
Postface ~ Histoire du livre :
« Les jours blancs ont toujours été pour moi liés à un lieu particulier : Finse. La première fois que je découvrais ce monde, j’étais étudiante en histoire à Oslo et membre du club de montagne de l’université. On accède à Finse, dans le Hordaland, uniquement par la voie ferroviaire ou les sentiers alpestres. À 1 222 mètres, ce hameau est loin de tout, et plus précisément à l’exact milieu du tracé de la ligne Bergen/Christiania (qui deviendra Oslo), là où les travaux de construction s’achevèrent en 1907. Finse dispose d’un microclimat exécrable, ce qui m’a conquise dès mon premier passage, un jour d’hiver tempétueux. Je me souviens de cette sensation de solitude totale lors de ma descente du train, malmenée sur le quai dans les rafales de neige, ne distinguant pas plus loin qu’à une dizaine de mètres. Nous avions skié plusieurs heures sans repère, ivres de luminosité et de blizzard, puis il avait fallu construire des iglous, le vent furieux arrachant les tentes posées dans la neige. J’étais rentrée à Oslo avec un surplus de vie, tombée en amitié profonde pour ce lieu. Durant les deux années qui suivirent, je poursuivais mes recherches d’histoire sur l’approche de l’Alpe scandinave au XVIIIe siècle par les voyageurs européens. Ces hommes du Grand Tour avaient été plus curieux des fjords de l’Ouest, des pistes faciles de l’Est, des intrigants Lapons au nord ; dédaigneusement, ils avaient délaissé le vieux massif du Hardangervidda. Ce fut tout l’inverse pour moi, qui abandonnait régulièrement mes manuscrits pour me ressourcer dans ces montagnes austères.
Des années plus tard, j’emmenais ma fille en Norvège à vélo pour une itinérance de deux mois, et plus particulièrement le long de la Rallarvegen, afin de lui faire découvrir l’ambiance particulière de Finse. La Rallarvegen, aujourd’hui communément pratiquée par les cyclistes, était au début du XXe siècle l’unique piste pour acheminer les matériaux et les personnes le long de la future ligne de chemin de fer. Nous étions au mois d’août, il neigeait à l’horizontale, nos mains étaient engourdies par le froid et nos habits ruisselants. Au loin le glacier semblait mourir tristement et le hameau était désolé, mais ma fille de 11 ans s’est écriée : “Un jour, je serai chamane ici !” »
År 0 ~ Trinité (p. 45-46)
Ã…r 5 ~ Bascule (p. 78-80)
Ã…r 10 ~ Horizons (p. 134-135)
« Les jours blancs ont toujours été pour moi liés à un lieu particulier : Finse. La première fois que je découvrais ce monde, j’étais étudiante en histoire à Oslo et membre du club de montagne de l’université. On accède à Finse, dans le Hordaland, uniquement par la voie ferroviaire ou les sentiers alpestres. À 1 222 mètres, ce hameau est loin de tout, et plus précisément à l’exact milieu du tracé de la ligne Bergen/Christiania (qui deviendra Oslo), là où les travaux de construction s’achevèrent en 1907. Finse dispose d’un microclimat exécrable, ce qui m’a conquise dès mon premier passage, un jour d’hiver tempétueux. Je me souviens de cette sensation de solitude totale lors de ma descente du train, malmenée sur le quai dans les rafales de neige, ne distinguant pas plus loin qu’à une dizaine de mètres. Nous avions skié plusieurs heures sans repère, ivres de luminosité et de blizzard, puis il avait fallu construire des iglous, le vent furieux arrachant les tentes posées dans la neige. J’étais rentrée à Oslo avec un surplus de vie, tombée en amitié profonde pour ce lieu. Durant les deux années qui suivirent, je poursuivais mes recherches d’histoire sur l’approche de l’Alpe scandinave au XVIIIe siècle par les voyageurs européens. Ces hommes du Grand Tour avaient été plus curieux des fjords de l’Ouest, des pistes faciles de l’Est, des intrigants Lapons au nord ; dédaigneusement, ils avaient délaissé le vieux massif du Hardangervidda. Ce fut tout l’inverse pour moi, qui abandonnait régulièrement mes manuscrits pour me ressourcer dans ces montagnes austères.
Des années plus tard, j’emmenais ma fille en Norvège à vélo pour une itinérance de deux mois, et plus particulièrement le long de la Rallarvegen, afin de lui faire découvrir l’ambiance particulière de Finse. La Rallarvegen, aujourd’hui communément pratiquée par les cyclistes, était au début du XXe siècle l’unique piste pour acheminer les matériaux et les personnes le long de la future ligne de chemin de fer. Nous étions au mois d’août, il neigeait à l’horizontale, nos mains étaient engourdies par le froid et nos habits ruisselants. Au loin le glacier semblait mourir tristement et le hameau était désolé, mais ma fille de 11 ans s’est écriée : “Un jour, je serai chamane ici !” »
(p. 156-157)
År 0 ~ Trinité (p. 45-46)
Ã…r 5 ~ Bascule (p. 78-80)
Ã…r 10 ~ Horizons (p. 134-135)