« Hors collection »

  • Dersou Ouzala
  • Tamir aux eaux limpides (La)
  • Julien, la communion du berger
  • Lettres aux arbres
  • 100 Vues du Japon (Les)
  • Légende des Pôles (La)
  • 100 Objets du Japon (Les)
  • Chemins de Halage
  • Vivre branchée
  • Solidream
  • Cap-Vert
  • Voyage en Italique
  • Esprit du chemin (L’)
  • Testament des glaces (Le)
  • Un rêve éveillé
  • Pouyak
  • Œuvres autobiographiques
  • Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701)
Couverture
Rencontre avec Dersou :

« — Comment tu t’appelles ? demandai-je à l’inconnu.
— Dersou Ouzala.
L’homme m’intrigua. Il y avait en lui quelque chose de particulier, d’original. Il parlait simplement, doucement, un comportement modeste, sans flagornerie… La conversation se prolongea. Il me raconta longuement sa vie, et plus il me parlait, plus il m’était sympathique. J’avais devant moi un chasseur du monde primitif qui, ayant passé sa vie entière dans la taïga, ignorait tout des vices engendrés par la civilisation urbaine. Il m’apprit qu’il vivait de son fusil, qu’il troquait le produit de sa chasse auprès des Chinois contre du tabac, du plomb et de la poudre, et que le Berdan lui venait de son père. Puis il me dit qu’il était maintenant âgé de 53 ans, n’avait jamais eu de maison, vivait toujours à ciel ouvert et, l’hiver seulement, se construisait une yourte avec de l’écorce de bouleau ou autre. Les premiers éclairs de ses souvenirs d’enfance étaient une rivière, une hutte, un feu, son père, sa mère, sa petite sœur.
— Tous morts depuis longtemps, dit-il, pensif, en achevant son récit. (Un silence, puis il reprit.) Avant moi aussi j’ai femme, fils et fillette. Variole tuer tout le monde. Moi seul maintenant…
Au souvenir des peines endurées, son visage se fit triste. Je songeai à le consoler, mais que valaient mes paroles de consolation pour cet homme seul à qui la mort avait arraché sa famille, unique consolation de la vieillesse ? Il ne répondit rien, ne faisant que baisser la tête. J’avais envie de lui marquer ma compassion et de faire quelque chose pour lui ; je ne savais quoi. Enfin, une idée me vint : je lui proposai d’échanger son vieux fusil contre un neuf, mais il refusa en disant qu’il tenait à son Berdan en souvenir de son père, qu’il y était habitué et que cette arme frappait très bien. Il tendit le bras vers l’arbre, prit son fusil et se mit à en caresser la monture.
Les étoiles avaient tourné dans le ciel, indiquant qu’on était déjà loin de minuit. Les heures filaient, mais nous parlions toujours devant le feu. De nous deux, Dersou parlait le plus. Moi, je l’écoutais, et je l’écoutais avec plaisir. »
(p. 51-52)

La chasse aux sangliers (p. 62-64)
Blizzard sur le lac Khanka (p. 89-93)
Vieux-croyants et chercheurs d’or (p. 449-451)
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