
Une yourte sinon rien, Nouvelles de Mongolie
Marc Alaux
Certains voient la vie défiler devant eux. D’autres la prennent à bras-le-corps. C’est la volonté des héros de ces vingt nouvelles ancrées en Mongolie. Ils sont nomades, moines, soldats, amants, voleurs, clochards, artistes ou voyageurs ; ils vivent à Oulan-Bator, dans le désert de Gobi ou à l’ombre des pics de l’Altaï. Ces petites gens sont à la fois les damnés et le peuple saint des steppes. Pour eux, le destin obéit à des lois qui les dépassent, mais ils s’accrochent de toutes leurs forces à l’existence, jusqu’à la victoire ou l’échec. Et ces textes nous rappellent, souvent avec humour, que vivre c’est agir pour chercher l’énergie salvatrice.
Le vieux Nergui aime sa femme et attend chaque soir son retour, comme lorsqu’elle était vivante… Pürev, au contraire, couvre la sienne de reproches, mais elle profitera des circonstances pour lui donner une leçon. Et si, pour Hishig, échapper à son sort est impératif, Yanjmaa s’y abandonne sans voir là une défaite : mourir, c’est continuer d’habiter sa terre. Mishko et Capsule cultivent plus joyeusement l’art de vivre, souvent dans l’ivresse. Quant à l’Américain Moïché Cohn ou à Orgodol le gouverneur, ils vont découvrir l’importance de respecter l’esprit des lieux… Pour d’autres, comme Zaya la femme d’affaires ou Hongorzul la doctoresse, c’est la famille qu’il ne fallait pas oublier. Des questions fondamentales se posent à tous ces personnages, qui se tiennent au carrefour de leur vie. Tous l’explorent comme un chemin, qui les emmène aux antipodes de leur personnalité, avec humour ou gravité.