Chutes de l’Orkhon, les ruines de l’empire des steppes :
« Deux tortues de pierre, l’une au nord du monastère Erdene Zuu, l’autre au sommet de l’éminence qui surplombe la bourgade, sont les seuls vestiges qui subsistent de la grandeur fanée de Kharkhorin, l’ancienne Karakorum des chroniqueurs médiévaux bâtie par Ögödei, fils et successeur de Gengis Khan. En passant la main sur la pierre réchauffée par le soleil, polie par le vent et les années, je songe à la fabuleuse fontaine en argent ciselée par l’orfèvre Guillaume Boucher, flanquée de lions crachant des flots de boissons capiteuses, disparue depuis longtemps. J’entrevois le moine Guillaume de Rubrouck, émissaire de Saint Louis, tentant de déchiffrer l’énigme des Mongols, de percer à jour le mystère de leur invincibilité : “Sire, je vous le dis avec certitude, si vos paysans, je ne dis pas vos rois et vos seigneurs, consentaient d’aller comme les rois des Tartares et de se contenter de la même nourriture, ils pourraient s’emparer du monde entier.” Comme le franciscain, c’est pour comprendre que j’ai fait ce long chemin, même si ce dernier n’est rien en comparaison des affres endurées par les voyageurs du XIIIe siècle. Et je me plonge aujourd’hui, étreint par l’émotion, dans cette “matrice des nations”, ainsi que Grousset désignait la Haute-Asie, qui a donné naissance tout au long de son histoire tumultueuse à une kyrielle de peuples conquérants. J’entre à pas feutrés dans le domaine du “Loup bleu”, ancêtre mythique dont les Turcs préislamiques et les Mongols gengiskhanides se réclamaient, buvant à la même coupe lorsqu’ils évoquaient leurs origines. Prédateurs façonnés comme lui par une nature farouche, par la rudesse de l’un des pires climats de la planète, leurs chevauchées séculaires les ont conduits de l’orée des forêts impénétrables de Sibérie jusqu’aux confins du monde, des déserts de Palestine ou de Mésopotamie aux rivages de Java ou du Japon. Moi qui puis dominer l’espace, je dois désormais remonter le temps jusqu’aux sources de leur épopée. »
Shakhrisabz, le berceau du conquérant (p. 41-43)
Shanhaiguan, la tête du dragon (p. 338-340)
Séoul, capitale de rêve (p. 384-387)
« Deux tortues de pierre, l’une au nord du monastère Erdene Zuu, l’autre au sommet de l’éminence qui surplombe la bourgade, sont les seuls vestiges qui subsistent de la grandeur fanée de Kharkhorin, l’ancienne Karakorum des chroniqueurs médiévaux bâtie par Ögödei, fils et successeur de Gengis Khan. En passant la main sur la pierre réchauffée par le soleil, polie par le vent et les années, je songe à la fabuleuse fontaine en argent ciselée par l’orfèvre Guillaume Boucher, flanquée de lions crachant des flots de boissons capiteuses, disparue depuis longtemps. J’entrevois le moine Guillaume de Rubrouck, émissaire de Saint Louis, tentant de déchiffrer l’énigme des Mongols, de percer à jour le mystère de leur invincibilité : “Sire, je vous le dis avec certitude, si vos paysans, je ne dis pas vos rois et vos seigneurs, consentaient d’aller comme les rois des Tartares et de se contenter de la même nourriture, ils pourraient s’emparer du monde entier.” Comme le franciscain, c’est pour comprendre que j’ai fait ce long chemin, même si ce dernier n’est rien en comparaison des affres endurées par les voyageurs du XIIIe siècle. Et je me plonge aujourd’hui, étreint par l’émotion, dans cette “matrice des nations”, ainsi que Grousset désignait la Haute-Asie, qui a donné naissance tout au long de son histoire tumultueuse à une kyrielle de peuples conquérants. J’entre à pas feutrés dans le domaine du “Loup bleu”, ancêtre mythique dont les Turcs préislamiques et les Mongols gengiskhanides se réclamaient, buvant à la même coupe lorsqu’ils évoquaient leurs origines. Prédateurs façonnés comme lui par une nature farouche, par la rudesse de l’un des pires climats de la planète, leurs chevauchées séculaires les ont conduits de l’orée des forêts impénétrables de Sibérie jusqu’aux confins du monde, des déserts de Palestine ou de Mésopotamie aux rivages de Java ou du Japon. Moi qui puis dominer l’espace, je dois désormais remonter le temps jusqu’aux sources de leur épopée. »
(p. 268-270)
Shakhrisabz, le berceau du conquérant (p. 41-43)
Shanhaiguan, la tête du dragon (p. 338-340)
Séoul, capitale de rêve (p. 384-387)