Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture

Franck Oddoux, licencetowrite.com, le 23 février 2021 :
« Le petit bouquin pèse 82 grammes (avec le bouquet de post-it d’après lecture) sur notre balance : format refuge de montagne ? Une légèreté qui masque la densité des mots. C’est simple, tout y est dans ce livret : Cédric Sapin-Defour a réussi à faire entrer les peaux, les skis, le sac, les histoires, les sensations et surtout le bonhomme, homme montant/glissant qui gamberge. Le texte est écrit quasiment d’un jet, sans intertitres. Il ne se lit pas franchement d’une traite car il est riche et ce serait dommage de ne pas déguster correctement les multiples passages lumineux. C’est le type de bouquin où l’on s’arrête à chaque page pour noter l’un des aphorismes que l’on a envie de graver immédiatement sur ses spatules. En gros, il a couché sur le papier, avec talent, tout ce que le skieur randonneur a ressenti depuis sa première paire de peaux de phoques. Un exemple ? Le petit coup de griffes sur la digitalisation de nos sorties via GPS et autres applications (p. 26-27) : “Elles nous disent un peu trop quoi faire […] il nous devient difficile d’offrir des interstices à l’indécision et sans elle meurt l’imagination. […] En ski comme ailleurs, les beautés reposent dans le clair-obscur.”
Et p. 62 : “En montagne, Il faut savoir aller vite sans omettre de faire le point. Décider, c’est accepter de s’être trompé dix minutes avant, c’est avancer sur ce fin ruban entre convictions et certitudes ; ne pas assez croire aux premières ou trop aux secondes, voilà le terreau des accidents. […] On crève d’une société décidant pour nous à tout bout de champ, on en crève car l’on s’y fait. Ici, le seul responsable, c’est moi.” Un avant-dernier (p. 67) pour la route, que l’on adore, sinon on va finir par devoir payer d’exorbitants droits d’auteur ! On connaît tous ce genre de gars qui sont passés entre les gouttes, miraculés permanents : “…ne jamais mourir ne signifie pas que l’on ait eu raison : il est des skieurs dont la carrière n’a été qu’un chapelet de barakas et de fausses certitudes”.
Skieurs randonneurs, notre avis sur ce petit livre ? Il devrait être fourni avec la trilogie DVA, pelle, sonde. Une dernière petite phrase, piquée p. 47 : “Comme par hasard, au retour des sorties au grand air, nous trouvons des bribes de réponses à ces fichues questions que charrie l’existence.” »


Virginie Troussier, Montagnes Magazine n° 485, décembre 2020 :
« Lire. Et laisser le miracle opérer. C’est la neige qui s’invite chez nous. La pente, le sommet, la trace en Z, le silence, ça fend et ça glisse. Pour y rêver et s’y croire, s’en souvenir et s’y projeter, Cédric Sapin-Defour signe L’Art de la trace dans la collection “Petite philosophie du voyage” chez Transboréal ; ces livres qui éveillent cœur, muscles et cerveau. Toujours, Sapin-Defour a la pensée claire, l’œil et la plume aigus, chaque mot cible l’intime avec justesse, emportant bien au-delà du texte. Le skieur randonne, épris de liberté et de transcendance. Le livre ne se contente pas d’ouvrir les portes d’une pratique, il serpente dans les sensations pour en tisser une réalité intérieure, ménage des escales mémorables dans un présent brut, dont la respiration porte et construit. Ces souffles se cachent dans la préparation : “Trouver l’équilibre entre prescience et surprise est un art subtil. Se poser les bonnes questions mais ne pas attendre de réponse, portraire un idéal sans en refuser les aléas. La vie en somme” ; la perception : “C’est aussi cela traverser les montagnes en ski, c’est attendre qu’elles nous traversent” ; l’amplitude du mouvement : “C’est quelque chose de n’être en rien entravé dans ses déplacements. Où ailleurs cela est-il concevable sans empiéter, sans craindre ou sans nuire ?” ; la beauté : “[L]’hiver vertical a sa typographie” ; l’émotion : “Le sommet a ce pouvoir d’autoriser les émotions. Il est un lieu de troc. On s’y défait de nos pudeurs et l’on se saisit d’audace pour dire aux autres ce qui ailleurs, sottement, semble impossible. Un jour, nous serons partout courageux. On leur dit qu’on les aime, qu’on sera toujours là et qu’ils peuvent nous demander la lune. Si l’on est seul, on se promet aussi beaucoup.” La mélancolie nous gagne peu à peu dans cette échappée, quand le réel s’accélère ou s’égare dans la contemplation. L’écriture épouse la pensée vagabonde de l’écrivain montagnard et l’élan du skieur n’en finit pas d’avancer dans la saison qui s’étire. De ces randonnées qui s’achèvent un jour, il en restera ce texte qui offre une trace ici indélébile, comme un éloge immatériel, un paysage, un compagnonnage. “Nous nous retournons discrètement et nous mesurons comme le ski de montagne est là depuis tant d‘années, accompagnant fidèlement nos éphémérides. Il nous a causé quelques lourdes peines mais si souvent couvert de baumes attentionnés.” Il faut beaucoup aimer le ski pour dessiner si fascinant et amoureux témoignage, et l’explorer avec tant de tendresse. »

Johanna Nobili, Carnets d’aventures n° 62, janvier-mars 2021 :
« Ceux qui apprécient déjà la plume de Cédric (découverte par exemple à travers ses Espresso) la retrouveront intacte. Les amateurs de la “Petite philo” seront, eux aussi, comblés. Mais point besoin de connaître l’une ou l’autre pour se laisser délicatement emmener. Cette collection donne la parole à des auteurs qui apportent, sur un sujet qui leur tient particulièrement à cœur, des éléments de réflexion assortis d’expériences personnelles. À travers la pratique du ski de randonnée, Cédric évoque son attachement indéfectible à la montagne, ce qu’elle suscite en nous et le rôle qu’elle joue dans nos vies. Nous permettre d’entamer un dialogue avec la nature en est un exemple.
“L’idée de dialogue avec la nature est fascinante, voilà l’essence de nos badinages au grand air. Tracer un itinéraire dans la neige suggère de réapprendre à regarder autour de soi, du ciel au sol. On dit de nos vies qu’elles sont hyperconnectées mais nous avons perdu la plus flatteuse des connexions, alors nous reprenons avec la nature un dialogue oublié.” Collez vos peaux, ouvrez vos chakras, et préparez-vous à tracer ! »


Patrick Juignet, www.paysdeneige.fr, le 30 novembre 2020 :
« Dès la première ligne du livre, je me suis reconnu. “Être là. Partir tôt, que la journée soit longue ; mais pas trop, l’hiver, aimable, tolère les dormeurs.” Bien sûr, il s’agit d’abord pour le randonneur d’être là, présent à la promesse d’une nouvelle journée. Trouver la bonne heure du départ est l’éternel dilemme. Pas trop tôt, sinon la neige n’aura pas décaillé à la descente. Non, surtout pas trop tôt, pour moi, dont la paresse sommeilleuse sera un handicap pour la journée. Pas trop tard non plus, car on ne sera pas dans le bon timing. Habillé, réveillé (dans ce ordre), il faut “mettre ‘ses’ peaux qui ne sont pas les nôtres”, quoique, quand même un peu, car celles du voisin n’iront probablement pas.
“Se mettre en marche. En glisse. Paisiblement excité.” Excité, oui, de l’aventure qui commence, de ce que l’on va découvrir, ou pas… si le brouillard tombe. Alors ce sera une autre aventure ; rentrer au plus vite, ne pas se perdre, retrouver la chaleur. “Allonger d’emblée le pas et régler sa taille pour tout le jour.” Mais certains ne trouvent leur rythme qu’après un bon échauffement. Pour ceux-là, dont je fais partie, le mot “boulet” ne tardera pas à se murmurer en rigolant parmi les premiers.
“Au départ d’une sortie, la première personne à qui on parle s’appelle la neige. La terre du skieur est blanche, cachée des ses os, charnue et adoucie. Du blanc à perte d’idées.” Les idées (noires) étant perdues, d’autres viennent, blanchies par la neige. On est là pour elle, pour sa blancheur, pour son “froissement tout plaisant”, pour le silence quelle amène en absorbant les bruits. Son manteau, en recouvrant le chaos des roches forme “les géographies de l’hiver, silencieuses, ouatées”.
En allant à sa rencontre, du début jusqu’à la fin de la journée, la même interrogation revient : comment est-elle ? La déesse neige sera-t-elle clémente et douce, rude et glacée, ou dangereuse à en mourir. Pour le savoir, on consulte obligatoirement ses oracles : le bulletin nivologique par rapport aux risques d’avalanche et le bulletin météorologique par rapport aux intempéries prévisibles.
La porte de la maison franchie, le skieur des montagnes “épie les signes. Ceux des précédente neigées qui présagent de la suite plus haut, plus tard . Ses skis aux premières glissées par leur frottement lui en diront plus encore, jusqu’à lui réciter l’hiver.” Il écoute ce que chuchotent à ses oreilles le crissement de ses pas, le froissement des skis. Il scrute avec intensité les nuances de blanc pour évaluer les signaux de la déesse : par ici, pas par là, stop danger.
Si ça croule, il la tâte la neige de son ski, l’ausculte même, pour en apprécier la consistance et évaluer la tenue et, au besoin, fait demi-tour. Cette forme d’expertise vient d’un apprentissage lent et prudent mais toujours incertain. Dans le milieu, chacun connaît des gens expérimentés qui ont disparu. Quand on sait trop bien, on en oublie les alertes et “c’est à ce moment que la mort se lèche les babines”.
Dure, gelée, poudreuse, cristalline, gros sel, pulvérulente, froide, lourde, soupe, tassée, croûtée, croûtée cassante, avec des grattons, ventée, frittée, en plaque, accumulée, transformée, en corniche, les noms et adjectifs ne manquent pas. Selon le cas, le skieur adapte sa posture et ses manières. La neige, en montagne, ça se respecte.
Trouver la bonne neige, c’est tout un art. C’est un art de la conversation : il faut avoir parlé avec ses connaissances, pris avis de ses collègues et amis passés par là, il y peu. C’est s’appuyer sur l’expérience des années passées : on sait que là dans telles conditions, à ce moment de l’année, c’est dans cette combe qu’elle sera bonne, simplement posée, attendant nos spatules. “Cet apprentissage fera d’eux de fin démêleurs. Ils éprouveront le doux plaisir de passer au bon endroit, au bon moment et, cela, les livres en l’enseignent pas.”
Comment nommer la pratique de la randonnée à ski ? “J’ai une tendresse pour ski de montagne”, dit Cédric. Lorsqu’il est de “haute montagne”, c’est encore mieux ; un peu plus austère, un peu plus glacé, un peu plus bref aussi. L’autre ski, c’est le ski de piste. Il « grignote notre espace jusqu’à le dévorer, polluant nos inspirations et nos soifs de silence ». Ces riders sur boulevards balisés « gigotent en musique et font des pirouettes » dans leur fringues à la mode et leurs skis de freeride-all-mountain-super-shape, tout-en-anglais. Qu’on ne s’y trompe pas, aucune critique du ski sur piste ! Mais de la massification-industrialistion-pollution-commercialisation-infantilisation qui l’accompagne.
Que fait-on en s’échinant dans les montagnes avec ses peaux ? S’il s’agissait de s’y déplacer, ce ne serait que lenteurs, contraintes et difficultés. Pour le “skieur alchimiste” – quel beau terme, je l’adopte ! –, c’est tout autre chose. Il tente la conjonction du rêve et de la réalité, il opère la transmutation “d’un projet en souvenir, d’un rêve en mémoire, d’un homme en un autre homme. Elles sont là les vertus magiques de nos itinéraires à skis, nos existences pas à pas s’y façonnent et nous n’en sortons pas tout à fait les mêmes.” Ces escapades peuplent nos mémoires d’images remaniées, enjolivées dira-t-on (avec raison), mais déjà, sur place, la transformation était en cours : les déserts blancs et rochers glacés ont formé sous nos yeux leurs images d’Épinal.
Pour moi, il serait bien inutile de se lever le matin, de transpirer et d’avoir mal aux cuisses, sans l’espoir d’un instant de beauté, de conjonction avec l’idéal. Certains méprisent avec ostentation cette esthétique. “Dans l’histoire de l’humanité, comme dans le développement de l’individu, l’apparition du sentiment esthétique témoigne de la première attitude désintéressée” (Robert Lenoble). Certains y sont étrangers et même hostiles. Les durs à cuire y rechignent, ils veulent de l’itinéraire, du détail altimétrique, du dénivhoraire, du freeride à mach 2 dans la grosse pente, de la performance, du dry-ski dans le raide. Ceux-là vont dré dans l’pentu, patrouillent au GPS et vadrouillent au ski-carbone. Chacun voit midi à sa neige.
En ski on glisse, à la descente comme à la montée. L’avantage c’est que “la glisse ne heurte rien et molletonne l’existence, douce sensation d’un sol en mouvement sous nos pieds, sans que nous y soyons pour beaucoup. Et le silence. Il vient parfaire la recette. Silencieux, présent à l’environnement naturel, une vacuité s’installe. “Un vent de spiritualité païenne souffle sous le bonnet fumant.” L’esprit apaisé par le rythme cotonneux du silence blanc, la magie opère : une méditation muette et heureuse s’installe, entrecoupée de pensées vagabondes.
Sur la beauté, sur le silence, sur la méditation, ceux qui vous en dirons le plus ne sont pas les “riders”, mais les alchimistes-écrivains-poètes-peintres-photographes du ski, ceux qui savent traduire l’émerveillement ressenti, une fois laissés au vestiaire l’itinéraire et le matos. Ils vous diront tout le bonheur de “la trace faite sur une neige froide, un soleil rasant d’hiver, l’effort ranimant timidement nos corps à frissons, du blanc bleu hellénique partout autour” et la “nature hivernale chuchotant à peine”.
Dans la montagne enneigée le passage laisse une trace éphémère. “Nous pouvons passer des heures à tracer la face d’une montagne et, en quelques minutes de flocons décidés, elle disparaît . Qu’il est bon de louvoyer dans les montagnes sans que ça se sache, aidé par un ciel complice qui, dès notre passage remet un peu de blanc sur cette journée dont on en arrivera à se demander si elle était réelle… et …c’est comme si quelque cristaux d’eau gelés faisaient de nos vie des chimères délicieuses.”
Après nous avoir enveloppé quelques heures de ses soieries ouatées, ou giflé de ses bourrasques, la neige nous montre comment l’environnement naturel joue son rôle : elle renouvelle, remet à neuf le paysage. On a la satisfaction d’être passé et de n’avoir rien gâché, rien sali, rien détruit. Après nous, tout sera comme à l’aube du premier jour. C’est, en acte, une philosophie du respect.
Le skieur montagnard vit au rythme des saisons. Il suit, au fil des mois, les transformations de la montagne. Il scrute ses changements, depuis le refroidissement automnal du sol, jusqu’aux vagues de chaleurs de l’été, qui lui ravissent ses derniers espoirs et font reverdir le paysage. “Des premières chutes froides aux névés résistants, nous observons ce temps qui passe comme un souffle et nous tentons, en célébrant chaque journée, d’un peu le retenir.”
Voilà, j’ai paraphrasé – et même un peu brodé. Merci à Cédric de m’avoir inspiré.
Ami, adepte du ski de montagne, lis le livre de Cédric, ce petit manuel du skieur-alchimiste sera un bon compagnon de soirée pour longtemps. »

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