
Les loups des Montes de Oca :
« Notre dépouillement ne serait-il pas, au fond, qu’une posture et ne sommes-nous pas, finalement, rien d’autre qu’obsédés par nous-mêmes, incapables de nous intéresser à ce qui ne nous concerne pas directement, et préoccupés par rien d’autre que notre jouissance personnelle ? S’inventer un destin de pèlerin, se comparer aux voyageurs déguenillés du Moyen Âge, c’est être coupable de vanité, la vanité suprême de celui qui a la prétention de s’en être affranchi. Certains jours, rien n’a plus d’importance que nos ampoules aux pieds, le poids de notre sac à dos et le temps qu’il fait. Que nous importent l’histoire récente de l’Espagne et la destinée des Syriens, des Ukrainiens et des Centrafricains ? Nos pieds nous portent et nous ne désirons rien voir d’autre. Le “moi”, objet égotiste, prend le dessus sur le “je”, sujet de l’expérience intérieure. Ça n’est plus une libération de l’âme mais le triomphe exquis et conformiste de notre individualité. J’en éprouve le fort sentiment aujourd’hui, alors qu’il s’agit, pour la plupart des pèlerins, d’être mieux à soi-même et au monde : à prétendre mener un chemin spirituel et prétendument désintéressé, nous risquons en permanence de tomber dans le fossé de l’obsession narcissique, de nous retrancher du monde, de devenir parfaitement acosmiques. »
Même les Bavarois peuvent être généreux (p. 127-130)
Au fond du trou, la lumière (p. 204-207)
Le lâcher-prise (p. 209-212)
« Notre dépouillement ne serait-il pas, au fond, qu’une posture et ne sommes-nous pas, finalement, rien d’autre qu’obsédés par nous-mêmes, incapables de nous intéresser à ce qui ne nous concerne pas directement, et préoccupés par rien d’autre que notre jouissance personnelle ? S’inventer un destin de pèlerin, se comparer aux voyageurs déguenillés du Moyen Âge, c’est être coupable de vanité, la vanité suprême de celui qui a la prétention de s’en être affranchi. Certains jours, rien n’a plus d’importance que nos ampoules aux pieds, le poids de notre sac à dos et le temps qu’il fait. Que nous importent l’histoire récente de l’Espagne et la destinée des Syriens, des Ukrainiens et des Centrafricains ? Nos pieds nous portent et nous ne désirons rien voir d’autre. Le “moi”, objet égotiste, prend le dessus sur le “je”, sujet de l’expérience intérieure. Ça n’est plus une libération de l’âme mais le triomphe exquis et conformiste de notre individualité. J’en éprouve le fort sentiment aujourd’hui, alors qu’il s’agit, pour la plupart des pèlerins, d’être mieux à soi-même et au monde : à prétendre mener un chemin spirituel et prétendument désintéressé, nous risquons en permanence de tomber dans le fossé de l’obsession narcissique, de nous retrancher du monde, de devenir parfaitement acosmiques. »
(p. 146-147)
Même les Bavarois peuvent être généreux (p. 127-130)
Au fond du trou, la lumière (p. 204-207)
Le lâcher-prise (p. 209-212)