Collection « Sillages »

  • Namaste
  • La 2CV vagabonde
  • Ísland
  • Habiter l’Antarctique
  • Cavalières
  • Damien autour du monde
  • À l’ombre de l’Ararat
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • Carpates
  • Âme du Gange (L’)
  • Pèlerin de Shikoku (Le)
  • Ivre de steppes
  • Tu seras un homme
  • Arctic Dream
  • Road Angels
  • L’ours est mon maître
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Cavalier des steppes
  • Odyssée amérindienne (L’)
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborigènes
  • Diagonale eurasienne
  • Brasil
  • Route du thé (La)
  • Dans les pas de l’Ours
  • Kamtchatka
  • Coureur des bois
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Siberia
  • Sur la route again
  • À l’écoute de l’Inde
  • Seule sur le Transsibérien
  • Rivages de l’Est
  • Solitudes australes
  • Espíritu Pampa
  • À l’auberge de l’Orient
  • Sans escale
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Errance amérindienne
  • Sibériennes
  • Unghalak
  • Nomade du Grand Nord
  • Sous l’aile du Grand Corbeau
  • Au cœur de l’Inde
  • Pèlerin d’Orient
  • Pèlerin d’Occident
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Au vent des Kerguelen
  • Volta (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Atalaya
  • Voie des glaces (La)
  • Grand Hiver (Le)
  • Maelström
  • Au gré du Yukon
Couverture
Le souffleur de bambou :

« Je pose une dernière question à Shikû : “Mais comment peut-on faire pour échapper à ses conditionnements ? Je suis conscient que je suis très souvent en train de vouloir juger les gens, les événements, le monde, me définir par rapport à eux, ou pour créer mon identité. Mais pour autant, je n’arrive jamais à aucune conclusion qui me satisfasse pleinement. Je m’aperçois d’ailleurs que toutes ces tendances en moi, loin de me mener vers une compréhension et une quiétude plus grandes, semblent au contraire être une source considérable d’incertitudes et d’agitation de l’esprit !”
Shikû paraît hésiter, comme s’il ne voulait pas m’imposer son point de vue. “Ce qu’il faut comprendre, c’est que la vie humaine s’écoule respiration par respiration, une seule à la fois. On respire un coup, puis encore une fois, et encore une fois, et ainsi de suite. Une respiration ne représente qu’un temps très court. On n’a pas le temps de se compliquer la vie en une seule respiration ! C’est pourquoi il faut tenter de vivre une respiration à la fois. On respire alors comme le Bouddha. On vit alors comme le Bouddha. Comme le bouddha que nous sommes, au fond. Nous, de l’école Jôdo, appelons cette respiration du Bouddha le nembutsu. Cette respiration revient à dire, à chaque fois, ‘Namu Amida Butsu’.”
Je devais me remémorer ces paroles qui m’avaient ému quelques mois plus tard. J’étais en train de lire un ouvrage du sensei de Shikû, le moine Kûgai Yamamoto. Parlant cinq langues dont l’anglais et l’allemand, presque centenaire mais en possession de toutes ses facultés, Yamamoto offre une vision poétique de la notion de souffle :
“Le souffle nous est donné à la naissance, et lorsque vient la mort nous le rendons à notre créateur. C’est un cadeau qui nous insuffle la vie, et qui nous permet d’écouler notre existence ici bas. Le souffle nous est donné à tous, sans distinction de race ni de sexe, et sans prendre en compte le fait que nous soyons bons ou mauvais. Nul besoin de fournir d’efforts pour respirer. Une force quelconque, qui dépasse notre entendement, entretien notre respiration qui se fait sans notre intervention. De la même façon, il nous est très difficile de couper par la volonté notre respiration pendant plus de quelques instants. Cette force qui nous a donné le souffle vital, certains l’appellent Dieu, d’autres Allah, les croyants de l’école Jôdo, le bouddha Amida. D’autres encore n’ont jamais vraiment songé à ce miracle, et ne lui donnent aucun nom. Pourtant eux aussi respirent. Nous sommes tous, en quelque sorte, l’outil de cette force, qui respire à travers nous et qui manifeste la vie dans nos corps à chaque inspiration et à chaque expiration. Lorsque l’on devient complètement présent dans chaque respiration, pleinement conscient d’elle, cette force, ce grand mystère qui nous dépasse, cesse d’être une notion abstraite, une chose séparée de nous-même. Il n’y a plus de dualité entre nos deux existences, nous ne faisons plus qu’un avec elle. Respirer devient alors un véritable acte de foi, une prière, une incantation de louange à la vie. Il n’est plus besoin alors de réciter consciemment le nembutsu : il se récite tout seul à chaque souffle.” »
(p. 37-38)

Celle qui parlait avec les mains (p. 80-81)
Le combattant aux mains vides (p. 154-155)
Extrait court
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