Nids d’aigle :
« Voici aussi une leçon de ses voyages à l’étranger, songeait le camionneur : il y avait un peuple yéménite. Si les individus différaient selon les régions, par leurs habits, leurs dialectes, leurs habitudes, une âme commune les rassemblait. Et comme il était aisé de distinguer un Yéménite d’un Saoudien ou d’un Émirati. Rien que par leur attitude, ou le port du shmar noir et blanc ! Il fallait voir les Saoudiens ou les Émiratis passer leur temps à réajuster leurs luxueux châles devant des miroirs, chaque pli devant être à une place précise pour assurer l’élégance? Déjà tout à fait relâché et désinvolte, le camionneur se laissa glisser plus profondément dans les coussins, puis rejeta négligemment son keffieh élimé qui pendait sans soin, à moitié sur son crâne, à moitié sur ses épaules. Dans le hadj zaydite, Abd al-Hakîm retrouvait les valeurs, le savoir-vivre, la jovialité, la modestie et, simplement, l’essence de l’âme yéménite : la préservation d’un trésor dissimulé au plus profond de l’être, un esprit peu soucieux des apparences, et capable non seulement de se contenter des dons de la nature, mais surtout d’y trouver sa juste place. Ce vieil homme ne restait-il pas assis ici à contempler ses montagnes avec amour ? Aurait-il seulement songé à les raser pour construire des tours censées rivaliser de magnificence ? Non ! Il demeurait dans ces maisons de pierre qui, loin de défier la nature ou de vouloir la surpasser, s’y lovaient avec humilité. »
Meskîna (p. 30-33)
Cravate ou jambiya (p. 118-123)
Bâb al-Sabah (p. 188-192)
« Voici aussi une leçon de ses voyages à l’étranger, songeait le camionneur : il y avait un peuple yéménite. Si les individus différaient selon les régions, par leurs habits, leurs dialectes, leurs habitudes, une âme commune les rassemblait. Et comme il était aisé de distinguer un Yéménite d’un Saoudien ou d’un Émirati. Rien que par leur attitude, ou le port du shmar noir et blanc ! Il fallait voir les Saoudiens ou les Émiratis passer leur temps à réajuster leurs luxueux châles devant des miroirs, chaque pli devant être à une place précise pour assurer l’élégance? Déjà tout à fait relâché et désinvolte, le camionneur se laissa glisser plus profondément dans les coussins, puis rejeta négligemment son keffieh élimé qui pendait sans soin, à moitié sur son crâne, à moitié sur ses épaules. Dans le hadj zaydite, Abd al-Hakîm retrouvait les valeurs, le savoir-vivre, la jovialité, la modestie et, simplement, l’essence de l’âme yéménite : la préservation d’un trésor dissimulé au plus profond de l’être, un esprit peu soucieux des apparences, et capable non seulement de se contenter des dons de la nature, mais surtout d’y trouver sa juste place. Ce vieil homme ne restait-il pas assis ici à contempler ses montagnes avec amour ? Aurait-il seulement songé à les raser pour construire des tours censées rivaliser de magnificence ? Non ! Il demeurait dans ces maisons de pierre qui, loin de défier la nature ou de vouloir la surpasser, s’y lovaient avec humilité. »
(p. 84-85)
Meskîna (p. 30-33)
Cravate ou jambiya (p. 118-123)
Bâb al-Sabah (p. 188-192)