Dracula, un cliché sanglant :
« Ils débarquent, Américains, Japonais et autres, par bus entiers, au château de Bran, près de Brașov, en Transylvanie (au centre-ouest de la Roumanie), pour sentir le sang du vampire, dans un décor entretenant ce subterfuge. Mais qu’a donc fait Abraham Stoker en publiant, en 1897, son roman Dracula qu’il situe en partie là et qui a inspiré tous les films qui ont suivi ? Voilà la Roumanie prise au piège d’un cliché de trop : il n’est qu’à lire les dépliants touristiques et les offres de ces agences assoiffées d’argent. Vlad Țepeș, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a rien à voir avec ce château qu’on lui prête, il n’y est même jamais venu. Si țepeș veut dire “empaleur”, son vrai nom est Vlad Bassarab le IIIe : il est le prince (voievod) de Țara Românească (nommée aussi Valachie), au XVe siècle. Il est aussi le fils de Vlad le IIe dit Vlad Dracul, surnommé ainsi parce qu’il était membre de “l’ordre du Dragon”, voilà ce que veut dire dracul.
Comprendre l’histoire de la Roumanie est complexe, tant ce pays balance d’un bord à l’autre, de l’Orient à l’Occident, tant ses acteurs sont nombreux, tant la Roumanie aura besoin de temps et d’étapes pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui, et encore, ce n’est pas fini.
Du temps de Vlad Țepeș, l’Empire ottoman progresse et menace le Saint Empire romain germanique : Vlad Dracul conclut une paix avec les Ottomans, ce qui lui vaudra d’être exécuté comme traître. La Valachie résiste. Vlad Țepeș sera l’otage du sultan Mourad II pendant six ans. Puis l’Empire byzantin chute avec la prise de Constantinople en 1453. Revenu chez lui, il reprend le trône de sa province. Son règne est autoritaire et la peine de mort est son quotidien, particulièrement pour les dignitaires qui lui font de l’ombre. Au vu de ce qu’il a observé durant sa captivité, il les fait empaler, d’où sa réputation. Vers 1462, il se retourne contre les Turcs, le sultan découvrira, à Târgoviște (la ville de naissance de Vlad Țepeș), des centaines de corps dressés, que l’on nommera la “forêt des pals”. Vlad l’Empaleur vivra encore d’autres péripéties, prisonnier en Hongrie, puis installé à Bucarest, il fera passer cette ville de bourgade à ville capitale. Il sera décapité en 1476, sa tête envoyée au sultan qui la pique sur un pieu, comme pour renvoyer l’image de ce qu’il a fait. »
Des églises en trop, une hérésie ? (p. 187-188)
Pouvoir conduire en Roumanie, est-ce possible ? (p. 315-316)
Extrait court
« Ils débarquent, Américains, Japonais et autres, par bus entiers, au château de Bran, près de Brașov, en Transylvanie (au centre-ouest de la Roumanie), pour sentir le sang du vampire, dans un décor entretenant ce subterfuge. Mais qu’a donc fait Abraham Stoker en publiant, en 1897, son roman Dracula qu’il situe en partie là et qui a inspiré tous les films qui ont suivi ? Voilà la Roumanie prise au piège d’un cliché de trop : il n’est qu’à lire les dépliants touristiques et les offres de ces agences assoiffées d’argent. Vlad Țepeș, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a rien à voir avec ce château qu’on lui prête, il n’y est même jamais venu. Si țepeș veut dire “empaleur”, son vrai nom est Vlad Bassarab le IIIe : il est le prince (voievod) de Țara Românească (nommée aussi Valachie), au XVe siècle. Il est aussi le fils de Vlad le IIe dit Vlad Dracul, surnommé ainsi parce qu’il était membre de “l’ordre du Dragon”, voilà ce que veut dire dracul.
Comprendre l’histoire de la Roumanie est complexe, tant ce pays balance d’un bord à l’autre, de l’Orient à l’Occident, tant ses acteurs sont nombreux, tant la Roumanie aura besoin de temps et d’étapes pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui, et encore, ce n’est pas fini.
Du temps de Vlad Țepeș, l’Empire ottoman progresse et menace le Saint Empire romain germanique : Vlad Dracul conclut une paix avec les Ottomans, ce qui lui vaudra d’être exécuté comme traître. La Valachie résiste. Vlad Țepeș sera l’otage du sultan Mourad II pendant six ans. Puis l’Empire byzantin chute avec la prise de Constantinople en 1453. Revenu chez lui, il reprend le trône de sa province. Son règne est autoritaire et la peine de mort est son quotidien, particulièrement pour les dignitaires qui lui font de l’ombre. Au vu de ce qu’il a observé durant sa captivité, il les fait empaler, d’où sa réputation. Vers 1462, il se retourne contre les Turcs, le sultan découvrira, à Târgoviște (la ville de naissance de Vlad Țepeș), des centaines de corps dressés, que l’on nommera la “forêt des pals”. Vlad l’Empaleur vivra encore d’autres péripéties, prisonnier en Hongrie, puis installé à Bucarest, il fera passer cette ville de bourgade à ville capitale. Il sera décapité en 1476, sa tête envoyée au sultan qui la pique sur un pieu, comme pour renvoyer l’image de ce qu’il a fait. »
(p. 119-120)
Des églises en trop, une hérésie ? (p. 187-188)
Pouvoir conduire en Roumanie, est-ce possible ? (p. 315-316)
Extrait court