Le chercheur d’or amoureux :
« Dormir sur le bateau au milieu de personnes encore inconnues, nous l’avions proscrit dans notre vague règlement. Pourtant, ce soir, nous n’aurions pas voulu être ailleurs. Nous étions en confiance avec ces hommes, surtout avec Yasser qui nous avait entièrement pris sous son aile. Il y avait quelque chose d’apaisant à le regarder. On aurait dit un moine : il mangeait peu, accordait une large partie de sa journée à la contemplation, accueillait les visiteurs sans distinction et priait cinq fois par jour depuis son bateau. Je ne l’imaginais pas adresser ses prières au Dieu des musulmans ni à celui des chrétiens. Il menait une vie bien trop pure pour croire en ces divisions créées par les hommes. Il avait compris qu’un seul Dieu rayonne pour tous et qu’il éclaire, comme le soleil, la vie intérieure de celui qui veut l’accueillir. Son Dieu à lui avait pour prophète cet arbre, ce fleuve, ce paysan, moi. Son Dieu à lui était aussi harmonieux qu’une valse de Chopin. D’ailleurs, sur son bateau, on se sentait mieux que dans n’importe quel monastère. Peut-être parce que les prières ne se perdaient pas entre des murs mais volaient, plus légères que les aigrettes du pissenlit, dans le vent sucré du Nil. N’importe quel voyageur aurait trouvé ici un repos éclairé. Yasser mettait tout en œuvre pour nous permettre cette rencontre charnelle avec la nature qu’il vénérait. »
En route vers le nord (p. 103-108)
Abou Islam et sa tribu (p. 187-190)
Sur la terre des dix commandements (p. 351-355)
« Dormir sur le bateau au milieu de personnes encore inconnues, nous l’avions proscrit dans notre vague règlement. Pourtant, ce soir, nous n’aurions pas voulu être ailleurs. Nous étions en confiance avec ces hommes, surtout avec Yasser qui nous avait entièrement pris sous son aile. Il y avait quelque chose d’apaisant à le regarder. On aurait dit un moine : il mangeait peu, accordait une large partie de sa journée à la contemplation, accueillait les visiteurs sans distinction et priait cinq fois par jour depuis son bateau. Je ne l’imaginais pas adresser ses prières au Dieu des musulmans ni à celui des chrétiens. Il menait une vie bien trop pure pour croire en ces divisions créées par les hommes. Il avait compris qu’un seul Dieu rayonne pour tous et qu’il éclaire, comme le soleil, la vie intérieure de celui qui veut l’accueillir. Son Dieu à lui avait pour prophète cet arbre, ce fleuve, ce paysan, moi. Son Dieu à lui était aussi harmonieux qu’une valse de Chopin. D’ailleurs, sur son bateau, on se sentait mieux que dans n’importe quel monastère. Peut-être parce que les prières ne se perdaient pas entre des murs mais volaient, plus légères que les aigrettes du pissenlit, dans le vent sucré du Nil. N’importe quel voyageur aurait trouvé ici un repos éclairé. Yasser mettait tout en œuvre pour nous permettre cette rencontre charnelle avec la nature qu’il vénérait. »
(p. 119-120)
En route vers le nord (p. 103-108)
Abou Islam et sa tribu (p. 187-190)
Sur la terre des dix commandements (p. 351-355)