
Prologue :
« Il y avait donc, au départ, ce mirage. De ceux qui sont propres au désert, à ces zones chaudes et arides, endroits reculés et hallucinatoires, coupés du monde. C’était celui d’un lieu pur et vierge, une terre d’aventures et d’âmes indépendantes. C’était un songe venu de fantasmes enfantins, d’aventuriers en quête de gloire, de guerriers enturbannés au visage impénétrable. Voilà ce qu’était pour moi l’Arabie avant que je n’y atterrisse. Mais l’Arabie a été conquise, elle s’est unifiée, et elle est devenue un royaume. Un royaume au masculin.
Quand cette destination m’a été confirmée, la première image qui m’est venue a été celle de Lawrence d’Arabie sous sa tente buvant le thé avec les Bédouins. Je m’y suis vue à mon tour, menant des tractations de paix entre les tribus de Médine et d’Al-Qasim, arborant fièrement la ghutra et le sabre, chevauchant vaillamment les pur-sang du grand sheikh. Puis je me suis rappelée que je vivais au XXIe siècle, que la tente de Bédouin s’était effacée au profit des gratte-ciel, que les tractations de paix n’avaient mené à rien, que seul prévalait le prix du baril, le combat pour l’or noir. Je me suis aussi souvenue que cette quête se menait sur un territoire sacré, sanctuaire des lieux saints musulmans, berceau de l’islam wahhabite, royaume austère, rigoriste et obscur. Enfin, je me suis vue femme? Une femme occidentale? Au pays des Saoud. Le défi ne m’en a pas moins paru attirant. Même au cœur du pétrole réside la poésie humaine et sa folie. »
Le camp (p. 60-63)
Entre deux mondes (p. 131-133)
Les portes s’ouvrent (p. 315-317)
« Il y avait donc, au départ, ce mirage. De ceux qui sont propres au désert, à ces zones chaudes et arides, endroits reculés et hallucinatoires, coupés du monde. C’était celui d’un lieu pur et vierge, une terre d’aventures et d’âmes indépendantes. C’était un songe venu de fantasmes enfantins, d’aventuriers en quête de gloire, de guerriers enturbannés au visage impénétrable. Voilà ce qu’était pour moi l’Arabie avant que je n’y atterrisse. Mais l’Arabie a été conquise, elle s’est unifiée, et elle est devenue un royaume. Un royaume au masculin.
Quand cette destination m’a été confirmée, la première image qui m’est venue a été celle de Lawrence d’Arabie sous sa tente buvant le thé avec les Bédouins. Je m’y suis vue à mon tour, menant des tractations de paix entre les tribus de Médine et d’Al-Qasim, arborant fièrement la ghutra et le sabre, chevauchant vaillamment les pur-sang du grand sheikh. Puis je me suis rappelée que je vivais au XXIe siècle, que la tente de Bédouin s’était effacée au profit des gratte-ciel, que les tractations de paix n’avaient mené à rien, que seul prévalait le prix du baril, le combat pour l’or noir. Je me suis aussi souvenue que cette quête se menait sur un territoire sacré, sanctuaire des lieux saints musulmans, berceau de l’islam wahhabite, royaume austère, rigoriste et obscur. Enfin, je me suis vue femme? Une femme occidentale? Au pays des Saoud. Le défi ne m’en a pas moins paru attirant. Même au cœur du pétrole réside la poésie humaine et sa folie. »
(p. 13-14)
Le camp (p. 60-63)
Entre deux mondes (p. 131-133)
Les portes s’ouvrent (p. 315-317)