Le berceau de Harutyun, le futur poète :
« Comme il n’était ni roi ni prince héritier, Sayat-Nova n’avait pas de portrait accroché dans les musées ou dans les collections privées.
On reste indifférent au nom
De celui qui porte haillons.
Pour ta plaie, Sayat-Nova,
Il n’y a point de solutions.
Et les médecins n’en trouvent pas,
À quoi bon les incantations ?
Les artistes peintres s’ingéniaient à le montrer sous ses plus beaux atours. Une très savante coupe de cheveux rejetés en arrière et une barbe soigneusement taillée entouraient un visage aux traits délicats et romantiques. Richement vêtu, il tenait sa plume de poète dans une main et dans l’autre un kamancha, son instrument de musique préféré. Ces représentations, de toute évidence sublimées, enjolivées, ne correspondaient pas à l’existence frugale et austère qu’avait menée le barde au xviiie siècle. Sayat-Nova plaisait sans doute aux femmes car il avait connu des scandales au temps où il était barde à la cour du roi. Et puis, Sergueï Paradjanov le montre à plusieurs reprises résistant à la tentation féminine alors qu’il portait la robe noire des moines au monastère de Haghpat.
Les informations concernant le barde étaient en grande partie hypothétiques. On ignorait presque tout de lui. Quel était son vrai patronyme ? Sayat-Nova était un nom de plume qui mettait son talent en valeur et faisait de lui le maître des mélodies, le roi des chants. Né pauvre, il était mort pauvre : pour toute richesse, un moine avait sa robe noire et son caractère irréprochable. Après avoir écrit son premier poème en 1742, il était devenu le barde de Héraclius II à la cour de Kakhétie en 1744, mais il se savait substituable, et en quelque sorte sur la sellette : les bardes ne manquaient pas ; il était un parmi beaucoup d’autres. Une fois tombé en disgrâce, il avait été déchu comme poète et barde, puis exilé. Il avait passé une quarantaine d’années en retrait. Après avoir exercé dans une église arménienne sur la côte sud-ouest de la mer Caspienne, il avait rejoint le monastère de Haghpat pour le restant de ses jours. Ioane, son fils, aurait pu fournir plus d’informations dignes de confiance lorsqu’il résidait à Saint-Pétersbourg en 1823 et qu’il enregistrait les poèmes de son père dans le manuscrit. »
La princesse Ana ou l’amour proscrit (p. 124-125)
Les acclamations de la postérité (p. 160-161)
Extrait court
« Comme il n’était ni roi ni prince héritier, Sayat-Nova n’avait pas de portrait accroché dans les musées ou dans les collections privées.
On reste indifférent au nom
De celui qui porte haillons.
Pour ta plaie, Sayat-Nova,
Il n’y a point de solutions.
Et les médecins n’en trouvent pas,
À quoi bon les incantations ?
Les artistes peintres s’ingéniaient à le montrer sous ses plus beaux atours. Une très savante coupe de cheveux rejetés en arrière et une barbe soigneusement taillée entouraient un visage aux traits délicats et romantiques. Richement vêtu, il tenait sa plume de poète dans une main et dans l’autre un kamancha, son instrument de musique préféré. Ces représentations, de toute évidence sublimées, enjolivées, ne correspondaient pas à l’existence frugale et austère qu’avait menée le barde au xviiie siècle. Sayat-Nova plaisait sans doute aux femmes car il avait connu des scandales au temps où il était barde à la cour du roi. Et puis, Sergueï Paradjanov le montre à plusieurs reprises résistant à la tentation féminine alors qu’il portait la robe noire des moines au monastère de Haghpat.
Les informations concernant le barde étaient en grande partie hypothétiques. On ignorait presque tout de lui. Quel était son vrai patronyme ? Sayat-Nova était un nom de plume qui mettait son talent en valeur et faisait de lui le maître des mélodies, le roi des chants. Né pauvre, il était mort pauvre : pour toute richesse, un moine avait sa robe noire et son caractère irréprochable. Après avoir écrit son premier poème en 1742, il était devenu le barde de Héraclius II à la cour de Kakhétie en 1744, mais il se savait substituable, et en quelque sorte sur la sellette : les bardes ne manquaient pas ; il était un parmi beaucoup d’autres. Une fois tombé en disgrâce, il avait été déchu comme poète et barde, puis exilé. Il avait passé une quarantaine d’années en retrait. Après avoir exercé dans une église arménienne sur la côte sud-ouest de la mer Caspienne, il avait rejoint le monastère de Haghpat pour le restant de ses jours. Ioane, son fils, aurait pu fournir plus d’informations dignes de confiance lorsqu’il résidait à Saint-Pétersbourg en 1823 et qu’il enregistrait les poèmes de son père dans le manuscrit. »
(p. 77-79)
La princesse Ana ou l’amour proscrit (p. 124-125)
Les acclamations de la postérité (p. 160-161)
Extrait court