Déployer la carte :
« D’un projet en souvenir, d’un rêve en mémoire, d’un homme en un autre homme. Elle est là, la vertu magique de nos itinérances à skis, nos existences pas à pas s’y façonnent et nous n’en sortons pas tout à fait les mêmes. Ni élevés ni avilis, différents. Ça n’est que se déplacer sur le blanc, cette chose, partir du plat vers le pointu mais finalement ce mouvement œuvre allègrement au tri des essentiels, aiguise notre sensibilité au monde et forge qui nous sommes. Un mystérieux mélange de légèreté et de profondeur. Cela se fait sans que nous le provoquions. Nous nous immergeons dans les massifs, petit à petit, ces visites opiniâtres nous modèlent et ces élégantes leçons percolent jusqu’au reste de nos vies, ailleurs et au-delà du ski. Les skieurs de randonnée, en réalité, transforment un simple geste dans la neige en un tas d’autres cinétiques fondamentales. De ces êtres qui métamorphosent une matière en une autre. Et s’il était celui-là, le juste terme ? Des skieurs-alchimistes.
Vient l’instant où l’on déplie la carte.
On ouvre une carte comme on le dirait d’un bal ou de l’esprit. Elle peut être du monde ou faire d’un centimètre 250 mètres, c’est pareil après tout : une invitation.
Tous les voyages commencent ainsi, le regard posé sur un paysage aplati et les fourmis dans les jambes. Le ski n’échappe pas à cette délicieuse impatience. On débarrasse une table assez grande pour déployer entièrement la carte ; l’heure n’est pas aux limites et nos envies, comme par hasard, sillonnent toujours ses pliures. »
Un massif de prédilection (p. 27-29)
Ni oisiveté ni utilité (p. 45-47)
Extrait court
« D’un projet en souvenir, d’un rêve en mémoire, d’un homme en un autre homme. Elle est là, la vertu magique de nos itinérances à skis, nos existences pas à pas s’y façonnent et nous n’en sortons pas tout à fait les mêmes. Ni élevés ni avilis, différents. Ça n’est que se déplacer sur le blanc, cette chose, partir du plat vers le pointu mais finalement ce mouvement œuvre allègrement au tri des essentiels, aiguise notre sensibilité au monde et forge qui nous sommes. Un mystérieux mélange de légèreté et de profondeur. Cela se fait sans que nous le provoquions. Nous nous immergeons dans les massifs, petit à petit, ces visites opiniâtres nous modèlent et ces élégantes leçons percolent jusqu’au reste de nos vies, ailleurs et au-delà du ski. Les skieurs de randonnée, en réalité, transforment un simple geste dans la neige en un tas d’autres cinétiques fondamentales. De ces êtres qui métamorphosent une matière en une autre. Et s’il était celui-là, le juste terme ? Des skieurs-alchimistes.
Vient l’instant où l’on déplie la carte.
On ouvre une carte comme on le dirait d’un bal ou de l’esprit. Elle peut être du monde ou faire d’un centimètre 250 mètres, c’est pareil après tout : une invitation.
Tous les voyages commencent ainsi, le regard posé sur un paysage aplati et les fourmis dans les jambes. Le ski n’échappe pas à cette délicieuse impatience. On débarrasse une table assez grande pour déployer entièrement la carte ; l’heure n’est pas aux limites et nos envies, comme par hasard, sillonnent toujours ses pliures. »
(p. 21-23)
Un massif de prédilection (p. 27-29)
Ni oisiveté ni utilité (p. 45-47)
Extrait court