L’attente (Hanh ~ province du Hövsgöl) :
« Elle rentrerait bientôt.
La tiédeur de la yourte lui était familière. Elle ne se formaliserait pas si le feu s’essoufflait dans le poêle. Mais le vieux Nergui aimait que sa femme se sente bien, surtout au retour du travail. Après une journée passée dans la bâtisse glaciale de l’ancien magasin d’État, elle avait bien le droit de s’asseoir près du fourneau.
Il savait comment elle s’installerait pour sentir l’action de la chaleur sur son corps. Il savait même quel tabouret elle choisirait, et il le lui tendrait avant qu’elle s’en saisisse. C’est l’avantage des vieux couples : chacun devance les envies de l’autre. Leur vie commune avait appris à Nergui qu’en entrant dans la yourte, l’hiver, elle chérissait l’impression de passer du frigo à la rôtissoire. En un pas, 40 °C de gagnés ! Alors, il entrouvrit la porte du poêle et ajouta une branche craquante dans les flammes.
Comme tous les jours, elle arriverait de son allure de souris. La neige tassée de la ruelle crisserait sous ses pas courts, le portail de l’enclos grincerait et claquerait, les pas s’approcheraient puis c’est la porte de la yourte qui laisserait s’engouffrer l’air coupant. Comme tous les jours, la femme de Nergui entrerait en silence avant de redresser sa silhouette grassouillette avec un soupir fatigué. Elle balaierait rapidement l’endroit de son regard noisette pour voir si tout tournait rond. L’hiver dévorant le bois de chauffe, elle serait rassurée devant la réserve de bûches approvisionnée : son mari n’était pas resté les bras croisés. »
Voie lactée (Büren ~ province du Töv) (p. 27-29)
La soupière (Hovd ~ province du Hovd) (p. 89-91)
À regarder dans le rétroviseur? (Chuluut ~ province de l’Arkhangai) (p. 182-184)
« Elle rentrerait bientôt.
La tiédeur de la yourte lui était familière. Elle ne se formaliserait pas si le feu s’essoufflait dans le poêle. Mais le vieux Nergui aimait que sa femme se sente bien, surtout au retour du travail. Après une journée passée dans la bâtisse glaciale de l’ancien magasin d’État, elle avait bien le droit de s’asseoir près du fourneau.
Il savait comment elle s’installerait pour sentir l’action de la chaleur sur son corps. Il savait même quel tabouret elle choisirait, et il le lui tendrait avant qu’elle s’en saisisse. C’est l’avantage des vieux couples : chacun devance les envies de l’autre. Leur vie commune avait appris à Nergui qu’en entrant dans la yourte, l’hiver, elle chérissait l’impression de passer du frigo à la rôtissoire. En un pas, 40 °C de gagnés ! Alors, il entrouvrit la porte du poêle et ajouta une branche craquante dans les flammes.
Comme tous les jours, elle arriverait de son allure de souris. La neige tassée de la ruelle crisserait sous ses pas courts, le portail de l’enclos grincerait et claquerait, les pas s’approcheraient puis c’est la porte de la yourte qui laisserait s’engouffrer l’air coupant. Comme tous les jours, la femme de Nergui entrerait en silence avant de redresser sa silhouette grassouillette avec un soupir fatigué. Elle balaierait rapidement l’endroit de son regard noisette pour voir si tout tournait rond. L’hiver dévorant le bois de chauffe, elle serait rassurée devant la réserve de bûches approvisionnée : son mari n’était pas resté les bras croisés. »
(p. 11-12)
Voie lactée (Büren ~ province du Töv) (p. 27-29)
La soupière (Hovd ~ province du Hovd) (p. 89-91)
À regarder dans le rétroviseur? (Chuluut ~ province de l’Arkhangai) (p. 182-184)