Bébés à vendre :
« Mahé et Michael Reynaud formaient un couple si déséquilibré qu’il en devenait complémentaire. Du moins lui l’aurait voulu : elle était la plus belle fille qu’il eût jamais eue. La chaleur monte, expliqua sa panthère qui, ce matin, a revêtu sa toge lacée de couleur crème et ramassé ses cheveux en chignon, posture qui lui donnait la majesté d’une patricienne romaine, droite et altière femme de peintre. Si Picasso avait épousé une Khmère, ç’aurait été Mahé.
Ses lèvres boudeuses de convoitise, Mahé s’attardait devant les vitrines mobiles de coin de rue où des aigrefins du Tonkin pesaient des bijoux en or sur des petites balances, changeaient les devises, pratiquaient l’usure et le prêt sur gages.
— Nous verrons les présents plus tard, ma colombe, promit Reynaud. Aujourd’hui, Sarun ne peut pas venir, je t’engage comme secrétaire, traductrice, guide, garde du corps, garde-malade, garde-fou, escort girl, “fixeure”?
Suis-je en train de tomber amoureux de cette michetonneuse ? s’interrogeait le reporter. Désastre prévisible de la part d’un artichaut esthétisant dans son style, depuis toujours fasciné par les belles brunes exotiques. Ce bouleversement hormonal s’était enclenché à la seconde où il avait découvert cette illettrée parlant anglais de mémoire auditive. “Avec ça”, avait-elle déclaré en touchant l’ourlet harmonieux de ses oreilles. Accroche confirmée quand Miss Cambodge l’avait traité de “butterfly”, papillon volage, avec une haine contenue, au Martini, parce qu’il louchait, prétendait-elle, sur Néï, une autre apparition céleste, il y en avait tant, une fantaisiste distrayante d’ingénuité en effet, quoique cette pécore au physique de second choix n’eût pu en aucun cas éclipser l’astre des nuits phnompenhoises.
Plénitude de mâle de tout représenter pour sa compagne? Cette dernière restant pourtant rebelle, insoumise, sauvage, exotique et extravagante, tandis que lui, intégré, à l’aise dans les ordinateurs et le millénaire nouveau lui enseignait les pièges du modernisme et fondait de ses naïvetés cent fois par jour, voilà le fantasme qui séduisait Reynaud. »
Touriste sexuel (p. 13-15)
? Adopting tour » (p. 107-109)
Bataille de chars (p. 385-388)
« Mahé et Michael Reynaud formaient un couple si déséquilibré qu’il en devenait complémentaire. Du moins lui l’aurait voulu : elle était la plus belle fille qu’il eût jamais eue. La chaleur monte, expliqua sa panthère qui, ce matin, a revêtu sa toge lacée de couleur crème et ramassé ses cheveux en chignon, posture qui lui donnait la majesté d’une patricienne romaine, droite et altière femme de peintre. Si Picasso avait épousé une Khmère, ç’aurait été Mahé.
Ses lèvres boudeuses de convoitise, Mahé s’attardait devant les vitrines mobiles de coin de rue où des aigrefins du Tonkin pesaient des bijoux en or sur des petites balances, changeaient les devises, pratiquaient l’usure et le prêt sur gages.
— Nous verrons les présents plus tard, ma colombe, promit Reynaud. Aujourd’hui, Sarun ne peut pas venir, je t’engage comme secrétaire, traductrice, guide, garde du corps, garde-malade, garde-fou, escort girl, “fixeure”?
Suis-je en train de tomber amoureux de cette michetonneuse ? s’interrogeait le reporter. Désastre prévisible de la part d’un artichaut esthétisant dans son style, depuis toujours fasciné par les belles brunes exotiques. Ce bouleversement hormonal s’était enclenché à la seconde où il avait découvert cette illettrée parlant anglais de mémoire auditive. “Avec ça”, avait-elle déclaré en touchant l’ourlet harmonieux de ses oreilles. Accroche confirmée quand Miss Cambodge l’avait traité de “butterfly”, papillon volage, avec une haine contenue, au Martini, parce qu’il louchait, prétendait-elle, sur Néï, une autre apparition céleste, il y en avait tant, une fantaisiste distrayante d’ingénuité en effet, quoique cette pécore au physique de second choix n’eût pu en aucun cas éclipser l’astre des nuits phnompenhoises.
Plénitude de mâle de tout représenter pour sa compagne? Cette dernière restant pourtant rebelle, insoumise, sauvage, exotique et extravagante, tandis que lui, intégré, à l’aise dans les ordinateurs et le millénaire nouveau lui enseignait les pièges du modernisme et fondait de ses naïvetés cent fois par jour, voilà le fantasme qui séduisait Reynaud. »
(p. 236-237)
Touriste sexuel (p. 13-15)
? Adopting tour » (p. 107-109)
Bataille de chars (p. 385-388)