Franz, www.amazon.fr, le 28 décembre 2015 :
? En flânant, on pêche parfois des livres sur les étalages des librairies, au jugé, pour l’attrait d’une couverture et on remonte dans son filet une nourriture inattendue qui phosphore et donne des ailettes aux chevilles ; ainsi du récit jacquaire d’Antoine Bertrandy, Vers Compostelle dont la rédaction a été achevée fin janvier 2014. Dans la littérature abondante, anecdotique et souvent dispensable suscitée par le pèlerinage multiséculaire et labellisé, le journal du pèlerin néophyte est une agréable surprise. Chapitré naturellement par étape mais titré en conséquence, les mises en exergue sont éclectiques et souvent superbes à l’exemple de l’ouverture d’Antonio Machado : “Voyageur, le chemin sont les traces de tes pas?” L’auteur sait lire et rendre compte de son voyage. Avec un avant-propos puis un prologue et une mise en route, l’écrivain voyageur capture immédiatement l’attention du lecteur. Humain, accessible, ouvert aux rencontres, Antoine de Bertrandy se met à nu, sans fard mais avec pudeur. Les dialogues retranscrits sont vivants et sonnent juste. Azine, “élégante maîtresse femme” octogénaire, régente avec acrimonie son petit monde nomade dans sa maison d’accueil. Déjà, une galerie de pèlerins s’expose malgré eux, saisis et croqués. Il y a Brent, l’Américain de Chicago : “Son teint subtilement hâlé, ses sourcils épilés, sa très fine barbe et ses sapes ajustées trahissent sa coquetterie” ; puis un Australien patibulaire : “Ses yeux clairs et vitreux ne trahissent pas une préférence pour le sirop de grenadine”. Heureusement survient Samuel, “sportif, constant, déterminé” avec qui l’auteur décide de marcher quelques jours. Relatant une foultitude de rencontres en mouvement, se croisant, se distendant, disparaissant, ressurgissant, dans une oscillation aléatoire aimantée vers l’objectif de la célèbre ville galicienne où gît Jacques le Majeur, l’un des douze apôtres du Christ. Le récit est passionnant de bout en bout, tour à tour enjoué, mélancolique, colérique et parfois drôle voire franchement hilarant à l’exemple de la “nuit de l’horreur”. Le style est alerte. Les mots semblent couler naturellement, avec aisance, fluidifiant des phrases d’autant plus percutantes qu’elles évitent l’emphase et le pathos. Les quelques clichés ne sont pas rédhibitoires ; ils habillent le propos d’une fraîcheur et d’une naïveté bienvenues, entretenant un élan fraternel que des descriptions incisives ne brisent jamais. L’humanité de l’auteur et celle des convives errants rendent le Camino vibrant et magnétique, insaisissable et accessible comme une longue portée musicale où s’enchevêtre depuis des siècles le souffle des pèlerins, dans des harmoniques inouïs. »
Claire Lesegretain, La Croix n° 40244, le 24 juillet 2015 :
? “Si chaque voyageur qui atteint Compostelle se mettait à écrire le récit de son voyage, il y en aurait plus de 200 000 par année.” Ce constat n’a pas découragé Antoine Bertrandy, parti à 35 ans de sa banlieue parisienne, par un matin d’octobre, pour s’élancer sur le Camino francés. Son récit, narré d’une plume alerte et souvent drôle, s’attache aux rencontres, d’une étape à l’autre, entre dîners (bien) arrosés au vin de La Rioja, lessives au savon de Marseille et insomnies en dortoir. Les langues se délient, les confidences s’échangent. Mais l’ennui et la déprime le guettent également, tout au long des 200 kilomètres de la Meseta, ce plateau aride et redouté des pèlerins qui fait toucher “le fond de son cloaque intérieur”.
Car l’auteur ne craint pas de décrire aussi, avec simplicité et justesse, ses propres faiblesses, ses tentations et sa lente transformation intérieures, soulignant “l’indéniable dimension thérapeutique de ce long voyage”. Même si, précise-t-il, l’ambition du pèlerin ne doit pas être de soigner sa névrose mais de nourrir son âme d’une ferveur nouvelle. Car, selon l’auteur qui se dit non croyant, comme 70 % des pèlerins de Saint-Jacques, mais qui aspire toutefois à un élan spirituel, le Chemin opère un petit miracle. “Je me suis peu à peu ouvert aux autres et tous ces autres, en se confiant à moi en retour, m’ont ouvert à moi-même. Surtout, ils m’ont ouvert les yeux sur mes peurs et mes frilosités, m’ont mis à nu et m’ont fait accepter, sans le savoir, ma part de sordide, de laid, de sale, de mort. Ma part de tristesse, de colère et de haine.” »
Jennifer Lesieur, www.metronews.fr, le 9 juillet 2015 :
? Encore un livre sur le “Camino”, comme ils disent ? Et pourquoi pas, puisqu’il y a autant de chemins de Saint-Jacques que de pèlerins. Après s’être amusé du récit d’Alix de Saint-André (En avant, route !) et ému de celui de Jean-Christophe Rufin (Immortelle randonnée), voici un nouveau témoignage qui sent bon les prairies traversées et moins bon les chaussures de marche à la fin de la journée. Car l’humour infuse ce récit, entre les portraits des compagnons de route croisés, les considérations pragmatiques de ce marathon de la marche, et les invitations à goûter au bonheur de l’instant. À croire que plus on a d’ampoules, plus l’âme s’élève. »
Marc Alaux, écrivain-voyageur, le 8 juillet 2015 :
? J’ai achevé la lecture de votre récit, et vraiment j’ai passé un moment délicieux. Ne m’en veuillez pas mais j’ai bien ri à vous imaginer vous entraînant dans Paris avec votre sac, vos chaussures de marche et Max Gallo ! Vous avez de belles expressions (“elle a vu des centaines de pèlerins surgir de son passé – le chemin qu’elle avait déjà parcouru – et s’engouffrer dans son avenir – le chemin qui lui était encore inconnu –, impuissante à les y accompagner”) mais c’est la fluidité de votre écriture que je retiens ainsi que la légèreté du ton, toujours intelligent. Maniant habilement l’humour, la moquerie et l’autodérision, vous avez trouvé un ton juste, mûr, ce qui n’était pas gagné d’avance, surtout dans un premier livre. Votre manière de parler au lecteur est également plutôt réussie ; c’est suffisamment bien amené pour s’insérer sans faute dans l’ensemble. Pareillement, vous arrivez (presque tout le temps) à employer quelques mots vulgaires sans vulgarité. Enfin, votre récit est plus profond en réflexions qu’il n’y paraît de prime abord et que bien d’autres relations de voyages vers Compostelle. Félicitations ! »
Marie-Laure Chassel, lecture-spectacle.blogspot.fr, le 7 juillet 2015 :
? Il y a le récit des étapes, les difficultés physiques, les aléas de l’hébergement, du fléchage, des paysages traversés – bords de route, banlieues ou superbes décors naturels, monastères et églises –, mais surtout les rencontres, et les motivations – quêtes bien différentes pour les uns et les autres.
De la version “tout à pied” aux trajets en bus, des ampoules aux désagréments digestifs, des lessives aux ronflements? ou autres mauvaises surprises nocturnes, des arnaques en tout genre, en leçons de vie, le pèlerinage oscille entre promenade de santé pour troupeau de touristes et vrai parcours du combattant. Le regard porté sur les autres par l’auteur évolue au fil des kilomètres, complaisance, suffisance parfois, l’empathie n’est pas si simple à trouver. Une belle galerie de personnages, de cabossés, se dessine au fil des pages.
Une lecture sans doute utile aux futurs pèlerins et qui offre aux autres un sympathique dépaysement, et l’occasion de quelques réflexions sur les priorités de la vie. De quoi est-on prêt à se délester ? Et en prime de belles citations à méditer en tête de chaque chapitre !
Merci à l’auteur pour cette découverte ! »
Céline Mermet, tassedeculture.blogspot.fr, le 6 juillet 2015 :
? Ayant moi-même commencé à faire le chemin l’année dernière, j’avais très envie de connaître d’autres expériences que la mienne. Dans Vers Compostelle, Antoine Bertrandy narre son parcours de Saint-Jean-Pied-de-Port jusqu’à Compostelle. Vingt-six jours de marche, vingt-six jours qui seront ponctués de rencontres et d’anecdotes. Il n’enjolive rien et évoque aussi bien les amitiés qui se nouent, ses anecdotes truculentes, son quotidien de marcheur que ses moments de doute, la difficulté de certaines étapes, son besoin de solitude alors qu’il est entouré de pèlerins, les punaises, les blessures, les odeurs mais aussi tout le côté “commercial” du Camino. Il parle également beaucoup du sens de son pèlerinage. Je me suis d’ailleurs beaucoup retrouvée dans ses réflexions et c’est peut-être pour ça que j’ai autant apprécié ce texte. Je me suis souvenu de ma propre expérience, tout en découvrant la sienne. Chaque chapitre du livre correspond à une étape : il se lit rapidement et pourtant qu’on a envie de faire durer cette lecture quand arrivent les derniers chapitres ! Toutefois, si la carte au début du livre nous montre le tracé du Camino real francés, j’ai regretté de ne pas trouver les différentes étapes de l’auteur dessus.
Vers Compostelle, Drôles de rencontres est un récit profondément humain qui m’a permis de retrouver l’ambiance du Camino et fait prendre conscience à quel point ne pas poursuivre ma route cette année va me manquer. Je vous le conseille donc ce livre, que vous ayez fait Compostelle ou non, pour découvrir ou prolonger l’expérience du Chemin. »
François-Xavier Maigre, Panorama n° 520, juillet-août 2015 :
? Le premier ouvrage à se démarquer, celui d’Antoine Bertrandy, vaut par l’épaisseur des rencontres qui en jalonnent le cours. Drôle, ciselé. Et très juste. »
Gaëlle Marty, L’Amour des livres n° 125, été 2015 :
? “Il faut préférer à la fausse sécurité de l’enfermement le nomadisme heureux de l’âme.” En vingt-six étapes, toutes introduites par une citation en lien avec le thème de chacune d’elles (“Chercher Dieu ou la wi-fi ?” par exemple), nous cheminons avec le marcheur de Saint-Jean-Pied-de-Port à Compostelle par le Camino real francés. Un journal de bord amusant, curieux, bigarré des couleurs de la vie au jour le jour. »
Luc Adrian, Famille chrétienne n° 1952, les 13-19 juin 2015 :
? Beaucoup d‘humour dans Vers Compostelle, Drôles de rencontres qu’Antoine Bertrandy dédie à sa femme Papillon, sa fille Fleur et? “à toi qui bientôt”. Confession dès le prologue : “On attend sans doute d’un pèlerin qu’il clame haut et fort sa dévotion à Jésus-Christ, mais je dois avouer, à regret, n’avoir jamais ressenti la foi. Jusqu’à envier parfois ceux qui disent l’éprouver sans ambiguïté. Et même, étant le digne héritier d’une famille d’enfants de chœur apostats bercés par le ronron dominical des messes de campagne [?], je ne suis pas toujours très réceptif aux Saintes Écritures.” Le ton est donné : drôle, incisif, parfois impertinent. Bertrandy retoque même l’académicien Jean-Christophe Rufin dont la phrase d’attaque d’Immortelle randonnée est devenue célèbre (“En partant vers Saint-Jacques, je ne cherchais rien et je l’ai trouvé.”) en lui préférant celle du baladin-pèlerin Yves Duteil : “J’ignore ce que je suis venu chercher, mais je l’ai trouvé.” Ce qui le rend très sympathique. »
Nathalie Glorion, www.lespassionsdechinouk.com, le 10 juin 2015 :
? Je crois que de tous les récits que j’ai lus sur ce pèlerinage, le livre d’Antoine Bertrandy est celui qui m’a le plus parlé. L’auteur est parti avec son sac à dos marcher sur le chemin, car il souhaitait réaliser un désir ancien. Une envie de découverte et de liberté, mais en s’interrogeant longuement sur ses motivations à parcourir le chemin. “Au fait, qu’est-ce donc qu’un pèlerinage ? Je ne sais plus ce dont il s’agit. Un voyage au long cours ? Un voyage intérieur ? Un voyage vers l’Apôtre ? Une colonie de vacances pour adultes ? Que dois-je attendre de cette aventure ? C’est le grand flou.” Dès sa mise en route, on est dans le bain et sa première nuit – ou plutôt son premier petit-déjeuner – chez Azine, sa logeuse à Saint-Jean-Pied-de-Port est épique !
Je sais déjà que je vais me régaler à lire ses aventures et je ne me suis pas trompée, car j’ai très souvent souri à lire les déboires de ses nuits en collectivité ou des feintes pour “perdre” un pèlerin trop collant. J’ai aimé son honnêteté : il ne cache ni ses doutes, ni ses difficultés, ni ses coups de cœur (au risque de froisser sa femme à son retour) – il nous les conte avec beaucoup d’humour.
On distingue deux étapes dans son cheminement, il y a un avant et un après la Meseta (plaine désertique de 200 kilomètres entre Burgos et León). Avant, Antoine trace la route, vite, très vite, il suit son guide et ses cartes à la lettre, trop finalement, car il n’a pas de place pour l’imprévu. Après cette épreuve, il en prend conscience et décide alors de les abandonner, ne réserve plus ses hébergements à l’avance, il laisse le chemin décider pour lui et une autre aventure commence.
Certaines choses m’ont surprise dans ce livre (et m’ont conforté dans mon idée que ce chemin était de plus en plus mercantile), c’est que certaines églises hors saison sont soit fermées, soit payantes, ou bien de devoir payer 150 ? si l’on veut voir se balancer le Botafumeiro !
Le retour d’un tel périple laisse des traces physiques et psychologiques que les gens n’ayant pas entrepris un tel voyage ne peuvent comprendre. Quoi de mieux qu’un livre pour leur expliquer, en a décidé l’auteur. Et je l’en remercie. L’écriture d’Antoine Bertrandy est fluide et très agréable à lire, le récit est découpé en étapes avec une petite citation, pensée, couplet de chanson au début de celle-ci.
Vers Compostelle, Drôles de rencontres est une lecture vraiment enrichissante qui m’a énormément parlé. Je souhaite à ce récit tout le succès qu’a pu avoir l’Immortelle randonnée de Jean-Christophe Rufin, voire davantage car je trouve le livre d’Antoine plus dans le vrai. Si vous commencez ce livre, ne prévoyez rien à faire dans les heures qui suivent, car vous ne pourrez pas le lâcher. »
Jacques Clouteau, Les Zoreilles du Chemin n° 54, juin 2015 :
? Antoine Bertrandy, l’auteur, nous conte son voyage depuis les Pyrénées jusqu’à Santiago, par le Camino francés. Déjà, dès le départ, ce livre n’aurait jamais dû franchir la barrière du comité de lecture, puisque ceux qui commencent leur pérégrination à Saint-Jean-Pied-de-Port loupent une grande partie du chemin, par choix ou par défaut. Et leurs textes se ressentent fortement de cette amputation.
Toutefois cet ouvrage, dès les premières pages, porte ce petit souffle de printemps qui nous change agréablement des lourdes chaleurs littéraires. Antoine possède l’art de conter les rencontres et de ciseler les personnages qui croisent sa route.
Il a laissé en France sa compagne Papillon et son enfant Fleur, et parle souvent de ses deux amours qui lui manquent et de ce chemin qu’il devait absolument faire. Et pourtant, cheminant près d’une jeune Autrichienne au regard si doux, la tentation sera grande de s’abandonner. Il résistera cependant?
Au retour de Santiago, débarquant à Paris en avion, il choisit de rentrer chez lui et de regagner sa banlieue à pied, le sac sur le dos, bouclant ainsi lentement son chemin, à la mesure de ses pas. Et complétant ainsi son récit d’une belle touche d’humanité, et d’une jolie surprise dont nous vous laissons la primeur? »
Mariette Lacoste, Pleine vie, juin 2015 :
? Rédacteur dans une agence de presse, coursier à vélo, directeur de campagne électorale? l’auteur a fait tous les métiers jusqu’à ce jour où Saint-Jacques l’a comme appelé. Son récit, riche de rencontres truculentes, d’anecdotes croustillantes, raconte pourquoi et comment ce chemin a changé sa vie. »
Jean-Louis Bourlanges, France Culture, le 31 mai 2015 :
? C’est assez fascinant parce qu’Antoine Bertrandy fait partie de ces nombreux pèlerins qui n’ont pas la foi. On a donc quelque chose de nouveau qui est cette sensibilité très profondément marquée par les valeurs chrétiennes mais qui s’arrête en réalité au Credo. Le Credo, ça ne passe pas ! Pourtant ce livre permet de comprendre ce qu’est un pèlerinage. Et un pèlerinage, c’est en fait la vie. Le sous-titre, c’est “drôles de rencontres”, et donc il y a toutes sortes de rencontres, il y a des joies, des souffrances, des bruits, des odeurs? Mauvaises, d’ailleurs ! Et puis il y a aussi un certain nombre de personnalités : il y a là la logeuse acariâtre, le berger homosexuel, l’allemande obèse nymphomane? Mais ce qui est intéressant, c’est que l’on va au-delà de cela et qu’on comprend que le pèlerinage, c’est à la fois la vie, la vie en plus court, en plus cohérent car toutes ces rencontres de hasard sont en fait organisées, ordonnées autour de l’itinéraire, et deuxièmement, une vie qui ne se termine pas par la mort mais par la vie puisque le terme du pèlerinage ouvre sur une sorte de résurrection. »
Philippe Meyer, France Culture, le 31 mai 2015 :
? Il y a dans le livre d’Antoine Bertrandy un plaisir de l’observation et une sorte d’absence de complaisance envers tous les lieux communs qui pourraient venir nourrir la plume de quelqu’un qui fait ce genre de récit, avec quelques moments qui, je dois dire, n’incitent pas absolument à se lancer sur ses traces? »
Emmanuelle Gibert, excalibri.blogspot.fr, le 31 mai 2015 :
? Antoine Bertrandy relate son pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle avec une grande humilité ; on est loin du récit de Jean-Christophe Rufin, que j’ai lu il y a quelques années. Je pense que celui d’Antoine Bertrandy est bien plus proche de la réalité du Chemin. L’auteur parle de son aventure avec pudeur mais sans l’enjoliver. Il ne cache pas les douleurs, les peines, les difficultés, les doutes et les peurs qui sont autant d’obstacles que d’enrichissements pour les marcheurs au long cours. C’est un livre qui se lit vite, dont l’écriture est agréable et vivante.
Avec beaucoup d’humour et d’autodérision, mais aussi une grande lucidité, l’auteur relate son voyage initiatique étape par étape, en mettant l’accent sur les nombreuses rencontres qu’il a faites en chemin, et ce qu’elles lui ont apporté. Tout au long du livre, il s’interroge (et donne quelques réponses) sur les motivations des pèlerins : pourquoi partir ? Pourquoi s’infliger toutes ces difficultés, et parfois même cette souffrance ? Que viennent chercher les pèlerins sur le Chemin ? Autrefois, les raisons étaient évidentes : on y allait pour une cause religieuse. Mais aujourd’hui, la plupart des pèlerins ont d’autres raisons, parfois inconscientes (c’est le cas de l’auteur, qui finira par découvrir ses propres motivations en chemin), parfois complexes. Une belle réflexion sur ce qui anime les pèlerins, sur le sens de ce voyage initiatique.
À travers le récit d’Antoine Bertrandy, on découvre également la réalité de la vie quotidienne, notamment en ce qui concerne les nuits difficiles, la promiscuité permanente avec des inconnus, les dortoirs parfois bruyants et bondés, l’impossibilité fréquente de marcher seul, etc. Et j’avoue que cela ne me donne guère envie de suivre le Chemin? ou alors avec ma toile de tente ! En lisant ce récit, on a tout de même envie de partir seul avec un sac à dos (et ça me tente vraiment depuis longtemps, surtout que je vis SUR le chemin de Saint-Jacques, que j’emprunte quelque peu chaque jour en emmenant mon fils à l’école et en voyant défiler les pèlerins?), mais personnellement (et cela n’engage évidemment que moi) je crois que, finalement, j’irai marcher ailleurs que sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, bien trop fréquenté à mon goût, et son aspect “tout tracé” me dérange un peu.
En bref, ce fut pour moi une lecture enrichissante et très agréable. Merci à Antoine Bertrandy d’avoir si bien su partager son expérience ! »
Bernard Chevilliat, Ultreïa n° 3, printemps 2015 :
? Un matin d’automne, Antoine Bertrandy le Francilien part tout fringant depuis Saint-Jean-Pied-de-Port sur el Camino real francés, la partie réputée facile du chemin de Saint-Jacques mais pas la plus champêtre non plus? Pas si facile en définitive. Vingt-six étapes. “Sisyphe portant jour après jour son fardeau un peu plus haut”, il se retrouve bientôt en train de “gravir le relief plat et sombre de son âme tourmentée”. Incroyant il est, incroyant il restera. Il est venu engager un travail d’introspection et cherche comme beaucoup à se désencombrer la tête. En fait, à l’instar d’Yves Duteil, il ignore encore ce qu’il est venu chercher mais il va le trouver : “ses peurs et ses frilosités” et, en vrac, sa part de tristesse, d’orgueil et de colère. Et puis ce qui va rester : “un élan de joie”. Les lucides carnets d’étapes, parcourus d’humour qu’il rapporte de ce périple, restituent ses humeurs hautes et basses et la trivialité que nombre de pèlerins, souvent plus touristes que pèlerins d’ailleurs, infligent ou affrontent au quotidien ? La promiscuité, l’addiction au smartphone des uns, la course au wi-fi des autres, les ego qui fermentent ou la souffrance des corps rendent le côtoiement pesant et doux. La marche toujours et encore. L’obsession des pieds meurtris d’abord puis le rythme qui s’installe. La beauté des levers de soleil l’estourbit. Les intempéries le ravissent. Il se sent soudain affermi. “S’inventer un destin de pèlerin, se comparer aux voyageurs du Moyen Âge, c’est être coupable de vanité, la vanité suprême de s’en être affranchi.” Ce récit ne prétend pas à la spiritualité. Il est un long fleuve de rencontres pittoresques. Compagnons volubiles ou tente compagne, “concerto pour camions” ou silence des monts, rien n’est esquivé. À Burgos, coup de colère. Trois euros cinquante pour entrer dans l’église : “Jésus, pour une fois que les portes de Ta maison n’étaient pas cadenassées !” Il nous avait prévenus : “C’est aussi cela, Compostelle.” »
Tyn Braun, Globe-Trotters n° 160, mars-avril 2015 :
? Un récit de voyage le long du Camino francés : marche jusqu’à Saint-Jacques, souffrances et joies de la randonnée, paysages et villages pittoresques mais surtout les rencontres du chemin. Celles qui éveillent des questionnements, celles qui éclairent sur ses motivations, celles qu’il cherche à éviter à tout prix, celles qui apaisent ou qu’il retrouve au fil des étapes avec plaisir. Dans un style vivant et avec humour, l’auteur raconte son aventure. Un chemin pour avancer, pour apprendre l’humilité, qui lui permettra de se découvrir, de se transformer. Une expérience inoubliable pour prendre un nouveau départ dans la vie. »
Bénédicte Fougier, www.amazon.fr, le 3 mars 2015 :
? Ce livre est sans conteste l’une des excellentes surprises de ce début d’année 2015. Petit bijou d’humour et d’humanisme, il renouvelle profondément le genre du récit de Compostelle. Si la quête de soi et la recherche de spiritualité restent au cœur de ce chemin, elles s’incarnent dans les multiples rencontres d’Antoine Bertrandy qui, par leur empathie, donnent au livre toute sa chair. La grande force de l’auteur est également son autodérision constante, qui lui permet de nous donner à lire des épisodes souvent passés sous silence mais ô combien truculents (odeurs et humeurs acquièrent ici un charme réel) ! Enfin, l’écriture est limpide, elle accompagne le parcours d’Antoine Bertrandy sans jamais l’éclipser. Bref, une lecture jouissive et un grand bravo pour ce premier roman qui j’espère en annonce bien d’autres ! »
Nathalie Kermorvant, Le Télégramme n° 21663, le 1er mars 2015 :
? Quand, chaussures de rando aux pieds et bâton en main, Antoine Bertrandy s’élance sur le Camino francés, il ignore ce qu’il est venu chercher sur le chemin de Compostelle. Pourtant, il va le trouver. Arrivé à Santiago, terme de son périple, il aura changé. Rien de mystique dans cette mue, le Chemin vibrant moins de spiritualité que de smartphones ! Mais au fil des jours, dans la simplicité retrouvée – marcher, manger, dormir –, l’auteur avance dans sa tête : un travail d’introspection lui permet de prendre du recul sur les événements, de laisser la réflexion mûrir. Bien sûr, durant plus d’un mois de voyage, Antoine croise d’innombrables pèlerins. Ces rencontres sympathiques ou pénibles, drôles ou étonnantes, fonctionnent comme des miroirs : mettant sa vie en perspective, il porte sur elle un regard neuf. Les masques tombent, il a trouvé sa voie. Et c’est avec empathie et plaisir qu’on a cheminé à ses côtés. »
Marc Wiette, www.amazon.fr, le 25 février 2015 :
? Autant j’avais aimé Immortelle randonnée avant de faire le chemin, autant j’ai relu son livre après et son histoire n’avait finalement pas grand-chose à voir avec ce que j’ai vécu. L’histoire d’Antoine Bertrandy est beaucoup plus proche de ce que j’ai vécu. J’avais déjà prévu de repartir mais la lecture de son livre me pousse encore un peu plus à reprendre le chemin. »
Sylvie Francotte, www.radiocamino.net, le 22 février 2015 :
? “Si chaque voyageur qui atteint Compostelle se mettait à écrire le récit de son voyage, il y en aurait plus de 200 000 par année.” Heureusement qu’Antoine Bertrandy ne s’est pas arrêté à ce constat ! Au contraire, il nous régale d’un récit palpitant, truculent parfois, où sa plume virevolte pour nous décrire ses aventures, ses sentiments, ses rencontres. Impossible de ne pas sourire en lisant le récit d’Antoine. En particulier ses lessives et ses insomnies dans les dortoirs, qui m’ont résolument confortée dans mon goût des rivières et des nuits à la belle étoile !
“Mon voyage a été plus que tout autre chose un chemin de rencontres.” On n’a pas toujours envie de se reconnaître dans les personnages que dépeint Antoine, avec bienveillance mais aussi avec un réalisme qui fait un peu peur, parfois. Exception faite de Teodora, la jolie Bulgare de 20 ans qui a remonté le chemin à contre-courant jusque León. “Elle distribue sa joie, ses sourires, et fait émerger l’émerveillement autour d’elle. Elle semble vivre au rythme du cosmos, touchée par des vibrations d’une intensité incroyable [?] Elle butine et essaime au gré des rencontres, chassant le vague à l’âme d’un rayon de bonheur.”
J’admire tout spécialement chez Antoine la grande confiance qu’il accorde à son lecteur en se confiant corps et âme. Lorsqu’il décrit ses côtés obscurs, ses moments de faiblesse, et lorsqu’il relate sa lente transformation intérieure. “Je me suis peu à peu ouvert aux autres et tous ces autres, en se confiant à moi en retour, m’ont ouvert à moi-même. Surtout, ils m’ont ouvert les yeux sur mes peurs et mes frilosités, m’ont mis à nu et m’ont fait accepter, sans le savoir, ma part de sordide, de laid, de sale, de mort. Ma part de tristesse, de colère et de haine.”
Plus loin : “Encore quelques instants et je serai soulagé de la croix de l’aveuglement et découvrirai la raison de mon voyage intérieur : la joie sublime et jaillissante de celui qui, dans le tréfonds de lui-même et à l’humble force de ses mollets, s’est trouvé.” Et plus loin encore : “Ce petit relief marque le sommet jubilatoire de mon chemin et, d’une certaine manière, le début de la dernière phase de mon voyage : celle de la jouissance de l’âme.”
Impossible de ne pas se reconnaître dans les anecdotes vécues par Antoine? Sa nuit avec Claudia est un de mes passages préférés. Déjà il faut oser raconter des moments aussi intimes. Trouver les mots justes qui emmènent le lecteur jusque sous le lit à deux étages où se trame une scène d’une remarquable intensité dramatique. Et ensuite, il en faut du courage pour ne pas perdre ses repères et se laisser entraîner dans la volupté du chemin. Chapeau, Antoine, tu oses te mette à nu !
De retour à Paris, Antoine s’est mis à écrire, écrire, écrire. Sa façon d’atterrir. De partager son vécu avec ses proches, mais aussi avec nous, heureux lecteurs témoins de son départ dans une vie nouvelle, pleine de bonheurs à venir : “L’essentiel est d’être parvenu à surmonter mes obstacles intérieurs jusqu’à atteindre le but ultime de ma marche, Santiago. Après quoi je peux revenir chez moi. Ni neuf, ni nouveau, mais plus fort. Sublimé et rayonnant de confiance et de joie.” »
Jean-François Fejoz, chemincompostelle.over-blog.com, le 8 février 2015 :
? Antoine Bertrandy raconte son chemin. Jusque-là rien d’exceptionnel. Mais il a une façon de tout raconter (des odeurs corporelles à l’élévation de soi) et avec sincérité. Son humour est le meilleur qui soit, nourri d’autodérision. Ses dialogues sont truculents. Malgré les apparences du texte, il a moins de mépris pour les autres pèlerins que l’ex-ambassadeur. Il n’a pas peur de se mêler à eux, lui. Sa seule erreur, c’est de ne s’être donné qu’une année pour marcher et de n’être parti que des Pyrénées. Il nous prive de ce qu’il aurait pu nous dire sur son chemin en France. Ah, s’il était parti de Paris ! Sa définition du Camino ? “un élan de joie, une invitation à faire et à aimer”. Parmi les rencontres, il y a Henri, ce jeune type “avec une tête de premier de la classe et l’allure de celui qui sort tout droit des pages du Figaro Madame”. La description est savoureuse : cannes de serin, polo de rugby, forme éclatante, conversation, suffisance? »