Tel Robinson :
« Vivre un mois sur une île déserte de l’archipel des Perles, au Panamá, ne fut pas pour moi un divertissement mais une école de la nature. Quand j’avais soif, je longeais la plage jusqu’à trouver une noix de coco encore verte. Je l’ouvrais d’un coup de machette en prenant soin de ne pas me blesser – ici, l’ambulance ne serait pas venue me chercher. Mais puisqu’on ne peut survivre de la seule noix de coco, je devais pêcher, ce qui redonna du sens à la vie animale. Cette expérience fut un retour à la simplicité. J’y redécouvris aussi les vertus du farniente au soleil après une tempête tropicale. J’y goûtais un temps lié au réel, comme jadis, un temps d’avant les montres et les horloges, un temps long et enrichi de l’incroyable privilège de l’ennui. Après avoir admiré la forme des nuages, les motifs dus à la pluie à la surface de l’océan ou les variations de couleurs du soleil couchant, j’ai tourné mon regard vers l’intérieur, mettant ainsi fin à la diversion. Je me suis retrouvé face à ma personnalité, j’ai constaté la distance qui me séparait de ce moi profond, une distance que le silence de la nature permet heureusement de franchir. Je me suis ainsi rapproché de moi-même ; j’eus alors envie de fêter ça, de partager cette histoire au coin du feu, de danser sous la pluie, de chanter en chœur? Pas pour me divertir mais pour mettre en commun le bonheur retrouvé. »
Chemins de traverse (p. 15-17)
Construire un feu (p. 62-64)
Naître une seconde fois (p. 75-77)
« Vivre un mois sur une île déserte de l’archipel des Perles, au Panamá, ne fut pas pour moi un divertissement mais une école de la nature. Quand j’avais soif, je longeais la plage jusqu’à trouver une noix de coco encore verte. Je l’ouvrais d’un coup de machette en prenant soin de ne pas me blesser – ici, l’ambulance ne serait pas venue me chercher. Mais puisqu’on ne peut survivre de la seule noix de coco, je devais pêcher, ce qui redonna du sens à la vie animale. Cette expérience fut un retour à la simplicité. J’y redécouvris aussi les vertus du farniente au soleil après une tempête tropicale. J’y goûtais un temps lié au réel, comme jadis, un temps d’avant les montres et les horloges, un temps long et enrichi de l’incroyable privilège de l’ennui. Après avoir admiré la forme des nuages, les motifs dus à la pluie à la surface de l’océan ou les variations de couleurs du soleil couchant, j’ai tourné mon regard vers l’intérieur, mettant ainsi fin à la diversion. Je me suis retrouvé face à ma personnalité, j’ai constaté la distance qui me séparait de ce moi profond, une distance que le silence de la nature permet heureusement de franchir. Je me suis ainsi rapproché de moi-même ; j’eus alors envie de fêter ça, de partager cette histoire au coin du feu, de danser sous la pluie, de chanter en chœur? Pas pour me divertir mais pour mettre en commun le bonheur retrouvé. »
(p. 59-60)
Chemins de traverse (p. 15-17)
Construire un feu (p. 62-64)
Naître une seconde fois (p. 75-77)