oxus. Mais son exploration s’arrêta à Darkot sous les balles du chef de la région – le mir – imperméable aux passions aventurières. Nous décidons d’honorer la mémoire du gentleman aventurier, buveur de thé et écumeur de pistes comme seul le XIXe siècle victorien savait en produire, et quittons Gilgit au matin pour ce col. Si nous nous étions tenus à la définition formelle de l’Himalaya, notre périple à travers la chaîne aurait dû s’achever à Gilgit, à l’endroit où l’Indus, décrivant un ample méandre vers le sud, traverse le Karakoram et contourne le Nanga Parbat. C’est en ces lieux que les géographes fixent les limites occidentales de l’Himalaya. Mais nous ne voyageons pas depuis des mois pour la seule satisfaction de nous conformer aux délimitations académiques. Comment s’arrêter à Gilgit alors qu’à l’ouest, les cols et les cimes du Pamir et de l’Hindu Kush, s’étendant sur des centaines de kilomètres, nous appelaient à de nouvelles foulées ? Nous partons donc vers les rivages de l’Asie centrale, vers les ultimes versants montagneux qui s’échouent dans la steppe, là où Marco Polo situait les “parapets du monde”. »
(p. 114-115)
Bhoutan – Sikkim – Est népalais (p. 26-27)
Dolpo (p. 62-63)
Extrait court
Extraits d’articles
L’élevage du yack
Éléments d’hydrographie himalayenne
La mousson
La conquête de l’Everest