Collection « Voyage en poche »

  • Par le souffle de Sayat-Nova
  • Yamabushi
  • La Seine en roue libre
  • Jours blancs dans le Hardanger
  • Au nom de Magellan
  • Faussaire du Caire (Le)
  • Ivre de steppes
  • Condor et la Momie (Le)
  • Retour à Kyôto
  • Dolomites
  • Consentement d’Alexandre (Le)
  • Une yourte sinon rien
  • La Loire en roue libre
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Au vent des Kerguelen
  • Centaure de l’Arctique (Le)
  • La nuit commence au cap Horn
  • Bons baisers du Baïkal
  • Nanda Devi
  • Confidences cubaines
  • Pyrénées
  • Seule sur le Transsibérien
  • Dans les bras de la Volga
  • Tempête sur l’Aconcagua
  • Évadé de la mer Blanche (L’)
  • Dans la roue du petit prince
  • Girandulata
  • Aborigènes
  • Amours
  • Grande Traversée des Alpes (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Vers Compostelle
  • Pour tout l’or de la forêt
  • Intime Arabie
  • Voleur de mémoire (Le)
  • Une histoire belge
  • Plus Petit des grands voyages (Le)
  • Souvenez-vous du Gelé
  • Nos amours parisiennes
  • Exploration spirituelle de l’Inde (L’)
  • Ernest Hemingway
  • Nomade du Grand Nord
  • Kaliméra
  • Nostalgie du Mékong
  • Invitation à la sieste (L’)
  • Corse
  • Robert Louis Stevenson
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Sagesse de l’herbe
  • Pianiste d’Éthiopie (Le)
  • Exploration de la Sibérie (L’)
  • Une Parisienne dans l’Himalaya
  • Voyage en Mongolie et au Tibet
  • Madère
  • Ambiance Kinshasa
  • Passage du Mékong au Tonkin
  • Sept sultans et un rajah
  • Ermitages d’un jour
  • Unghalak
  • Pèlerin d’Occident
  • Chaos khmer
  • Un parfum de mousson
  • Qat, honneur et volupté
  • Exploration de l’Australie (L’)
  • Pèlerin d’Orient
  • Cette petite île s’appelle Mozambique
  • Des déserts aux prisons d’Orient
  • Dans l’ombre de Gengis Khan
  • Opéra alpin (L’)
  • Révélation dans la taïga
  • Voyage à la mer polaire
Couverture

Une lectrice, www.babelio.fr, le 23 septembre 2020 :
? Il y a des livres qui nous tombent entre les mains comme par magie, et qu’on a envie ensuite d’offrir à tout le monde : c’est exactement le cas pour Amours ! Je me suis vu offrir ce livre par une personne rencontrée lors d’un voyage en Égypte. Et je l’ai dévoré. Je retiens la sincérité du récit, la beauté des portraits et des rencontres faites, les questionnements (sans réponses parfois), l’ouverture sincère à l’autre. J’espère pouvoir lire de nouveaux ouvrages de l’auteur ! Â»

Solène Aymon, lectrice, le 20 septembre 2020 :
? Salut Marion,
Je me permets de t’écrire après avoir trouvé ton adresse email sur ton blog !
Cet été, j’ai passé une semaine à Dahab, pendant laquelle je suis allée suivre un cours de yoga. Il se trouve que nous n’étions que deux : la prof et moi. La prof est canadienne et vit là depuis trois ans.
Nous n’avons finalement pas du tout fait de yoga, mais parlé pendant une heure et demie de nos perspectives et compréhensions mutuelles de l’Égypte. Je lui explique que j’y suis pour l’été, que mon copain vit au Caire et que j’ai en tête d’y déménager pour quelque temps.
C’est à ce moment-là qu’elle me dit : “Ah, mais c’est à toi qu’il faut que je donne ce livre ! J’ai lu un bouquin excellent d’une journaliste française qui a fait le tour de l’Égypte à la rencontre des Égyptiens et Égyptiennes pour comprendre leur perception de l’amour. Ça peut t’être utile avec ton copain !”
Et c’est comme ça que j’ai eu ton livre entre tes mains, que j’ai récupéré le lendemain au club de plongée de cette prof de yoga canadienne !
Alors un grand grand merci pour ton livre écrit avec Françoise !
Je l’ai dévoré. Je retiens vraiment la sincérité de ton récit, la beauté des portraits et des rencontres faites, tes questionnements (sans réponses parfois) et ton ouverture.
J’ai appris beaucoup de choses dont j’ai pu ensuite discuter avec Youssef (mon copain) et ses amis. Je crois qu’eux-mêmes n’ont pas conscience de certaines choses (notamment combien l’excision est toujours d’actualité). J’ai l’impression d’avoir eu entre les mains un “mode d’emploi” de l’Égypte.
Tous tes récits en Haute-Égypte me donnent vraiment envie de partir en train, avec un sac à dos à la rencontre d’autres Égyptiens. Tout ce que tu racontes sur les artisans rencontrés sur ta route me fait comprendre combien leur artisanat est peu mis en avant. Je suis fascinée le nombre de start-up qui naissent et tentent d’importer des concepts occidentaux de toute part, plutôt que de valoriser toute la richesse de leur culture vers l’extérieur. Il doit y avoir de bonnes raisons à cela – mais moi ça m’intrigue drôlement.
En ce qui me concerne je prévois d’aller y vivre un an ou deux, pour mieux connaître la culture de Youssef, apprendre l’arabe et découvrir une société si différente. J’ai conscience que je vais bousculer mon équilibre sur plein de plans (en France je bosse depuis cinq ans pour le développement d’une communauté que j’aime de tout mon cœur, entourée de personnes qui s’engagent, militent et rêvent de changement). Là-bas, je crois que mon défi sera de trouver des beautés cachées, et je compte beaucoup sur les rencontres pour cela !
Et puis, surtout, je serai à quelques centaines de mètres de Youssef – alors après plus de deux ans à distance, on va enfin pouvoir goûter à la spontanéité et aux petits plaisirs simples de la vie de tous les jours.
Si tu as des conseils d’endroits à explorer ou de personnes à rencontrer, je suis très preneuse !
N’hésite pas également si tu veux que j’apporte quelque chose à quelqu’un de ta part en Égypte.
Au plaisir de te croiser un jour peut-être?
Prends soin de toi ! Â»


Un lecteur, www.babelio.fr, le 6 avril 2019 :
? J’ai beaucoup apprécié ce livre Amours, Voyage dans l’intimité des Égyptiens. Je l’ai trouvé par hasard – ou providentiellement ! – à la foire du livre de Bruxelles. Mon attirance (assez romantique et fantasmée, je l’admets) pour l’Égypte m’a fait flasher et je l’ai acheté? Quelle chance ! Cette approche ouverte, respectueuse, sans jugement mais avec beaucoup de remises en question de toutes ces personnes et situations diverses et variées ! Une telle bienveillance est rare dans les écrits ou, de façon générale, les médias. J’ai voyagé avec Marion Touboul tout au long de ce pays attachant, de rencontre en rencontre, en admirant son audace et en l’enviant. Quelle richesse humaine ! Que d’ouverture à l’autre si l’on s’autorise à faire confiance !
Merci, Marion, pour ces superbes moments passés avec vous et toux ceux que vous avez rencontrés et qui vous ont accueillie. J’ai retrouvé dans vos descriptions des choses que j’ai moi-même pu voir ou ressentir là-bas, au cours de mes voyages au Caire, logeant dans le quartier El-Zaher. J’ai moi aussi fait de très belles rencontres, moins intimes et moins profondes que les vôtres, par méconnaissance de la langue arabe. Mais néanmoins, elles restent toutes présentes dans mon cœur. J’ai vécu à ces occasions comme vous la fin de Moubarak, l’élection de Morsi et les manifestations anti-Morsi avant de finir avec Al-Sissi lors de notre dernier voyage. Vous décrivez l’atmosphère de ces périodes avec beaucoup de justesse et sans l’habituel jugement supérieur des démocrates occidentaux.
J’engage chacun à ouvrir votre livre et à se laisser voyager au cœur du Proche-Orient et du cœur humain ! Â»


Florence Quentin, Ultreïa !, printemps 2017 :
? Il fallait un certain culot à une jeune journaliste française, correspondante en Égypte, pour poser une telle question aux “hommes et femmes ordinaires” de la vallée du Nil : “Que représente l’amour pour vous ?” Depuis Assouan, à l’extrême sud du pays, jusqu’à la Méditerranée, en passant par l’oasis du Fayoum et la péninsule du Sinaï, Marion Touboul a parcouru le pays, tissé des liens et s’est vu ouvrir les portes des maisons? et de l’intimité d’un peuple où la frustration de ne pouvoir aimer librement est partout palpable. Le ton est enjoué et profond ; on ressent la bienveillance d’un regard qui ne se paie pas de mots sur le mythe amoureux en général, et ne juge jamais ceux et celles qu’il croise, qu’ils soient englués dans des traditions comme les mariages arrangés ou l’excision, ou encore le harcèlement sexuel. Un témoignage original et une approche inédite de l’“Égypte blessée par sa révolution inachevée”. Â»

Robert Naggar, www.amazon.fr, le 3 août 2016 :
? Je voudrais d’abord féliciter Marion Touboul pour son courage dans cette entreprise. Étant moi-même originaire d’Égypte, je sais la difficulté qu’il y a à faire parler les Égyptiens de leur intimité. Outre le fait que le livre est bien écrit et agréable à lire, les informations qui y sont données sont réellement intéressantes et inédites. Il souligne le fossé culturel qui existe sur la conception de l’amour et de la femme entre le peuple de l’Égypte profonde et notre culture européenne. Bravo, Madame Touboul, pour votre entreprise ! Â»

Adeline Zacaria, lectrice, le 20 mars 2016 :
? Cette nuit, j’ai terminé votre livre Amours. Depuis mon dernier coup de cœur de lecture en juillet, je n’avais plus rien lu d’aussi beau.
Je suis tombée amoureuse de vos mots, de vos lignes, de vos descriptions d’une Égypte qu’il me tarde de découvrir. J’ai souvent prolongé mes trajets en tram afin de continuer ma lecture ; j’ai aussi retrouvé la patience d’attendre le bus pendant de longues minutes en compagnie de votre livre. Il m’est plusieurs fois arrivé de le refermer et de méditer sur un mot, une idée que vous ou l’une de vos rencontres énonciez?
Cette nuit, en tournant la dernière page, je me suis tenue immobile. Une aventure littéraire se terminait. Â»


Aurélie Ly, lectrice, le 25 janvier 2016 :
? Je viens de terminer la lecture de votre livre Amours et j’ai beaucoup aimé. Je me suis sentie concernée et j’ai compris votre vision. Je suis moi-même à mi-chemin entre les cultures occidentale et orientale et toutes les expériences que vous avez retranscrites m’ont aidée à comprendre certains raisonnements et le comment/pourquoi sur les modes de vie de chacun. J’ai aussi aimé les photos prises par votre amie Françoise, et jusqu’à celle de la couverture du livre. Je vous remercie au nom des personnes qui ont pu reconnaître un peu de leur propre vie dans vos lignes, et merci pour ceux et celles qui auront découvert les Égyptiens à travers vos mots. Â»

Emmanuelle Montjean, librairie Raconte-moi la Terre, décembre 2015 :
? Que représente l’amour pour vous ? Question ô combien personnelle qu’a choisi de poser l’auteur dans une société égyptienne encore prisonnière de ses traditions. N’évitant aucun sujet intime ou délicat, sans jugement ni critiques, on est happé par ces histoires d’amour qui permettent une découverte de l’Égypte et de son actualité récente. On termine légèrement hébété, mais sous le charme. Â»

Laurent Lebourg, www.lechoixdeslibraires.com, le 18 septembre 2015 :
? Connaissez-vous la carte du Tendre, ce pays imaginaire du roman de Mademoiselle de Scudéry où les noms de lieux s’intitulent Billet doux, Lac d’indifférence, Sensibilité ou Tendresse ? Marion Touboul, jeune journaliste vivant depuis quelques années en Égypte, s’est fixée pour objectif tant personnel que professionnel de réaliser à son tour sa propre cartographie de l’amour. Sillonnant son pays d’adoption de la Nubie au Sinaï, en passant par les petites oasis éloignées, Marion Touboul quitte l’actualité brûlante dont elle a fait son métier pour d’autres horizons. S’invitant d’un foyer à l’autre, elle gagne la confiance des Égyptiennes et des Égyptiens et libère leurs paroles muselées. Elle les questionne sur leur propre définition de l’amour afin de savoir si ce sentiment est une vaine chimère ou un idéal plein d’avenir. Par son enquête passionnante, Marion tente de répondre aux interrogations fondamentales qui se bousculent en son for intérieur à l’heure du choix le plus important de sa vie. Au pied du Sphinx énigmatique, le voyage de la jeune journaliste engagée ressemble à bien des égards à la plus belle des quêtes initiatiques. Â»

Marianne Roux, onorient.com, le 28 juillet 2015 :
“El-hobb, mafich ! (L’amour, il n’y en a pas !)”, voilà ce que répondent la plupart des Égyptiens quand on leur demande de parler d’amour. Pourtant, l’amour est présent partout au pays du Nil. Ou plutôt le rêve d’amour. Et la distinction est de taille. Ceux qui ont eu la chance de vivre en terre pharaonique le savent bien, les Égyptiens sont de grands romantiques. Et une chose interpelle quand ils se livrent à vous : quasiment tous recèlent une histoire d’amour contrariée ou avortée. Il peut s’agir d’une romance adolescente condamnée d’avance entre un jeune musulman et une jeune copte ou alors un refus des parents de laisser convoler leur fille avec son petit ami en raison de sa situation matérielle jugée trop peu confortable?
Ce sont justement ces bribes d’histoires d’amour que Marion Touboul a entendues durant ses sept années en Égypte, en tant que correspondante pour la chaîne Arte, qui lui ont donné envie de creuser ce sujet. En parallèle, face à ce romantisme ambiant répondaient en miroir les propres questionnements de la jeune trentenaire française : l’amour peut-il durer toute une vie ? quelle signification revêt le mariage ? une fois la passion évaporée, comment faire perdurer le lien entre deux êtres malgré la routine, les déceptions de la vie et les frustrations individuelles ?
Pour ce faire Marion Touboul a parcouru l’Égypte, depuis Assouan en Nubie, jusqu’à la méditerranéenne Port-Saïd en passant par l’oasis du Fayoum et la péninsule du Sinaï. S’invitant au sein de foyers riches ou modestes, ruraux ou citadins, la jeune journaliste a su recueillir les confidences de ses hôtes et plonger dans leur intimité. Le résultat est un livre passionnant, mêlant les objectifs de l’enquête socio-anthropologique et les envolées lyriques d’un carnet de voyage. Prenant la forme d’une épopée vagabonde, il dresse un panorama bouleversant du cœur des Égyptiens. Cette plongée dans l’intime fait évidemment jaillir des thèmes brûlants comme la frustration sexuelle et le harcèlement de rue qui en découle, les mariages arrangés, l’homosexualité ou l’excision (encore massivement pratiquée en Égypte). Justifiée pour contrôler le désir de la femme, l’excision meurtrit la femme dans sa chair en l’empêchant d’avoir du plaisir. Mais cette mutilation génitale, censée garantir chasteté et fidélité (et donc un mari), est aussi une raison de rejet dans l’intimité, une sorte de “double peine” pour les Égyptiennes. C’est ce que confesse Akram, marié à une Nubienne et engagé dans une relation libre avec une étrangère : “La première fois que j’ai fait
‘dgigui-dgigui’ avec Eve, c’était génial : au bout de deux minutes elle était heureuse. Avec ma femme, je fais ‘dguigui-diggui’ pendant des heures, mais il ne se passe rien. Je passe des nuits à la caresser, à la câliner, c’est agréable mais ce n’est pas comme avec Eve [?] Oui, faire l’amour avec une femme excisée et une autre, ça n’a rien à voir.”
L’homme égyptien s’autoriserait donc la passion avec une étrangère mais n’envisagerait de fonder une famille qu’avec une Égyptienne ? C’est ici que se situe la complexité : en Égypte, on n’aime pas nécessairement celle/celui que l’on épouse. L’amour, le sexe et le mariage ne sont pas interdépendants. Cela serait-il forcément une mauvaise chose ? Le proverbe ne dit-il pas que l’amour vient après le mariage, au fil des jours ? En Occident, le bonheur amoureux, se célèbre par le mariage. Mariage envisagé par d’aucuns comme une “prison”, un vœu pieux qu’il nous serait impossible de respecter, l’amour éternel n’existant pas. En revanche, la plupart des mariages en Égypte se font de manière arrangée sans que cela empêche les Égyptiens d’y croire : le mariage devient alors la célébration de l’espérance d’être aimé. En effet, les jeunes voient la vie à deux comme la clé de la liberté. La réalité est cependant plus cruelle et peu de mariages arrangés sont heureux. Safi, qui rêvait d’épouser un homme musclé et fort qui la prendrait dans ses bras, s’est retrouvée promise à Tarek, un homme chétif moustachu : “La nuit de noces fut une nuit de deuil où un inconnu lui vola sa virginité et déchira son cœur. Ce jour-là marqua la fin de sa jeunesse, la fin de ses rêves, la fin de sa dignité, la fin de sa liberté. Sa vie de femme s’acheva avant même qu’elle ne débute, comme un oiseau manquant son envol. ‘L’amour n’est jamais venu’, murmura-t-elle simplement.”
Face à l’amour, les traditions semblent toujours avoir le dernier mot, à l’image des alliances entre cousins où les parents tirent les ficelles du destin de leurs enfants. Conditionnés par leur famille dès leur plus jeune âge, les protagonistes sont persuadés qu’il s’agit d’amour. Difficile d’y voir clair tant la frontière entre illusion et autopersuasion est infime? Et puis, en se prémunissant des tourments amoureux et des déceptions, certains atteignent une paix intérieure grâce à ce cadre connu depuis toujours. L’entre-soi serait un nid protecteur, une boussole rassurante pour tracer son chemin dans la vie, contrairement à l’amour passionnel qui d’après eux mènerait à l’échec et rendrait fou.
Amours fait état d’histoires tristes, de secrets inavouables où l’amour apparaît comme un luxe inaccessible. L’amour, à la fois source de souffrance et espoir de bonheur. Faut-il en faire une quête individuelle absolue au détriment d’une émancipation matérielle qu’un “bon parti” pourrait apporter ? Dois-je attendre ou me résigner ? Tel est le dilemme des jeunes Égyptiennes qui naviguent entre rêve du prince charmant et exigences financières, avec en arrière-plan les pressions de leur entourage et de leur horloge biologique.
Parfois, les esprits les plus libres ne se trouvent pas là où on les attend. Ainsi, Maria, jeune diplômée et salariée, a accepté de céder au cérémonial des
gawaz salon, en référence aux salons des appartements qui accueillent la famille du conjoint potentiel pour discuter des conditions du mariage. Elle finira par se plier au choix de sa mère et épousera un riche paroissien. À l’opposé, Asmaa, malgré son niqab qui la dissimule de la tête au pied, a réussi à imposer son choix à sa famille en épousant le marchand de fruits en bas de chez elle dont elle était amoureuse depuis toujours. Pour elle, l’amour dans le couple était un commandement de Dieu et du Prophète.
Les portraits des Égyptiens croisés par Marion Touboul sont souvent très attachants et bourrés de contradictions. En Haute-Égypte ou dans le Sinaï, le lecteur sera charmé par les descriptions d’habitants en harmonie avec leur environnement, à l’image de la Bédouine Oum Mahmoud communiant avec les montagnes du monastère Sainte-Catherine ou de Yasser dormant chaque nuit lové dans sa felouque sur le Nil.
Des lueurs d’espoir éclairent le chemin, souvent grâce aux pères, tel Abou Islam qui souhaite un avenir de femme libre pour sa fille Heba et la voit déjà étudier à l’université. Dans les villes, le tableau est plus sombre. Les jeunes citadins, aux premières loges de la révolution de 2011, avaient rêvé d’une liberté qui les affranchirait des traditions. Aujourd’hui ils semblent désabusés par la recherche d’un travail inexistant, l’impossibilité de se marier sans argent ou de voyager sans visa. Pour eux, avoir 20 ans en Égypte équivaut à résoudre une équation impossible? En attendant, les rêves survivent. Les yeux rivés sur les
mosalsalat – feuilletons à l’eau de rose – turcs et les oreilles bercées par la voix d’Oum Kalthoum qui continue de résonner à chaque coin de rue, 88 millions d’Égyptiens cultivent leur nostalgie. El-hobb, Inch’Allah? Â»

Tyn Braun, Globe-Trotters n° 162, juillet-août 2015 :
? Toujours avec pudeur, sans aucun jugement, Marion Touboul dresse un large portrait des Égyptiens à travers le prisme des relations amoureuses et tente aussi de répondre à ses propres questionnements. Un voyage de rencontres fortes et durables, un récit passionnant et sensible. Â»

Florence Tran, www.amazon.fr, le 13 mai 2015 :
? Pour découvrir qui sont vraiment les Égyptiens et ce qu’il y a dans leurs cœurs, leurs rêves et leurs limites, le poids de la religion, de la société, du regard des autres? Un voyage drôle, tendre, une exploration intime, pleine d’humour et de sensibilité? des rencontres comme des perles, qui se dévoilent grâce à la confiance et la douceur dont ont su faire preuve l’auteur et la photographe de ce livre. Â»

Keisha, enlisantenvoyageant.blogspot.com, le 8 mai 2015 :
? Comme des extraits assez larges de l’ouvrage sont proposés sur le site de l’éditeur, je ne vais pas m’attarder sur l’écriture (fluide, évocatrice dans les descriptions, assez tonique pour ne pas lasser le lecteur, bref ce que j’aime dans ce type de lecture) ni sur tous les thèmes abordés, mais essayer de le présenter simplement. Marion Touboul a su me toucher dès le prologue, où elle évoque (brièvement) sa vie familiale et personnelle, juste assez pour m’entraîner à sa suite. Journaliste, elle connaît la langue arabe, a vécu en Égypte (pour diverses raisons elle réside dorénavant en Espagne) et les rencontres, dont elle fait part, ont eu lieu globalement entre la fin de Moubarak président et 2015. Pas besoin de connaître à fond les événements, elle y fait parfois allusion, mais en relation avec l’atmosphère ou l’accueil des villageois surtout, laissant parfois leur peur de l’étranger présenté comme un espion prendre le pas sur leur hospitalité légendaire et réelle. Hospitalité que Marion et Françoise (allez, je peux utiliser vos prénoms ?) recherchent afin de poser leur fameuse question (sans doute tournée autrement selon les cas) : “Que représente l’amour pour vous ?” Ce livre est fait des réponses de dizaines d’hommes et de femmes, mariés ou pas, habitant la ville et la campagne. Calmement, patiemment, sans forcer, et avec respect, elles obtiennent des réponses parfois inattendues, mettant au jour du bonheur ou du drame. N’évitant aucun sujet intime ou délicat, telles l’excision ou la prostitution des jeunes gens auprès des touristes européennes, sans oublier la dure réalité vécue par les homosexuels. Poids de la famille, mariages arrangés, même dans les grandes villes où les femmes exercent un métier. “Elle rêvait d’amour à l’occidentale avec la pudeur à l’Égyptienne. Un modèle à inventer.”
Certains finissent par aimer leur femme : “Elle est comme ma sœur. Si elle venait à disparaître, je serais perdu. Aimer, c’est être complice avec quelqu’un dont on connaît le passé et les parents. On n’a pas de secrets l’un pour l’autre. C’est un amour pur et durable, pas comme celui dont on parle dans les séries télévisées. L’amour passionnel, c’est très rare ici.” “Moi je crois en l’amour qui naît après le mariage dans la vie quotidienne.” Une vision de l’amour à rapprocher de celle de la mère d’Albert Cohen dans
Le Livre de ma mère. L’auteur sait présenter les multiples facettes du problème, sans juger ou critiquer, avec des références prises dans notre histoire ou littérature occidentale. Une occasion de réfléchir nous aussi à ce qu’est l’amour.
Pour terminer ainsi : “Difficile de définir l’amour car il en existe autant de visages que d’êtres. Point de solution miracle pour le faire fructifier. De notre voyage se dégage pourtant un enseignement : l’amour n’est jamais acquis, il se mérite. [?] L’amour est comme cette lueur à l’avant d’un vélo dans la nuit, qui ne reste allumée qu’à la force des mollets. Pour que l’étreinte du départ devienne éternité, sans cesse entretenir la fragile lumière.”
Ce questionnement ô combien personnel et parfois secret ! se révèle finalement pour moi une découverte de l’Égypte, des villages isolés aux grandes métropoles, et de son histoire récente. J’ai vogué sur une felouque, crapahuté dans le désert du Sinaï, marché sur les routes poussiéreuses, fréquenté les boîtes et les cafés, assisté à des mariages? Â»

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