La balade des confins :
« Nous partons à la découverte des environs. Un “chemin de guanaco” remonte la rivière. Ces animaux de la famille du lama, caractéristiques de la Patagonie, ont tracé des coulées parmi les herbes et les arbres. Nous longeons un marais dont les bords ont été saccagés par les castors : de nombreux chablis émergent de l’eau, apportant une touche lugubre au paysage qui s’offre à notre regard, au détour des virages du chemin. Nous grimpons à flanc de montagne. Derrière nous, La Volta est minuscule au fond de la baie. De l’autre côté du canal, les sommets enneigés de l’île Gordon et de l’île Hoste nous dominent, posés là sur leur socle de falaises dont la base est léchée par le clapot des eaux marines. Enfin, nous atteignons un col derrière lequel un lac apparaît, où vient mourir un glacier immaculé, qui y éparpille de nombreuses taches blanches.
Je suis transporté par cette nature invraisemblable. Alors que je ne sais où donner de la tête, juché sur un rocher et dominant la caleta Olla, les villes du Beagle me paraissent un lointain souvenir, comme si elles s’étaient évanouies dans notre sillage. Je me sens transporté loin de tout, au cœur de ces canaux de Patagonie qui m’ont tant fait rêver, au travers de mes lectures ou de la consultation des cartes qui dessinent ce labyrinthe déchiqueté. Les contours tortueux dans lesquels vient finir le continent sud-américain me fascinent depuis l’enfance. Autour de nous, dans toutes les directions, les ingrédients des paysages de la Terre de Feu sont réunis, en une prodigieuse recette concoctée par Mère Nature. Le monde minéral est accommodé en un mélange étourdissant par les éléments liquides et végétaux. L’eau sous toutes ses formes, douce ou salée, stagnante ou agitée, liquide ou gelée, est omniprésente. Mon regard se nourrit de ce spectacle du bout du monde.
Dans la soirée, d’étranges rugissements résonnent entre les falaises du canal, qui semblent nous souhaiter la bienvenue dans cet autre univers. Lions de mer ? Quels qu’ils soient, ces animaux accompagnent à merveille le décor qui nous entoure par leurs cris ténébreux. »
La maturation (p. 167-168)
Cap Horn (p. 214-215)
Extrait court
Extraits d’articles
Le cap Horn
La volta du grand large
El Niño
« Nous partons à la découverte des environs. Un “chemin de guanaco” remonte la rivière. Ces animaux de la famille du lama, caractéristiques de la Patagonie, ont tracé des coulées parmi les herbes et les arbres. Nous longeons un marais dont les bords ont été saccagés par les castors : de nombreux chablis émergent de l’eau, apportant une touche lugubre au paysage qui s’offre à notre regard, au détour des virages du chemin. Nous grimpons à flanc de montagne. Derrière nous, La Volta est minuscule au fond de la baie. De l’autre côté du canal, les sommets enneigés de l’île Gordon et de l’île Hoste nous dominent, posés là sur leur socle de falaises dont la base est léchée par le clapot des eaux marines. Enfin, nous atteignons un col derrière lequel un lac apparaît, où vient mourir un glacier immaculé, qui y éparpille de nombreuses taches blanches.
Je suis transporté par cette nature invraisemblable. Alors que je ne sais où donner de la tête, juché sur un rocher et dominant la caleta Olla, les villes du Beagle me paraissent un lointain souvenir, comme si elles s’étaient évanouies dans notre sillage. Je me sens transporté loin de tout, au cœur de ces canaux de Patagonie qui m’ont tant fait rêver, au travers de mes lectures ou de la consultation des cartes qui dessinent ce labyrinthe déchiqueté. Les contours tortueux dans lesquels vient finir le continent sud-américain me fascinent depuis l’enfance. Autour de nous, dans toutes les directions, les ingrédients des paysages de la Terre de Feu sont réunis, en une prodigieuse recette concoctée par Mère Nature. Le monde minéral est accommodé en un mélange étourdissant par les éléments liquides et végétaux. L’eau sous toutes ses formes, douce ou salée, stagnante ou agitée, liquide ou gelée, est omniprésente. Mon regard se nourrit de ce spectacle du bout du monde.
Dans la soirée, d’étranges rugissements résonnent entre les falaises du canal, qui semblent nous souhaiter la bienvenue dans cet autre univers. Lions de mer ? Quels qu’ils soient, ces animaux accompagnent à merveille le décor qui nous entoure par leurs cris ténébreux. »
(p. 234)
La maturation (p. 167-168)
Cap Horn (p. 214-215)
Extrait court
Extraits d’articles
Le cap Horn
La volta du grand large
El Niño