Oser inviter :
« Les accords étouffés, lointains mais distincts, d’un tango qui semble sortir de l’entrebâillement des portes, se faufilent sur le trottoir. Fin comme le sable du désert, le souffle mêlé des violons et du bandonéon me parvient, et je presse le pas, pris par l’excitation du bal et de la danse, avide de rejoindre l’arène de la piste, pour éprouver cette fusion charnelle. J’ai les mains déjà moites, le corps tout chaud, les pensées qui, sans plus rien savoir de la pensée, se promènent au gré de mon abandon dans ces contrées où tout le monde tourne en rond.
Être deux pour danser. Dans la tradition, une femme et un homme. Mais de quelle tradition s’agit-il et comment s’y retrouver ? Comme tous les prétendants aux jouissances du bal, je suis seul avec mon envie d’inviter. Ce n’est pas facile à supporter, mais en même temps, si je la supporte, c’est qu’elle résulte d’une tension. Seul, et aller danser. Arriver. Et regarder. Repérer et attendre. Attendre le bon moment. Attendre l’instant, se représenter la danse qui suivra. Attendre, mais la proie n’est pas l’autre, c’est moi. Moi qui me désigne aux yeux de tous comme attendant l’autre qui acceptera de danser. Se lever, y aller, s’engouffrer, faire de ce désir la projection d’une réalité, et aller avec les autres là-bas qui tournent dans le bal. Certains ferment les yeux. Tous bougent dans le même sens, avec presque la même intensité rythmique. »
Une jouissance et une intimité plus fortes que dans l’amour (p. 14-17)
Plus compliqué qu’il n’y paraît (p. 74-77)
Il n’y a pas d’âge pour le tango (p. 87-89)
« Les accords étouffés, lointains mais distincts, d’un tango qui semble sortir de l’entrebâillement des portes, se faufilent sur le trottoir. Fin comme le sable du désert, le souffle mêlé des violons et du bandonéon me parvient, et je presse le pas, pris par l’excitation du bal et de la danse, avide de rejoindre l’arène de la piste, pour éprouver cette fusion charnelle. J’ai les mains déjà moites, le corps tout chaud, les pensées qui, sans plus rien savoir de la pensée, se promènent au gré de mon abandon dans ces contrées où tout le monde tourne en rond.
Être deux pour danser. Dans la tradition, une femme et un homme. Mais de quelle tradition s’agit-il et comment s’y retrouver ? Comme tous les prétendants aux jouissances du bal, je suis seul avec mon envie d’inviter. Ce n’est pas facile à supporter, mais en même temps, si je la supporte, c’est qu’elle résulte d’une tension. Seul, et aller danser. Arriver. Et regarder. Repérer et attendre. Attendre le bon moment. Attendre l’instant, se représenter la danse qui suivra. Attendre, mais la proie n’est pas l’autre, c’est moi. Moi qui me désigne aux yeux de tous comme attendant l’autre qui acceptera de danser. Se lever, y aller, s’engouffrer, faire de ce désir la projection d’une réalité, et aller avec les autres là-bas qui tournent dans le bal. Certains ferment les yeux. Tous bougent dans le même sens, avec presque la même intensité rythmique. »
(p. 11-12)
Une jouissance et une intimité plus fortes que dans l’amour (p. 14-17)
Plus compliqué qu’il n’y paraît (p. 74-77)
Il n’y a pas d’âge pour le tango (p. 87-89)