
Géants des mers :
« Rouen est un port immense. J’en prends toute la mesure en sortant de la ville par la piste cyclable aménagée sur la rive droite de la Seine. Le fleuve prend désormais une allure plus maritime. C’est d’ailleurs le nom donné au dernier département traversé par la Seine. Le climat y est océanique. Ce matin, le temps est gris et couvert. Les clochers de la capitale normande ont laissé place aux portiques du premier port céréalier d’Europe et à ses immenses silos à grains. Ici, on ne voit plus les traditionnelles péniches venues de Gennevilliers débarquer leurs modestes cargaisons de 5 000 tonnes. Ici, on accueille du lourd. Des géants des mers de presque 300 mètres de long, des navires de 180 000 tonnes. Par sa superficie, par la taille de ses infrastructures et de ses bateaux, la zone portuaire en aval de la vieille ville est impressionnante. Je la regarde ébahi, tout en roulant sur la piste cyclable qui me permet d’avancer en sécurité, protégé de l’intense trafic routier. À Rouen, l’appel du grand large se traduit aussi par l’organisation tous les quatre ans de l’Armada, le rassemblement des plus beaux voiliers du monde. Habitué du lieu, le trois-mâts barque mexicain Cuauhtémoc était là avec une quarantaine d’autres navires lors de la dernière édition en juin 2023. Marins et amateurs de vieux gréements sont toujours fidèles à ce rendez-vous hautement festif. En juin 2023, la Grande Parade fut particulièrement bien arrosée. Et pas seulement par la pluie.
À partir de maintenant, je commence ma descente de l’estuaire de la Seine jusqu’à l’embouchure du Havre. Descente est d’ailleurs un mot bien excessif, car cette dernière partie de l’itinéraire est quasiment plate. Une absence de relief qui permet à la Seine de se tordre en de nombreux méandres. Elle n’est décidément pas pressée de se jeter dans l’océan. Moi non plus, je ne suis pas particulièrement désireux de me dépêcher. Les journées sont denses. Plus elles passent et moins j’ai envie de rentrer. Sans que l’on y prenne garde, parce qu’il affûte le corps et l’esprit, le vélo de voyage devient vite une addiction. Je me sens bien dehors, pédalant au rythme lent de la Seine. Pas envie de me retrouver demain avec un plafond étroit au-dessus de la tête. Je préfère le ciel immense. Et celui de Normandie peut être splendide, quand il est dans de bonnes dispositions. »
Naufrage (p. 72-73)
Le maître de la lumière (p. 209-210)
Extrait court
« Rouen est un port immense. J’en prends toute la mesure en sortant de la ville par la piste cyclable aménagée sur la rive droite de la Seine. Le fleuve prend désormais une allure plus maritime. C’est d’ailleurs le nom donné au dernier département traversé par la Seine. Le climat y est océanique. Ce matin, le temps est gris et couvert. Les clochers de la capitale normande ont laissé place aux portiques du premier port céréalier d’Europe et à ses immenses silos à grains. Ici, on ne voit plus les traditionnelles péniches venues de Gennevilliers débarquer leurs modestes cargaisons de 5 000 tonnes. Ici, on accueille du lourd. Des géants des mers de presque 300 mètres de long, des navires de 180 000 tonnes. Par sa superficie, par la taille de ses infrastructures et de ses bateaux, la zone portuaire en aval de la vieille ville est impressionnante. Je la regarde ébahi, tout en roulant sur la piste cyclable qui me permet d’avancer en sécurité, protégé de l’intense trafic routier. À Rouen, l’appel du grand large se traduit aussi par l’organisation tous les quatre ans de l’Armada, le rassemblement des plus beaux voiliers du monde. Habitué du lieu, le trois-mâts barque mexicain Cuauhtémoc était là avec une quarantaine d’autres navires lors de la dernière édition en juin 2023. Marins et amateurs de vieux gréements sont toujours fidèles à ce rendez-vous hautement festif. En juin 2023, la Grande Parade fut particulièrement bien arrosée. Et pas seulement par la pluie.
À partir de maintenant, je commence ma descente de l’estuaire de la Seine jusqu’à l’embouchure du Havre. Descente est d’ailleurs un mot bien excessif, car cette dernière partie de l’itinéraire est quasiment plate. Une absence de relief qui permet à la Seine de se tordre en de nombreux méandres. Elle n’est décidément pas pressée de se jeter dans l’océan. Moi non plus, je ne suis pas particulièrement désireux de me dépêcher. Les journées sont denses. Plus elles passent et moins j’ai envie de rentrer. Sans que l’on y prenne garde, parce qu’il affûte le corps et l’esprit, le vélo de voyage devient vite une addiction. Je me sens bien dehors, pédalant au rythme lent de la Seine. Pas envie de me retrouver demain avec un plafond étroit au-dessus de la tête. Je préfère le ciel immense. Et celui de Normandie peut être splendide, quand il est dans de bonnes dispositions. »
(p. 247-248)
Naufrage (p. 72-73)
Le maître de la lumière (p. 209-210)
Extrait court