Collection « Sillages »

  • Namaste
  • La 2CV vagabonde
  • Ísland
  • Habiter l’Antarctique
  • Cavalières
  • Damien autour du monde
  • À l’ombre de l’Ararat
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • Carpates
  • Âme du Gange (L’)
  • Pèlerin de Shikoku (Le)
  • Ivre de steppes
  • Tu seras un homme
  • Arctic Dream
  • Road Angels
  • L’ours est mon maître
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • Cavalier des steppes
  • Odyssée amérindienne (L’)
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborigènes
  • Diagonale eurasienne
  • Brasil
  • Route du thé (La)
  • Dans les pas de l’Ours
  • Kamtchatka
  • Coureur des bois
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Siberia
  • Sur la route again
  • À l’écoute de l’Inde
  • Seule sur le Transsibérien
  • Rivages de l’Est
  • Solitudes australes
  • Espíritu Pampa
  • À l’auberge de l’Orient
  • Sans escale
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Errance amérindienne
  • Sibériennes
  • Unghalak
  • Nomade du Grand Nord
  • Sous l’aile du Grand Corbeau
  • Au cœur de l’Inde
  • Pèlerin d’Orient
  • Pèlerin d’Occident
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Au vent des Kerguelen
  • Volta (La)
  • Par les sentiers de la soie
  • Atalaya
  • Voie des glaces (La)
  • Grand Hiver (Le)
  • Maelström
  • Au gré du Yukon
Couverture

Olivier Bleys, écrivain, le 6 février 2018 :
? Je tenais, par ce court message, à vous témoigner mon plaisir de lecture, et mon admiration plus spécifique pour la qualité de la traduction, la pertinence et la beauté de l’écriture dont le mérite, sans doute, revient à votre talent autant qu’à l’inspiration de Valentin Pajetnov.
Ce livre a stature de classique, et pourrait initier une école russe de
nature writing dont peu de pays, hors donc les États-Unis, peuvent offrir l’équivalent. »

Julia Breen, Le Courrier de Russie, le 16 juin 2017 :
L’ours est mon maître relève, a priori, de la plus stricte autobiographie. Quoique – à force d’empathie, d’observation et d’extrême sensibilité, Pajetnov le pêcheur-trappeur-soudeur-chauffeur-forgeron-biologiste-et-j’en-passe semble parvenir à entrer dans la tête de tous les êtres vivants qui le fascinent, des arbres aux grands prédateurs en passant par les pierres et les rivières – et à nous traduire leurs langages.
Pajetnov, c’est d’abord une vie passionnante, complète. Enfant de la Grande Guerre, garnement des rues du Sud russe, tous les grands choix de son existence ne sont guidés que par une passion dévorante, présente dès l’origine, irrépressible – celle de la liberté physique des grands espaces vierges. À l’époque de l’école, avide de connaissances mais rétif à l’autorité, aux règles et à l’hypocrisie de la société des hommes, les fugues solitaires en forêt sont une issue. “À chaque Russe sa rivière”, écrit l’auteur, qui en a eu lui-même quelques-unes.
Les grandes étapes de sa vie écrivent une géographie russe, des extrêmes au centre : pêcheur – et accessoirement ouvrier d’usine – dans les terres de son paisible Don natal, il se fait trappeur en Extrême-Orient, puis employé d’un sovkhoze de Sibérie – au fil du Ienisseï majestueux –, et enfin directeur de réserve et spécialiste des ours bruns en Russie centrale, sur le plateau de Valdaï – aux sources de la mère de tous les fleuves russes, la grande Volga. Car l’ancien cancre finit par s’y faire, à l’école – après avoir trop souvent éprouvé “amertume et déception” à l’issue de ses chasses, honteux de “tromper et enfreindre” l’ordre de sa si chère taïga. Décidé à étudier les animaux plutôt qu’à “prendre leur vie pour nourrir sa famille”, Pajetnov trouve à l’université un enseignant aussi passionné que lui – qui lui inspire sa recherche expérimentale sur la réinsertion des oursons orphelins dans leur habitat naturel. Et vérifie dans les livres toutes les connaissances empiriques acquises au cours de sa “vie primitive”.
Pajetnov, c’est tout le respect du chasseur pour sa proie, une attention à l’animal qui conduit à le connaître comme un proche – et à le traiter en égal. En expédition sur la rivière et en forêt, par nécessité, on sait tout faire. Comme l’ours, on bâtit soi-même son izbouchka de bois provisoire et ses garde-manger : abri suspendu ou “glacière” creusée dans le sol et emplie de glace. On construit ses barques et on tanne son cuir pour se faire des couvertures et des bottes, on tisse ses cordes et ses filets, on forge ses couteaux. Comme l’ours, on aiguise une intuition salutaire. Et cette vie vous initie aux caractères particuliers des bêtes : celles que l’on traque et celles avec qui l’on vit. Pajetnov décrit avec autant de justesse que de tendresse les “personnalités” de chacun : ce cheval qui connaît mieux la route que son cavalier et lui évite de sombrer dans les trous d’eau au dégel, cette vache rebelle, tantôt enfant sage tantôt “petit démon”, qui, au pâturage, fait littéralement tourner ses gardiens en bourrique, tel ou tel ours “brigand” et “bourlingueur”, tel autre “loup solitaire”.
La station biologique qu’il fonde après son expérience dans la réserve, auprès de sa “tribu” – sa femme, toujours à ses côtés, devenue biologiste elle aussi, spécialiste de l’alimentation des ours, et ses multiples enfants, petits-enfants et même arrière-petits-enfants –, est l’aboutissement de cette existence d’“homme des bois”. L’ancien chasseur qui se signait et demandait pardon à l’ours avant de tirer y recueille les oursons orphelins et les réintroduit dans la nature sauvage, s’efforçant de leur inculquer la peur de l’homme, cette “condition primordiale de leur survie”. Il y organise des camps de tourisme écologique, façon, aussi, de repeupler ces villages russes qu’il a vu se désertifier peu à peu. Il y vit serein, loin de l’État et de la “volonté malfaisante d’un ramassis de fonctionnaires”, loin des soubresauts de la grande histoire. Et quand il n’y a plus d’argent pour le moindre programme d’étude, dans les cruelles années 1990, on fait avec les moyens du bord et les bûcherons du coin sont ravis d’y aller de leur coup de main, parce que, définitivement, “les Russes aiment les ours”. Dans son centre Forêt pure, Valentin Pajetnov est enfin cette “mère ourse” pas comme les autres que toute sa vie semble l’avoir destiné à devenir.
Valentin Pajetnov, enfin, c’est un fait rare d’écriture. Son inspirateur Dersou Ouzala avait été conté par un autre ; Pajetnov, passionné de lecture dès l’enfance, parvient à écrire lui-même, avec talent, sa vie vraie. Des “mots justes” qui pourraient lui être venus par amour – la première fois qu’il a voulu raconter à sa femme, restée à la maison, sa forêt. Une écriture qui évoque immédiatement des images, des odeurs et des sensations, rythmée par dame nature en personne : alternance de lenteur et de vie qui s’emballe, mélange de répétition et d’imprévisibilité. La taïga se fiche du bien et du mal – elle est le théâtre d’une lutte perpétuelle pour la survie, où la mort, nécessaire, alimente de nouvelles naissances. Cette forêt “ne pardonne pas les erreurs” aux bêtes ni aux hommes ; elle prend la vie et la donne dans une mesure précisément égale, règne de l’équilibre et de l’harmonie, de l’éternel recommencement. Et Pajetnov est un patriote ardent de cette “forêt authentiquement russe”, vierge et préservée, originelle, “aux racines plongeant dans la terre et aux cimes pointées vers le ciel”. À la lecture de
L’ours est mon maître, on se dit que, décidément, les Russes descendent bien d’antiques géants des bois. Pajetnov et ses semblables, tous ces ermites païens qu’il croise au fil de ses rivières, frôlent régulièrement la mort. La vie avec, par et pour la forêt est assez dure pour engendrer des êtres naturellement sages, bons, honnêtes et simples. Dans ces communautés d’exilés et de fuyards, le courage, la solidarité, la vie saine et le respect d’un code d’honneur non écrit sont une simple condition de survie. On est généreux sans gaspiller, on a le sens du partage et de la fête sans outrance. On est tranquille comme qui vit attaché à ses racines. La route de Pajetnov est le chemin d’un amour qui s’impose comme une évidence : la liberté mène à la rivière, la rivière aux arbres – et les arbres aux hommes humbles, et à leur si précieuse amitié. »

Christine Fisset, lectrice, le 21 août 2017 :
? Alors c’est comme ça. On habite Bondy en Seine-Saint-Denis, muré dans son bitume et son béton, sauvegardé quand même par quelques arbres en bordure de son avenue. On ne connaît rien à la forêt sibérienne, ni à la chasse ni à la pêche. On n’a qu’une prédisposition très mince pour la vie sauvage. Et voilà qu’après la lecture de quelques pages de L’ours est mon maître, on se sent irrésistiblement captivé par l’univers sylvestre de Valentin Pajetnov. Sur les 498 pages du livre, aucune description de la nature qui entoure notre homme des bois – animaux, arbres, plantes, lumières – n’est jamais redondante. Pour parvenir à cette prouesse, on décèle très vite un homme qui a l’amour des mots, que la plume d’Yves Gauthier a su restituer dans toute leur pureté. On en a la confirmation à la lecture du parcours de vie de l’auteur. Car ce livre est d’abord une autobiographie. L’histoire d’un enfant indocile, attiré dès le plus jeune âge par la forêt et la vie libre qu’elle promet, puis d’un adolescent tenté par une autre forme d’indépendance, celle des jeunes délinquants, mais qui renonce à ce milieu, finalement incapable de vivre en autarcie grâce aux dons de la nature et qui reste tributaire de larcins quotidiens pour survivre. L’histoire enfin d’un homme qui se fait trappeur et pêcheur dans des sovkhozes successifs, assoiffé de connaissances intellectuelles et pratiques sur la nature sauvage, et affamé de littérature ! Les traits de caractère de Valentin Pajetnov se dessinent peu à peu à travers le récit : son humilité face aux règles de vie dans la taïga, comme face aux études à reprendre à l’âge adulte ; son inépuisable faculté de contemplation du monde naturel ; sa fascination devant la beauté des bêtes qu’il vient d’abattre, mêlée de tristesse et de remords ; son admiration face à la dextérité des hommes qu’il côtoie dans son travail – charpentiers, mécaniciens, vachers, simples paysans. C’est bien la somme astronomique de connaissances et d’expériences engrangées par notre homme qui le rend capable comme personne de reconstituer minutieusement, dans un suspense haletant, chaque instant de la traque puis de l’assaut, tantôt d’un ours, tantôt d’un loup, sur un élan, sans compter les portraits d’ours tels que “Scrogneugneu”, “Tête de paille”, “Le Moine”, truculents et saisissants de vérité, qui ne sombrent jamais dans un anthropomorphisme déplacé. C’est sans doute cette profonde connivence avec le monde animal qui lui fait apparaître, “comme un oiseau qui se pose”, sa future femme Svetlana, la première fois qu’il la voit. Et puis vient bien sûr le temps où la trappeur “change de camp”, en se mettant au service de la survie d’oursons orphelins, avec là encore un effacement de lui-même, afin de permettre la réintroduction réussie de ses protégés dans la vie sauvage grâce à une défiance de l’homme savamment entretenue chez eux. Un retournement auquel on s’attend depuis longtemps, mûri dans le secret du cœur de l’amoureux invétéré de la nature sauvage, qui sait entrer en osmose avec elle. Un mystère qu’il devient possible d’approcher par la magie de la lecture. »

Marie Chastel, auteur et graveur sur pierre, le 14 janvier 2017 :
? Immensité sauvage et extrême-orientale. Homme au caractère trempé. Animal mythique aussi attachant qu’effrayant? Infaillibles ingrédients qui vont me donner le goût d’entrer dans la vie de Valentin Pajetnov. Et je serai enchantée. Car cet homme au regard d’artiste et à l’esprit naturaliste va me réjouir par son écriture fine et limpide, par la beauté de ses mots poétiques et pourtant précis qui m’inviteront à le suivre, pas à pas, dans l’histoire de sa vie aussi peu convenue qu’elle est piquante et séduisante.
Magistrale leçon de vie et d’empathie offerte dans un langage imagé et coloré, où les mots diffusent une telle force de réalisme qu’ils embarquent le lecteur, lui permettent les sensations d’un véritable partage, un sentiment palpable de vécu.
Cet ouvrage est un émouvant hommage à la sylve indomptée, aux battements de son cœur sorcier et de son âme sauvage. Il est aussi chant de respect pour une humanité non conquérante, attentive et aimante. Une humanité qui a choisi – plutôt que de la servir – de composer avec la nature et ses trésors afin de participer à l’équilibre de notre monde en marche, notre terre tourmentée. Cette humanité-là, humble et sage, a décidé de mettre ses pas dans ceux de l’ours afin que longtemps encore nous puissions goûter à cette savoureuse liberté “qu’aucune bête sauvage n’échangera jamais contre un morceau de pain en cage, fût-il tartiné de miel” (p. 498).
Je tiens à remercier, outre l’auteur, le traducteur Yves Gauthier. Mieux que quiconque, il sait capter l’âme de ces récits venus des frileux confins extrême-orientaux. Là où les hommes et la nature se doivent de dialoguer. Là aussi où les uns comme l’autre sont si souvent dramatiquement spoliés par nos sociétés aveugles et irresponsables. Yves Gauthier a le don de traduire. Et au-delà des mots, il sait, avec délicatesse, conscience et probité, se faire l’interprète de cette si belle langue russe et le chantre d’une littérature édifiante devenue aujourd’hui et pour moi vitale. »


Noak Carrau, lecteur russophile, le 26 novembre 2016 :
? Je viens d’entendre grâce à vous une voix formidable, celle de Pajetnov. Voix de la forêt bien sûr, et de ceux qui l’habitent, mais surtout cette voix des humbles de l’URSS, qui savaient aussi avoir une vie bien plus joyeuse et solidaire qu’on ne l’imagine, malgré la répression. »

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