Une sale journée :
« — Ça ne va pas, Docteur ?
La pâleur de Frank Lemoine inquiétait les infirmières de retour dans la salle de déchoquage.
— Je ne me sens pas très bien, ça doit être le café de ce matin ! À moins que?
La suite resta un instant au bout de ses lèvres.
— À moins que ce soit ce foutu boulot !
Les battements cardiaques résonnaient douloureusement dans le crâne de Frank Lemoine. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Une sensation de malaise s’installa et se concentra progressivement au creux de son estomac? impression lancinante, d’un vide au niveau du diaphragme, se lovant à chaque inspiration pour pénétrer en un point, un point de souffrance, un rien de point, un alien de point dans son épigastre. Le mal-être que Marcel Bodin avait emporté dans sa transmigration s’était non seulement incrusté dans la tête, mais il avait aussi envahi tout le corps du docteur Lemoine.
“Quel pied ! Un vaste espace de neurones sans activité mentale, de quoi prendre mes aises dans la matière grise.” Dans cette partie du cerveau, l’esprit de Frank Lemoine avait quitté les lieux, y abandonnant des débris de pensées, des morceaux d’idées et de souvenirs qui jonchaient le sol. Un désert déconnecté de l’activité cérébrale qui foisonnait tout autour. “Et quel point de vue superbe !” De là, Marcel Bodin surplombait toute la personnalité du toubib, avec ses étendues glorieuses, ses ravines de misère, ses zones d’ombre, ses remugles glauques et ses rares moments de bonheur. Il y avait de quoi occuper le nouveau locataire. »
Une sale journée (p. 28-29)
Mise en ordre (p. 131-132)
Extrait court
« — Ça ne va pas, Docteur ?
La pâleur de Frank Lemoine inquiétait les infirmières de retour dans la salle de déchoquage.
— Je ne me sens pas très bien, ça doit être le café de ce matin ! À moins que?
La suite resta un instant au bout de ses lèvres.
— À moins que ce soit ce foutu boulot !
Les battements cardiaques résonnaient douloureusement dans le crâne de Frank Lemoine. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Une sensation de malaise s’installa et se concentra progressivement au creux de son estomac? impression lancinante, d’un vide au niveau du diaphragme, se lovant à chaque inspiration pour pénétrer en un point, un point de souffrance, un rien de point, un alien de point dans son épigastre. Le mal-être que Marcel Bodin avait emporté dans sa transmigration s’était non seulement incrusté dans la tête, mais il avait aussi envahi tout le corps du docteur Lemoine.
“Quel pied ! Un vaste espace de neurones sans activité mentale, de quoi prendre mes aises dans la matière grise.” Dans cette partie du cerveau, l’esprit de Frank Lemoine avait quitté les lieux, y abandonnant des débris de pensées, des morceaux d’idées et de souvenirs qui jonchaient le sol. Un désert déconnecté de l’activité cérébrale qui foisonnait tout autour. “Et quel point de vue superbe !” De là, Marcel Bodin surplombait toute la personnalité du toubib, avec ses étendues glorieuses, ses ravines de misère, ses zones d’ombre, ses remugles glauques et ses rares moments de bonheur. Il y avait de quoi occuper le nouveau locataire. »
(p. 43-44)
Une sale journée (p. 28-29)
Mise en ordre (p. 131-132)
Extrait court