Dolpo :

« Dans les paysages figés aux horizons immuables que nous parcourons, seules les rivières, avec leurs cours instables et leurs imprévisibles chenaux, apportent la vie et le mouvement. Nous cheminons par des sentes, parfois effacées, sans quitter des yeux le lit de la Barbung. Car à présent c’est elle, notre fil conducteur. Nous avons abandonné l’usage des cartes depuis que nous avons rejoint ses rives. En la suivant, nous arriverons dans la vallée du bas Dolpo. Quand nous parviendrons à Jumla, elle sera devenue la Bheri. Le chemin qui longeait son bord s’arrête soudain, butant contre une paroi calcaire. La rivière, dans un caprice, a dévié pour venir en lécher le pied. Nous sommes condamnés à nager dans le tumulte ou à escalader la falaise. Nous choisissons de rester secs. Un pierrier abrupt mène à une fracture verticale qui zèbre la paroi. C’est la ligne de faiblesse de la muraille. Nous grimpons 30 mètres par cette faille jusqu’à une terrasse en surplomb, tout juste assez large pour nous accueillir. À quelques mètres au-dessus, une fente entaille la roche. On aperçoit le jour, très loin. Un boyau, foré par l’action des eaux, permet ainsi de traverser l’arête. De l’autre côté, le spectacle est réjouissant. On distingue, encadrée par les flancs de la grotte, une portion de la rivière sinuant dans une vallée verdoyante et ensoleillée. Nous descendons goûter ce répit à l’aridité, avec le sentiment d’accéder à un jardin enchanté dont nous aurions sauté le mur. »

Bhoutan – Sikkim – Est népalais (p. 26-27)
Hindu Kush – Pamir (p. 114-115)
Extrait court
Extraits d’articles
L’élevage du yack
Éléments d’hydrographie himalayenne
La mousson
La conquête de l’Everest