Collection « Visions »

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Couverture

Îles des Quarantièmes, Visions de navigateurs au long cours
Patrick Fradin


Patrick Fradin et Christophe Houdaille ne rêvaient pas de cocotiers ni de lagons mais d’icebergs et de régions isolées. Ils ont choisi le Grand Sud et, de l’Argentine à la Tasmanie, ont parcouru 10 000 milles dans les mers australes. Ils nous rapportent une vision contrastée, empreinte de nostalgie, de chacune des îles Subantarctiques. Aux Malouines, les moutons paissent à proximité des champs de mines. En Géorgie du Sud, où les éléphants de mer et les otaries sont les maîtres, les stations baleinières sont teintées de rouille et d’abandon. Bientôt l’île Bouvet s’évanouit dans les brumes tandis que les orques soufflent autour de l’archipel Prince Edward. Plus loin encore, les navigateurs côtoient le million de manchots qui colonise Crozet. Parvenu à Kerguelen, Saturnin leur permet de découvrir un archipel envoûtant. En quittant l’île Heard, les marins échappent au retour de l’hiver austral.
Durant leur périple à la voile, les deux coéquipiers ont bravé les éléments. Ce livre traduit leur connivence avec les milieux qu’ils ont abordés. Il constitue, dans cet environnement méconnu, une leçon de curiosité et d’intrépidité entre Quarantièmes rugissants et Cinquantièmes hurlants.

Avec une préface par : Émeric Fisset

« Adolescent, Christophe Houdaille rêvait de posséder un voilier. En vue de préparer le tour du monde qu’il a projeté, il parcourt les côtes bretonnes par tous les temps et sur divers types de bateaux. Pour construire le sien, Saturnin, il lui faut d’abord économiser de l’argent : le voici donc saisonnier agricole, employé d’une voilerie puis visiteur médical. Sa détermination est telle qu’il évite toute distraction, bannissant les loisirs et les dépenses inutiles. Enfin, il achète une coque et réalise lui-même les aménagements et la préparation de son cotre de 11 mètres.
Il rencontre Patrick Fradin, épris de photographie et de poésie. Patrick rêve de grands espaces et se passionne pour les régions polaires. Il démissionne de son emploi dans une banque et, quoique ignorant presque tout de la navigation, relève le défi en adhérant au projet.
Tous deux remplissent de vivres les cales de Saturnin et, âgés de 24 et de 23 ans, partent dans la plus grande discrétion. Leur équipement est complet, mais rudimentaire : ils n’ont pas de balise ni encore de chauffage ! Leur apprentissage de la navigation hauturière se fait dans l’Atlantique Nord, entre la France et Saint-Pierre-et-Miquelon, via la Norvège et l’Islande. Le froid et les tempêtes hivernales les endurcissent et les confortent dans leur choix : ils apprennent à se faire confiance et à se battre contre les éléments pour repousser leurs limites. Le barreur, de quart à l’extérieur par une température voisine de 0 Â°C, surveille la marche du bateau durant trois, quatre, voire cinq heures. Il essaye de tenir longtemps pour que son coéquipier se repose au maximum dans son duvet humide, où il dort parfois habillé afin de prêter main-forte en cas de nécessité. Combien de fois Patrick a-t-il dû s’exposer aux vagues déferlant sur le pont pour affaler un yankee à la proue ? À mains nues afin de crocher dans la toile lisse et claquante, il lutte pour la ferler puis se démène pour désendrailler chaque mousqueton avec ses doigts gourds. Combien de fois Christophe a-t-il dû recoudre la grand-voile dans la tourmente ou, à la chignole, réparer le hale-bas de bôme par un froid mordant, tandis que Saturnin s’ébrouait, impatient de repartir dans le vent ? Combien de fois ont-ils enduré le mal de mer – l’un tenant l’autre par les pieds pour que, à la gîte, il payât un tribut à Neptune – et, vidés, ont-ils poursuivi le combat en gardant leur sens de l’humour ?
C’étaient les risques et les aléas qu’il convenait d’affronter avant de visiter ces îles exceptionnelles des Quarantièmes rugissants et Cinquantièmes hurlants : un objectif à la mesure de leurs rêves. Ou à leur démesure ? »

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