
Balade frontalière :
« Je suis las, perdu entre deux pays, charriant la désolation de mon fardeau, quand une soudaine culbute me l’arrache. Les quatre fers en l’air sur des rochers traîtres, j’analyse les avaries. Pas de casse. Pourtant, mes jambes tremblent. Alors je ne porte plus. Je traîne le canoë, je jette les sacs, je chancelle de rocher en rocher : tout pour en finir au plus vite avec ce bourbier. Je n’ose regarder l’état du matériel. Jamais je n’ai rompu les rangs devant la difficulté. Au contraire, celle-ci m’a toujours poussé à me surpasser, aussi bien physiquement que mentalement. Or, à aucun moment, je n’ai autant plié. Ni les chiens sauvages de l’Atlas, ni les rudes conditions des stages militaires de Caylus ne m’avaient autant ébranlé. La peur, inévitable compagne de l’aventure, est génératrice de courage et de dépassement. Mais le doute et le découragement sont terribles. Cet après-midi, ils tentent d’enfoncer la porte de mon âme. J’ai envie de pleurer. Que m’arrive-t-il donc ? Les tempêtes et la faim étaient bien plus cruelles que ces enfantillages de castors ! Pourtant, c’est aujourd’hui que le doute me transperce pour la première fois : je ne sais plus si j’aurai la force d’atteindre l’Arctique. Je savais bien que le voyage serait ardu, mais avait-il besoin de l’être autant ? Cela ne fait que deux mois et demi que je suis parti et les épreuves s’accumulent déjà. Combien d’autres encore essaieront de m’abattre ? »
L’appel du Grand Nord (p. 19-24)
Jack et Anita (p. 207-209)
Les terres giboyeuses (p. 256-258)
« Je suis las, perdu entre deux pays, charriant la désolation de mon fardeau, quand une soudaine culbute me l’arrache. Les quatre fers en l’air sur des rochers traîtres, j’analyse les avaries. Pas de casse. Pourtant, mes jambes tremblent. Alors je ne porte plus. Je traîne le canoë, je jette les sacs, je chancelle de rocher en rocher : tout pour en finir au plus vite avec ce bourbier. Je n’ose regarder l’état du matériel. Jamais je n’ai rompu les rangs devant la difficulté. Au contraire, celle-ci m’a toujours poussé à me surpasser, aussi bien physiquement que mentalement. Or, à aucun moment, je n’ai autant plié. Ni les chiens sauvages de l’Atlas, ni les rudes conditions des stages militaires de Caylus ne m’avaient autant ébranlé. La peur, inévitable compagne de l’aventure, est génératrice de courage et de dépassement. Mais le doute et le découragement sont terribles. Cet après-midi, ils tentent d’enfoncer la porte de mon âme. J’ai envie de pleurer. Que m’arrive-t-il donc ? Les tempêtes et la faim étaient bien plus cruelles que ces enfantillages de castors ! Pourtant, c’est aujourd’hui que le doute me transperce pour la première fois : je ne sais plus si j’aurai la force d’atteindre l’Arctique. Je savais bien que le voyage serait ardu, mais avait-il besoin de l’être autant ? Cela ne fait que deux mois et demi que je suis parti et les épreuves s’accumulent déjà. Combien d’autres encore essaieront de m’abattre ? »
(p. 100-101)
L’appel du Grand Nord (p. 19-24)
Jack et Anita (p. 207-209)
Les terres giboyeuses (p. 256-258)